(source : L’express – L’expansion )

Janyce Byrne est professeure à l’Ieseg. Pour elle, la promotion de l’entrepreneuriat féminin, prônée par les pouvoirs publiques, serait une mascarade. Poussés à leur paroxysme, les rôles modèles mis en avant dans les communications sur le sujet, auraient, en réalité, un effet inverse de celui recherché chez les femmes : la culpabilité. Explications.

Selon Janyce Byrne, professeure à l’Ieseg, la promotion de l’entrepreneuriat féminin serait biaisée par le mythe de la superwoman. Un stéréotype poussé à son paroxysme, par la réussite sans tâche de certaines femmes dans le domaine professionnel et personnel. Ces « super-entrepreneures » seraient donc le pire cauchemar des porteuses de projet. Et les pouvoirs publiques en seraient les premiers coupables ! En accentuant leurs communications publiques, autour de ces femmes entrepreneures sans faille, ils augmenteraient les stéréotypes de genre ( source : « Stéréotypes et femmes entrepreneurs : La Superwoman entrepreneur a son mot à dire »,)

Un manque d’identification

Aujourd’hui, les femmes représentent 40 % du total des patrons en France. C’est deux fois plus qu’en 1987. Cette évolution est donc a souligner mais le chemin vers une totale équité dans tous les secteurs, reste long ! Les entrepreneures sont bien souvent impliquées dans des métiers dits « féminins » : la santé, les actions sociales, le service à la personne… Rares sont celles qui entreprennent dans les secteurs des nouvelles technologies ou se retrouvent dans un incubateur. La faute aux études aussi ! Que les femmes soient dirigeantes ou salariées, le combat est le même !

Et les rôles modèles dans tout ça, y sont pour quelque chose ! Selon l’étude, la pluplart des rôles modèles mis en exergue ne seraient pas représentatifs : ces femmes sont en majorité de race blanche, venant d’un milieu social plutôt aisé, diplomées de grandes écoles, voire de très grandes écoles, ayant une expérience professionnelle dans de grandes entreprises, et donc, possédant un certain carnet d’adresses. Les conséquences de tout cela ? Un manque cruel d’identification des porteuses de projet.

Des rôles modèles aliénants

Le message envoyé par ces communications agit tout à l’inverse. Il irait même à l’encontre du système méritocratique, que prône l’entrepreneuriat. Entrepreneuriat, parfois définit comme échappatoir aux problèmes sexistes rencontrés par les femmes sur le marché de l’emploi et aux problèmes du plafond de verre. La création d’entreprise serait alors proposée aux femmes, comme un plan B.

Les modèles de femmes seraient donc aliénants et centrés sur des superwomen avident « de pouvoir, néolibérales, autonomes et indépendantes » explique Janyce Byrne pour L’Express. Des modèles de réussites que l’État met en avant mais qui, au final, feraient pression sur les nouvelles générations d’entrepreneures.

Réfléchir sur des mesures concrètes

Janyce Byrne propose dans son étude, de faire évoluer les moeurs par le changement de comportement de l’État et de ces discours sur l’entrepreneuriat féminin : « Il faut arrêter de dire que l’on a fait plein de choses pour que les femmes se lancent dans la création d’entreprise, que tout cela va dans le bon sens et que maintenant, c’est à elles de jouer. C’est une mascarade. » ( L’Express – L’expansion ) Selon la professeure, il faudrait que le système tout entier évolue, en poussant les acteurs de l’écosystème à réfléchir sur des mesures concrètes.

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