Isabelle Saladin : « Chez les Rebondisseurs Français, les entrepreneurs ne sont pas en échec, ils sont en rebond ! »

décembre 13, 2021

Isabelle Saladin est la Présidente de l’association Les Rebondisseurs français, créée en 2018, à la suite du constat que les entrepreneurs n’étaient pas accompagnés dans leur rebond. Aujourd’hui forte de son expertise métier, de son nombre croissant d’adhérents et des valeurs qu’elle véhicule, l’association tend à toujours plus d’initiatives pour aider les entrepreneurs à rebondir.

1- Isabelle, pouvez-vous nous expliquer les fondements des Rebondisseurs français ?

Bien sûr (sourire) ! On a créé l’association Les Rebondisseurs français à 4 entrepreneurs, en parallèle de nos entreprises respectives. Non pas que nous n’étions pas assez occupés… (rires)… mais parce qu’on s’est vite rendu compte que les entrepreneurs n’étaient pas aidés par l’administration française en cas de difficultés pouvant mener à terme au dépôt de bilan.

A chaque fois qu’il y avait un sujet d’échec, de pivot ou de signaux faibles qui arrivaient, nos homologues se renfermaient sur eux-mêmes, restaient seuls, s’isolaient. D’ailleurs, on s’est rendu compte qu’ils étaient généralement montrés du doigt et que c’était quelque chose de très culturel. De très français.
J’ai passé 1/3 de ma vie outre Atlantique et je peux vous assurer que leur point de vue sur cette question est complètement différent. Chez eux, les rebonds, les signaux faibles et les échecs sont valorisés. Et de façon incroyable, puisqu’ils appellent ça l’expérience (sourire). Pour eux, si tu n’as pas rebondi, tu n’as pas appris ! A tel point que les personnes qui ont planté leur entreprise sont recrutées à prix d’or.

Donc nous nous sommes dit que ce n’était plus possible de réagir de cette façon en France.

Mais quand vous dites « planté », vous sous-entendez le dépôt de bilan ou des erreurs stratégiques ?

Les erreurs représentent 3 000% du temps d’un entrepreneur (rires). Comme on dit : «Il n’y a que ceux qui ne font rien, qui ne font pas d’erreur.»

Se planter, pour moi, peut prendre différentes formes : une idée qui ne trouve pas son marché, un modèle économique sur lequel il faut soit faire un gros pivot, soit faire un dépôt de bilan
C’est en ce sens que je l’entends.

2- Donc la création de cette association est partie d’un constat général sur la situation des entrepreneurs ?

Exactement ! Et d’un besoin que nous-mêmes avions. Pour nous, il était essentiel d’arrêter ces stigmates. Nous passons à côté d’une valeur économique très forte pour notre pays. Si l’on veut entreprendre et être un pays qui entreprend, il est indispensable de regarder la réalité en face. Mais le plus dur reste de faire changer les mentalités.

Pour nous, la création d’un grand groupement, d’une association qui permet de libérer la parole, qui se positionne en amont de l’échec pour valoriser les entrepreneurs et anticiper les signaux, était une évidence. L’essentiel était d’aider à rebondir : conseils d’avocat gratuits, comptabilité à tarif préférentiel, assurances et autres outils pratiques… Ceci dans toutes les régions, et avec un ancrage national.

Le but de ce projet était de permettre aux entrepreneurs confrontés à des difficultés ou anticipant des difficultés de ne pas se cacher, de trouver des solutions, de partager sans tabou avec leurs pairs.

3- Le nom de l’association est porteur de sens. Mais qu’est-ce que rebondir au final, pour un entrepreneur ?

Après la phase de compréhension et de conscientisation de l’échec, rebondir demande de prendre ce que l’on vit comme une expérience, de remonter à cheval. C’est que veut faciliter notre communauté qui compte aujourd’hui plus de 1 000 personnes en France, grâce au partage d’expériences entre entrepreneurs – ceux qui ont déjà connu l’échec et souhaitent sensibiliser leurs pairs, ceux qui sont en phase de rebond et des plus novices qui viennent en amont d’un éventuel échec.

