Nathalie Fischer est gestionnaire de patrimoine en Alsace. Pour elle, être une bonne gestionnaire ne s’arrête pas à une unique proposition de services mais bien, à l’écoute, la bienveillance et le conseil. Trois valeurs fondamentales dans l’exercice de son métier, encore peu féminisé aujourd’hui. Bien qu’une multitude d’outils techniques existent, c’est dans le sur-mesure que Nathalie préfère agir pour ses clients.
1- Nathalie, en quoi la gestion de patrimoine n’est pas qu’une proposition de solution unique ?
Dans un premier temps, parce que la gestion de patrimoine ne peut être qu’UNE approche globale. Elle est aussi une approche spécifique selon le profil du client. J’aime à dire qu’il n’existe pas de solution type mais bien des solutions sur-mesures (sourire). L’unique se trouve dans la construction d’une solution qui parle au client. Une solution créée avec et pour lui.
Cette solution se crée à partir du premier rendez-vous. Lorsque le client se livre et que nous, nous l’écoutons. À ce moment-là, j’aime lui donner les moyens de réfléchir à ses besoins et à ses projets de vie. Je mets à sa disposition, un éventails de possibilités pour l’accompagner au mieux. J’ai d’ailleurs, une liberté de choix des fournisseurs et des actions à mener puisque, je les sélectionne moi-même. De fait, il n’y a pas de limite : ni financière, ni immobilière, ni dans le conseil à l’organisation patrimoniale… À l’exception de la déontologie et des réglementations en vigueur bien sûr (sourire) !
Nous touchons, en réalité, à plusieurs domaines : à la sphère juridique si c’est un chef d’entreprise, à la sphère familiale ou bien fiscale… Toute une palette technique au service du client car pour moi, l’humain reste et restera toujours central.
D’ailleurs, c’est ce que je préfère : ce mélange entre la technicité et l’humain. C’est passionnant et donne une alchimie incomparable. Une fois exécuté, nous pouvons apprécier l’impact sur leur vie et sur leur changement. C’est là tout le sens même de mon métier !
2- L’humain est donc au centre de ton métier mais est-ce que le collectif n’en fait pas partie non plus ?
Effectivement (sourire) ! La compréhension des projets de vies et des besoins clients, l’écoute et la sensibilité sont très importantes dans mon métier. Elles donnent une dimension plus humaine à celui-ci et rassure les clients.
Une réussite que je dois aussi à la force du collectif. Dans une équipe, il y a des expertises complémentaires. Dans mon cas, ce sont des ingénieurs patrimoniaux, des juristes, des gérants d’actifs, des agents immobiliers, des experts comptables, des notaires… Des conseils à 360° pour mes clients.
Au final, mon métier est comme celui d’un chef d’orchestre : j’ai une partition et j’accorde les musiciens entre eux. Pour moi, c’est une synergie interprofessionnelle au service de la personne.
3- Au final, est-ce que tu dirais que l’écoute et la bienveillance sont des moteurs dans ton quotidien ?
Elles sont même primordiales (sourire) ! Au-delà de la bienveillance, je pense qu’il faut aussi un peu de psychologie. Déjouer les biais cognitifs, comprendre les cultures familiales et toutes les valeurs ou croyances véhiculées sont des éléments essentiels pour bien conseiller les clients.
Parfois malheureusement, ce travail n’est pas aussi simple.
4- En quoi ces moteurs sont importants de nos jours ?
Ils sont importants parce que notre monde est en constante évolution. Il est de plus en plus complexe. Il perd les clients qui tentent de chercher l’information par eux-mêmes, sans pour autant l’agréger et lui donner du sens.
Et l’humain là-dedans ? Les outils technologiques sont des réponses à des besoins instantanés, certes. Ils ne doivent pas remplacer pour autant un conseiller de chair et d’os.
Dans mon métier, nous gérons avant tout des être humains avec de l’argent et des projets de vie. Notre défi est donc de montrer les impacts de leurs décisions, qu’elles soient négatives ou positives, dans l’atteinte de leurs objectifs. C’est pour cela que je disais qu’il y a autant de solutions qu’il y a de demandes de clients (sourire).
L’écoute et la bienveillance restent donc essentielles dans notre société. D’autant plus, dans mon métier. Cela demande de l’exigence et une certaine capacité de prise de recul. Il faut être responsable dans son approche et dans ses choix de propositions de solutions. Et puis surtout, apprendre à décomplexer la demande de conseils. Avoir cette approche humaine qui fait qu’on est assez proche du client pour devenir son référent.
5- Si tu avais des conseils à donner à des entrepreneures qui travaillent dans l’ombre, pour leurs clients, qu’est-ce que tu leur dirais ?
De montrer l’impact et la valeur ajoutée de leurs services : pour moi, c’est facile car je peux chiffrer les impacts sur le court et le long terme. Voire, sur plusieurs générations. Je pense que ce qui est important reste la disponibilité, la proximité, l’efficacité et la fiabilité du conseiller. Rester dans l’ombre, dans la confidentialité et la réserve pour nos clients est normal. Nous faisons partie de leur vie, même dans l’ombre.
Ce qui me désole toutefois, c’est que les femmes sont encore trop peu représentées dans mon métier, en tant qu’indépendantes et dans le monde de la finance en général. Du côté des clientes, si elles sont gestionnaires avant tout pour la famille, elles ne sont pas assez actives pour elles-mêmes. Sans doute, par manque de culture financière… J’aimerais changer cela.