Guilaine Robin est une entrepreneure de Meurthe-et-Moselle, aux multiples facettes. Créative dans l’âme, elle propose d’aider ses clientes à comprendre le « No code » et à gagner en autonomie dans l’utilisation de cet outils de création numérique accessible, pour construire des solutions sur mesure.
1- Guilaine, qu’est-ce que le “No code” ?
Le “No code” est un principe qui permet de concevoir des solutions numériques avec de la programmation visuelle. Nous ne sommes donc pas dans de la programmation “classique” qui nécessite d’être réalisée en langage Java ou Script ou CSS… Ici, tout fonctionne avec des montages de blocs (donc visuels) pour obtenir le résultat que l’on cherche.
Qu’est-ce que tu entends par “code visuel” ?
Aujourd’hui, nous avons des sites fournisseurs qui proposent de construire des sites web de manière simple et intuitive, en déplaçant de simples blocs visuels, par exemple, ou en automatisant l’ensemble. Ce sont des outils que l’on appelle “No code”. Ils permettent de construire sans aucune connaissance en code. Ainsi, les utilisateurs peuvent créer des interfaces variées (mobiles, sites, applications…) avec une base de données qui centralise toutes les informations à moindres frais.
Pour les utiliser, pas besoin d’être un geek ou de passer des heures à se former sur le code. Attention, je ne suis pas en train de dire que cela est facile. Je dis juste que nous n’avons pas besoin d’être développeur web pour y arriver (sourire). Il y a quand même une certaine logique à comprendre et un moment d’apprentissage pour maîtriser le langage, la structure et le glossaire. Mais dans l’ensemble, c’est accessible.
2- En quoi tes carrières de musicienne et d’ergonome sont-elles compatibles ? C’est quand même antithétique au premier abord.
(Rires) C’est vrai que l’on a tendance à opposer la musique pour sa créativité et l’informatique pour son côté très cartésien. Au final, et même si l’informatique est très binaire, la démarche est créative et digitale. L’imaginaire et la visualisation sont des éléments très importants dans le processus final.
Lorsqu’on fait de la musique, c’est la même chose. Bien que créative, elle est super cartésienne et logique. Toute la conception musicale est très structurée. Donc je dirais que le lien entre la musique et l’informatique est la créativité. On joue avec la structure cartésienne pour avoir un résultat créatif.
Après, bien sûr, cela dépend des appétences de chacun. Certains préfèreront ne faire que du code, quand d’autres préfèreront réfléchir à la phase de créativité… . Quand d’autres encore, comme moi, préfèreront faire les deux (rires).
3- Que cherches-tu à démontrer à tes clientes par cette méthode ?
Je veux leur démontrer qu’avec des outils simples et accessibles, on peut réaliser de belles choses. Le “No code” est à la portée de toutes. Il est peu cher en plus. Il permet surtout, de créer son propre outil sur mesure de gestion d’activité, d’être autonome et de garder le contrôle. Avec un bon guide et un bon apprentissage, les clientes peuvent construire ce qu’elles veulent en un rien de temps (sourire).
D’autant que lorsqu’on se lance, il y a beaucoup de charges à prendre en compte. La création d’entreprise coûte cher. Les plateformes de “No code” proposent alors des systèmes de gestion facilitants et facilités pour les petites structures.
4- Finalement, tu mêles le cartésien à la créativité ?
Oui, c’est ça. Je veux leur faire comprendre que le “No code” leur est complètement accessible. Je veux les aider à gagner du temps pour qu’elles se concentrent sur l’essentiel de leur métier. Aussi, je les aide à mettre en place des outils pour qu’elles soient plus efficaces. Le tout, sans avoir à programmer quoi que ce soit.
Je vois trop d’entrepreneures solos qui “galèrent” dans leurs tâches quotidiennes. Elles ont énormément de compétences mais se perdent dans la gestion de leur activité. J’ai donc envie de les aider à comprendre leur écosystème et à développer des solutions efficaces, avec des outils peu chers et accessibles.
Personnellement, c’est quelque chose qui m’a manqué dans mon parcours. À chaque fois, que ce soit dans mon parcours scolaire ou dans ma vie professionnelle, on m’a plus découragée qu’aidée. Même encore aujourd’hui, l’aide se fait rare. Alors j’ai eu envie d’aider les autres pour leur éviter les galères que j’ai connues.
5- Est-ce que tu dirais que la société a tendance à stigmatiser les parcours “atypiques” ?
Oui, totalement. Même si aujourd’hui on en parle plus librement, les parcours “atypiques” ne sont pas simples à caser dans une norme. Les entreprises ne privilégient pas les parcours riches en compétences mais bien les diplômes. C’est dommage !
On ne nous aide pas à réfléchir à ce que l’on veut vraiment. On nous stigmatise encore ou on nous met dans des cases sur des métiers en tension. On n’encourage pas assez le bien-être professionnel de la personne. Pourquoi n’aidons-nous pas les gens à s’épanouir ?
Ajoutez à cela les stéréotypes, et vous n’en sortez plus. Le “No code”, par exemple, est un domaine plus “féminin” que le développement web. Il faut quand même le souligner (sourire) ! Cependant, il subsiste encore des difficultés. Le genre, le parcours, les envies… Autant de sujets sur lesquels nous devons évoluer.
6- Justement, si tu avais un conseil à donner à des femmes entrepreneures qui ont souvent un profil atypique, qu’est-ce que tu leur dirais ?
De ne pas laisser tomber tant qu’elles n’ont pas essayé : croire en son projet est la base de la réussite. Ce n’est pas facile car nous ne sommes pas tout le temps encouragées, ni même soutenues. Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir le soutien de ma famille dans tout ce que j’ai pu entreprendre. C’est ce qui m’a permis d’avancer. Si elles y croient assez fort, elles iront jusqu’au bout. Elles réussiront à réaliser leurs rêves. Il faut être pugnace dans cette aventure ! Pas persévérante mais bien, pugnace.