On est avant tout dans la « prévention ». L’association des Rebondisseurs français est un outil, en amont du système, qui veut démocratiser l’échec et montrer que le rebond fait partie intégrante de la vie d’un entrepreneur. Sinon, il ne faut pas entreprendre !

Du coup, quelles actions mettez-vous en place pour démocratiser l’échec ?

Je dirais même que nous valorisons le rebond (sourire) ! L’échec fait partie de la vie. Il n’y a pas d’entreprise sans échec. Parce que valoriser le rebond, c’est ça qui a de la valeur.

Les Rebondisseurs Français le met en avant, à travers une variété d’actions : la libéralisation de la parole via plusieurs leviers (le site web, les réseaux sociaux, la communauté…) ; la mise en avant de portraits d’entrepreneurs qui racontent leurs parcours, sans tabou et sans langue de bois ; la mise à disposition d’outils pour anticiper les signaux faibles ; des clubs en région pour être au plus près du terrain. Ça, ce sont les principaux piliers de l’association.

4- Quelles sont les nouvelles initiatives que vous allez mettre en place pour 2022 ? Peut-Être post-Covid ?

Suite à la Covid, nous avons mis en place plusieurs mesures. Surtout du lien et des temps de questions/réponses car les entrepreneurs avaient besoin, à ce moment-là, d’avoir des informations claires et précises.

Pour 2022, nous accentuons nos partenariats avec des entreprises en recherche de talents. L’idée ici, est de permettre aux entrepreneurs de rebondir grâce à l’emploi. Nous mettons donc en avant des jobs et mettons en relation les entreprises avec nos entrepreneurs aux softkills hors normes.

https://entreelleswebzine.com/entreelleswebzine.fr/echec-et-erreur-des-amis-de-l-entrepreneure/

5- Selon vous, l’échec d’un entrepreneur est dû à quoi ? Est-ce que ce terme d’ailleurs, est correct ? Doit-on l’employer à tout va ?

C’est une très bonne question. C’est très personnel, je pense.

Avant tout, connaissez-vous la vraie définition du mot « échec » ? On me la faite découvrir, il y a à peine 1 an et demi (rires). En vrai, l’échec est un mot arabe qui signifie « Roi ». À la base, rien à voir avec l’échec mais là encore, on voit que nous galvaudons ce terme. Dans notre culture et dans notre civilisation, le terme « échec » signifie « ne pas réussir à ».

À partir de là… chacun peut y mettre tout ce qu’il veut. Notamment, ce qu’on avait prévu de faire mais qu’on n’a pas réussi à faire. Ici, on comprend que la notion d’échec est très large mais surtout, qu’elle est personnelle, subjective.

Et ce n’est pas grave. La culture veut que ce terme soit dur mais, pas pour moi. C’est surtout ce que l’on en fait qui compte. Pour moi, échouer ne signifie pas « ne pas se relever ». Au contraire !

6- Si vous aviez un conseil à donner à nos lectrices et à nos entrepreneures, qu’est ce que vous leur diriez ?

De ne pas avoir peur de rebondir : être entrepreneure, c’est connaître une succession de rebonds. Et malheureusement, si les entrepreneures ne sont pas prêtes à cela, alors mieux vaut ne pas se lancer. Après tout, ce n’est pas parce qu’on ne crée pas une entreprise qu’on n’est pas quelqu’un de bien. Aujourd’hui, entreprendre est à la mode. Pourtant si l’on compare d’autre métier tel que chirurgien, nous ne sommes pas nombreux à pouvoir dire que nous pourrions l’exercer. Est-ce que je suis moins bien, pour autant, qu’un chirurgien ? Je ne pense pas.
Dons si l’on n’est pas prête à rebondir, à vivre une aventure avec des remous tout le temps, c’est que l’on n‘est pas faite pour ça. Et surtout, que l’on sera meilleure ailleurs. C’est important d’intégrer le fait que l’entrepreneuriat est une succession de rebonds et qu’il ne faut pas en avoir peur ! L’entrepreneure compose avec les rebonds.

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