Cécile Ricour est une entrepreneure en décoration d’intérieur. Après la création puis la fermeture d’une première entreprise en Belgique, c’est avec le soutien de l’association Les Rebondisseurs Français qu’elle décide de créer une nouvelle entreprise en France. Elle nous explique aujourd’hui, sa vision du rebond et les épreuves qu’elle a traversées.
1- Cécile, vous êtes une Rebondisseuse. Dites-nous où vous en êtes aujourd’hui ?
Je suis devenue coach en décoration. Ce qui n’enlève en rien le fait que je sois toujours architecte, puisque je le suis de formation (sourire). Aujourd’hui, ce n’est plus en tant qu’architecte que je gagne ma vie mais plutôt en tant que décoratrice d’intérieur.
D’ailleurs, je peux aussi dire que je suis « guérie » à 90%, voire 100% de mon burnout (sourire). Aujourd’hui, je suis une belge installée en France et j’ai ouvert ma nouvelle entreprise, Créalhome. Il a fallu tout recommencer de zéro : mon carnet d’adresse, mes artisans, ma clientèle… Mais c’est entièrement faisable ! 2022 sera donc mon année ! (rires)
2- Vous parliez de réouverture d’une entreprise en décoration. Est-ce que cela suppose que vous étiez déjà dans ce domaine-là, la première fois ?
Oui, il y en avait un peu. À la base, je suis architecte d’intérieur et d’extérieur mais j’ai aussi, un diplôme de stylisme d’intérieur. Ce qui me permet d’avoir plus cordes à mon arc. Donc j’étais architecte et j’avais ouvert une agence de décoration en Belgique.
Contrairement à ce que l’on pense, ouvrir une 2e entreprise va beaucoup plus vite. C’est beaucoup plus simple. On le fait vraiment de la meilleure des manières : on sait ce qui fonctionne, de ce qui ne fonctionne pas. On est donc plus armés pour affronter les difficultés. En tout cas, on les amorce différemment et avec les bons réflexes.
3- Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans votre première entreprise ?
Je pense que ce sont plusieurs facteurs qui ont causé la perte de mon entreprise.
Le fait, pour commencer, que j’étais une jeune entrepreneure : je me suis lancée dans l’architecture, directement après la sortie de mon école en 2012. Comme tout jeune entrepreneur, je n’ai pas su dire non et je ne voyais pas les conséquences que cela pouvait amener. D’un point de vue personnel, je traversais en plus, une période compliquée.
Ce qui en a résulté un épuisement du travail car, je ne prenais absolument pas le temps de penser à moi. Je travaillais non-stop, 7j/7j. Forcément sans moment à soi, le corps lâche.
4- Comment vous êtes-vous aperçu de cette dérive ?
En observant mon corps. Je faisais des crises de spams qui devenaient de plus en plus intenses et récurrentes. Il ne fonctionnait plus normalement. Ce qui était un véritable cercle vicieux. À la base, j’avais été arrêtée par mon médecin pendant 8 semaines… j’ai pris 8 jours. Comment voulez-vous faire quand vous êtes cheffe d’entreprise, seule ? J’ai donc trop tiré sur la corde… Elle a fini par lâcher !
5- Comment vous êtes-vous sentie à ce moment-là ? Entourée ou plutôt seule et isolée ?
Là, clairement, j’étais isolée. Surtout en Belgique.
J’avais quand même le soutien d’amis proches, un peu de ma famille mais au niveau professionnel, rien.
Si je prends l’exemple des indemnités maladie, le montant octroyé en Belgique pour mon arrêt était clairement insuffisant pour que je puisse subvenir à mes besoins quotidiens. Sur ce montant j’avais à payer les dépenses de ma vie privée et de l’autre, à payer la gestion des charges qui elles sont permanentes. Donc je n’avais pas le choix que de continuer de travailler. Au moment où j’ai craqué, j’y ai passé mes économies pour survivre. Ce sont elles qui m’ont permis de palier la carence financière.
En fait, c’est surtout le système qui a accentué mon échec, au-delà du fait bien sûr que je ne savais pas dire non. Le système administratif belge et le métier d’entrepreneur sont en inadéquation totale.
6- Quelle a été l’étape d’après ? Vous avez revendu votre entreprise ?
Non. En Belgique, j’étais sous le régime de « l’entrepreneur indépendant ». Du coup, je l’ai juste fermée. En tout cas, je n’ai pas l’impression d’avoir eu des difficultés supplémentaires suite, à ce dépôt de bilan.
Par contre, c’est en France que j’ai découvert le mot « bienveillance » et « entraide ». J’étais inscrite dans un réseau de networking, quand j’ai rencontré une personne qui travaillait pour les Rebondisseurs Français. C’est elle qui m’a parlée, la première fois, du mot « rebond ».
Ce mot, aujourd’hui, je le garde en mémoire. Il a vraiment fait écho en moi. C’est pour cela aussi, que je souhaite partager au plus grand nombre mon expérience : on peut toutes s’en relever. Par contre, arrêtons de faire de l’échec une étiquette. Il faut montrer le côté positif du rebond. C’est très important !
7- Si vous aviez un conseil à donner à des entrepreneures qui connaissent des difficultés dans leurs entreprises, qu’est-ce que vous leur diriez ?
De prioriser les points essentiels et de les traiter un à un : tout finit par s’arranger. Il est vrai que dans ces moments-là, on ne voit plus le bout du tunnel. Mais au final, on arrive à s’en sortir. Le conseil qui m’a été très utile est de travailler point par point. Être sur tous les fronts ne sert à rien ! Au final, moi, ça m’a sauvé, même si la remontée a duré 3 ans. Et cette technique, je l’applique aussi, dans mon travail de tous les jours.