Première ligne, ou l’histoire d’une entreprise d’aide à domicile, oubliée pendant la crise

juillet 27, 2020

Dafna Mouchnik a écrit pendant le confinement, Première ligne : journal d’un service d’aide à domicile durant le confinement ( aux Éditions Fauves). Un livre qui raconte l’envers du décor d’une entreprise médico-sociale, en pleine crise sanitaire. Un livre qui démontre la « vraie vie » d’une cheffe d’entreprise, sa gestion de la crise, ses difficultés pour maintenir à flot ses engagements et son entreprise. Mais aussi un livre dédicace, à toutes celles et ceux qui étaient en première ligne pendant la crise mais invisibles de tous.

Second témoignage de Dafna Mouchnik sur son aventure entrepreneuriale, Première ligne : journal d’un service d’aide à domicile durant le confinement était une nécessité pour l’auteure. Une nécessité de témoigner des difficultés et de l’implication d’un service d’aide à domicile. Une façon de faire résonance au silence et à l’indifférence que traversait -et travers encore – ce secteur pendant la crise. Une façon pour Dafna, « d’embarquer [le lecteur] dans [leur] vraie vie. »

Une reconnaissance somme toute, d’une cheffe d’entreprise à ses équipes mais aussi, à tout un secteur qui a affronté la crise sans plier. Une façon pour Dafna de montrer la réalité du terrain et de pouvoir faire valoir la reconnaissance du métier d’aide à domicile, encore trop peu valorisé et mal payé aujourd’hui.

Cheffe d’entreprise, en première ligne sur tous les fronts

Comme bon nombre d’entreprises en France, Logivitae n’a pas été épargnée par la crise du Coronavirus. Presque laissée pour compte par l’État, sans masque ni protection pour ses salariés, Dafna Mouchenik, la cheffe de cette entreprise, a dû affronter de front la crise sanitaire mais aussi la perte de son chiffre d’affaires, le manque de personnel, la maladie, l’insécurité et le manque de moyens : « Pour les auxiliaires, pas de taxi et pas d’hôtel. […]Elles ne sont pas soignantes. Elles prendront les transports. Ça me rend dingue […] (p.45) Pour les dirigeants de SAAD en France, c’est Pâques avant l’heure. Dans cette chasse bien moins rigolote, il ne s’agit pas de trouver du chocolat mais masques/gels hydroalcooliques/gants (p.47) »

Car être cheffe d’entreprise dans le médico-social, c’est être en première ligne pour aider les personnes les plus fragiles : personnes âgées, malades… C’est donc redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour contrecarrer les imprévues et les plannings. Se réinventer au quotidien pour pouvoir répondre aux besoins des patients. Savoir soutenir et rassurer ses équipes : « […] Vous êtes indispensables à la résolution de cette crise sanitaire que la France traverse. […] J’en profite pour vous dire à quel point je vous trouve fantastiques et courageuses (eux). Ensemble nous déployons force et énergie pour assurer aide et assistance auprès de la population la plus fragile. (p.39). »

Une immersion dans la gestion de crise

Mais être cheffe d’entreprise, c’est aussi garder la tête froide et ne pas paniquer lorsque l’on travaille à perte. C’est penser avant tout à ses salariés, plutôt qu’à soi : « Depuis le début de cette crise, je ne me pose plus la question de qui nous paye : on nous demande, on fait. Trop peur que quelqu’un meure faute de réactivité. Sans compter le nombre d’heures perdues parce qu’annulées. Je ne sais pas comment l’on va rester debout après ça. »(p.83)

Ainsi avec Première ligne, le lecteur est en pleine immersion dans la vie d’une entrepreneure. Grâce à ce livre, ce n’est plus la simple vision d’une entreprise en pleine crise sanitaire et économique que le lecteur découvre. En réalité, c’est tout le quotidien, les frustrations, les manques et les angoisses d’une dirigeante que le lecteur, à travers sa lecture, va pouvoir suivre.

Se battre pour les autres au quotidien et en première ligne

Gérer la crise sanitaire n’a donc pas été une partie de plaisir pour Dafna. Sans aucune directive gouvernementale, ni même de règle bien définie, sans équipement pour ses équipes, Dafna, comme l’ensemble des services d’aide à domicile, a dû improviser : achat de masques Décathlon pour permettre aux aides à domiciles de poursuivre leur travail chez des personnes âgées contaminées; du gel hydroalcoolique acheté en catastrophe et à divers endroits de Paris ; des gants et des masques en tissu ou en papier, donnés par d’autres structures, bien heureuses d’avoir réussi à en commander…

Car oui, les services d’aides à domicile n’ont pas vraiment été aidée par le gouvernement. Ils faisaient même partie des oubliés. Pourtant ces services étaient eux aussi, en première ligne :  » 13 avril. Comme des milliers de Français, je suis avec ma famille à écouter le Président. […] Je veux juste qu’il souligne combien les aides à domicile sont elles aussi en première ligne. Juste ça et je serai contente. »(p.103)

Ainsi, il a fallu gérer pour cette cheffe d’entreprise la désinformation et les contradictions d’ordre. Mais surtout faire face à une invisibilité du métier. Une situation qui a poussé Dafna à se lancer dans une bataille pour la reconnaissance du statut des aides à domicile et de la revalorisation de leur salaire. Ne serait-ce que pour que le secteur puisse bénéficier de la Prime Covid. Dafna est aujourd’hui présidente du SYNERPA Domicile (syndicat national des services d’aide et de soin à domicile). Elle a d’ailleurs reçu, plusieurs distinctions visant à récompenser ses actions et son engagement. Pour elle, la bataille sociale n’est pas finie. Elle ne fait que commencer.

Première ligne : journal d’un service d’aide à domicile durant le confinement est une façon pour son auteure, de faire entendre la voix des aides à domicile, trop souvent oubliées. Pour Dafna, ce livre rend visibles, ces invisibles et immerge le lecteur dans la gestion d’une entreprise, en pleine crise sanitaire et économique.

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