Est-ce que l’entrepreneuriat pourrait être un moyen d’émancipation pour les communautés minoritaires, telles que les LGBT ? Souvent victimes de discrimination sur leur lieu de travail ou en entretien d’embauche, ces dernières ne peuvent pleinement faire-valoir leur identité. La question se pose aujourd’hui : la création d’entreprise serait-elle la solution de demain, pour émanciper les minorités ?
Loin d’avoir encore un avenir serein, la communauté LBGT n’est pas encore reconnue dans le monde. Elle reste la cible de discriminations sociales et à l’embauche. D’ailleurs au mois de juin dernier, aux États-Unis, un arrêté de la Cour Suprême a interdit la discrimination au travail. Notamment, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Une avancée certes, mais qui n’empêche pas le mal-être de la communauté LGBT.
Et malheureusement en 2020, ces discriminations restent encore courantes pour ces minorités dites « sexuelles ». D’ailleurs, selon l’étude de l’Agence européenne des droits fondamentaux « A long way To go for LGBTI equality », 1 personne sur 5 s’estime discriminée sur son lieu de travail. 1 sur 3 déclare avoir des difficultés à trouver un emploi, à cause de ses orientations sexuelles.
L’entrepreneuriat, une solution à la discrimination LGBT
Alors qu’est-ce que l’entrepreneuriat pourrait apporter à cette communauté ? La création d’entreprise ne pourrait-elle pas être une solution à l’exclusion ? Selon l’étude » The role of sexual orientation in entrepreneurial intention : the case of parisian LGBT people » auprès d’une population LBGT de Paris, la création d’entreprise reste un recours privilégié.
Ainsi pour échapper à des situations discriminantes et faire valoir leur identité, la création d’entreprise s’avère être la solution. Et ce, depuis les années 2000. Du moins, c’était le cas dans les zones géographiques où émergeait l’économie des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Et par extension, où la création d’entreprise connaissait un boom. Mais c’est encore relativement le cas aujourd’hui !
La création d’entreprise pour plus de crédibilité
L’étude, réalisée sur 654 Parisiens (dont 266 LGBT et 388 non LGBT), montre clairement que les intentions de cette communauté « minoritaire » est d’entreprendre. Dans l’absolu ou dans un avenir proche. De fait, les LGBT sont donc plus favorables au lancement de leur propre activité. À cela se rajoute la facilité de vie pour la population LGBT, à Paris : 14% de la population parisienne se déclare gaie ou lesbienne, contre 7% pour le reste de la population française.
Une création d’activité qui pour les LGBT, aurait des actions positives telles que l’apport de crédibilité et le soutien. Enfin, il est démontré à travers l’étude, que les entrepreneurs LGBT (ou futurs entrepreneurs) seraient plus enclins à accepter les défis de la création d’entreprise. Ce qui est moins le cas pour les non LGBT qui restent plus nuancier.
Une création d’entreprise, pour les LGBT, plus facile ?
Selon cette même étude d’ailleurs, la création d’entreprise pour les personnes LGBT serait plus facile. Notamment grâce au « capital social ». Cette ensemble de réseaux et de relations sociales, relatifs à une personne ou une entité. Un capital social qui fait toute la différence dans le milieu de l’entrepreneuriat.
Ainsi l’appartenance à une communauté forte offrirait le capital social nécessaire au bon déroulement de la création d’une entreprise et de son développement. Un capital social qui génèrerait un cercle vertueux : une envie de créer une entreprise, des liens sociaux et qui soutiennent, une émancipation financière et personnelle, des échanges….
Un phénomène d’identification par la communauté
Car appartenir à une communauté est nécessaire pour entreprendre. Cela offre généralement la possibilité de rentrer en contact plus facilement avec des rôles modèles. Et donc, de créer un phénomène d’identification.
Phénomène lui-même hautement important dans la création d’une entreprise, et d’autant plus important pour la communauté LGBT, puisque celui-ci est inexistant dans le cercle familial. Ainsi s’identifier aux membres de sa communauté est important mais surtout, moteur pour les personnes LGBT.
La communauté LGBT, un exemple pour les minorités ?
Mais est-ce que cette communauté, victime de discrimination, ne pourrait pas devenir à son tour un exemple pour les autres ? Les femmes, les transgenres, les entrepreneurs monoparentaux… Car selon l’étude « Les Roles Models et l’intention entrepreneuriale des étudiantes dans le secteur de la santé », il faudrait 3 critères essentiels pour y parvenir :
- côtoyer régulièrement des entrepreneurs ;
- échanger et être encouragé par des pairs ;
- s’identifier à un rôle modèle.
Cette étude explique aussi que pour que l’exemplarité se fasse, les minorités doivent pouvoir intégrer des réseaux et côtoyer des personnes qui leur ressemblent.
Mais la reconnaissance, la valorisation et l’émancipation de ces minorités ne pourront se faire si elles sont plus visibles. Car c’est uniquement au sein d’une communauté de partage et d’entraide, que les minorités pourront être disposées à créer et à se lancer. C’est tout l’enjeu aujourd’hui de la création d’entreprise, et tout l’enjeu de la communauté LGBT.