Et si la maternité rimait avec entrepreneuriat ? C’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur en France. Les mamans ont le goût d’entreprendre. Aujourd’hui, elles se rebellent et veulent montrer que la création d’entreprise entre deux biberons, c’est tout à fait possible.

“Aujourd’hui, j’ai deux bébés. Ma fille et mon entreprise”. Ces mots, ce sont ceux de Rose-Marie Auclair. À 34 ans, elle fait partie des mamans entrepreneures. Biologiste, elle a lancé une entreprise innovante avec son mari. “On a développé un concept de plantes bioluminescentes. L’objectif à terme c’est de développer des éclairages publics écologiques”.

Cette entreprise, ils la développent depuis 3 ans. En août dernier, Rose-Marie donnait naissance à leur premier enfant. “Monter une entreprise, finalement, c’est comme élever un enfant. On a l’idée, on la développe, on l’accouche et on la fait grandir. C’est une attention quotidienne et un investissement. Je viens de reprendre. C’est un autre rythme mais on s’organise. On se soutient mutuellement et on arrive à concilier les deux. Au final, on est épanouis”. Avec la Covid, de plus en plus de maman lâchent le confort de l’emploi salarié pour la liberté de l’entrepreneuriat.

Entreprendre, une source de flexibilité

La naissance d’un enfant peut être un bouleversement sans précédent. C’est souvent à ce moment-là que l’envie de développer un projet fleurit chez les mères. Caler le rendez-vous médical du petit entre deux réunions, aller faire les courses pour remplir le frigo à 14h si besoin… Être sa propre patronne, ça a ses avantages. 

Pour beaucoup de femmes, entreprendre est avant tout un moyen de gagner en flexibilité. C’est ce qui a poussé Julie à devenir indépendante. “Je suis correctrice-relectrice. Pendant longtemps j’ai enchaîné les CDD. Quand on travaille chez Ouest France par exemple, au bout de 6 mois, ils peuvent vous envoyer à l’autre bout de la Région. Avec mon compagnon, on avait pour projet d’avoir un enfant. Je voulais donc pouvoir bouger si j’en avais envie et ne pas y être obligée. Paradoxalement, je cherchais de la flexibilité pour gagner en stabilité”.

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Choisir ses horaires, organiser son emploi du temps à sa convenance sont des besoins que la Covid a accentués. “La majorité des mamans qu’on reçoit en formation viennent des secteurs qui ont été très impactés par la Covid, comme le milieu médical. Elles en ont marre et veulent du temps pour leur famille. Et surtout, elles ne veulent plus subir de remarques quand elles doivent travailler de chez elles”, a constaté Marie-Liesse Lacoste devenue Community manager free-lance après avoir fait la formation des Mamans Digitales. Comme beaucoup de mamans devenues entrepreneures, ce sont les discriminations qui l’ont amenée à faire ce choix.

Un plafond de mère au lieu du plafond de verre

Le saviez-vous ? En moyenne, le salaire des femmes baisse de 25% après la naissance de leur premier enfant. C’est en tout cas, ce qui ressort d’une étude publiée par l’Insee en octobre 2019

Si le chiffre est surprenant, la discrimination qui lui est liée est loin de surprendre. Surtout lorsque l’on demande à ses dames. “Le plafond de verre est encore bien présent. L’évolution des entreprises n’est pas fluide. Beaucoup de femmes nous disent que la maternité a été un frein à leur carrière.”, explique Aurélie Ponzo, fondatrice du Réseau Mampreneures, réseau d’accompagnement unique en France pour les mamans entrepreneures. ”Elles sont nombreuses à nous dire qu’on leur a refusé une augmentation ou une évolution de poste promis avant leur grossesse” confirme Nathalie Grimaud, fondatrice des Mamans Digitales, entreprise de formations en reconversion aux métiers de la communication digitale pour les mamans.

La première d’une longue suite de discriminations et de pressions que subissent les femmes qui choisissent la maternité. “Avant j’étais salariée. J’ai eu 4 enfants. À chaque grossesse, j’ai eu un problème avec mon entreprise. 2 fois on m’a mis à pied et 2 fois j’ai été licenciée pour faute grave. J’ai saisi les prud’hommes et le licenciement abusif a été reconnu à chaque fois. Mais ça demande du temps et de l’argent. La majorité des femmes n’y vont pas”, assure Nathalie Grimaud.

Mais elle n’est pas la seule à avoir ressenti cette pression. Elles sont nombreuses à témoigner des contraintes et remarques qu’elles subissent quand elles font le choix d’être mère. “C’est surtout les commentaires de la hiérarchie ou même des collègues, lorsque l’on prend un congé enfant malade ou un congé maternité. On a la sensation de devoir faire des choix en permanence.” s’agace Anne-Hélène Descone, ancienne infirmière aujourd’hui reconvertie à la formation et au coaching professionnel, toujours dans le milieu médical. 

C’est donc cette discrimination qui pousse la majorité des mamans à se lancer dans l’entrepreneuriat. Mais si cette liberté d’action semble attractive, ça demande une organisation nouvelle.

L’organisation, le secret des mamans entrepreneures

Quand on est maman et entrepreneure, on peut vite se retrouver débordée. “Ma fille a un an tout pile. Au début ça va, elle ne faisait que dormir et manger. Je pouvais travailler. Mais là, elle grandit. Elle demande plus d’attention. J’ai eu beaucoup de stresse. Je profitais de tous mes temps sans elle pour bosser. Ça m’est arrivé de travailler jusqu’à 2h ou 3h du matin pour reprendre à 7h. J’étais très fatiguée” explique Julie, Correctrice indépendante. 

Ces doubles journées, elles les connaissent toutes. Alors pour ne pas se laisser déborder, certaines ont développé des astuces. Comme Marie-Liesse Lacoste, Community manager freelance : “C’est simple, je note tout dans mon agenda. Je commence par placer ma vie perso : une sortie entre copines ou un massage. Ensuite, je cale ma vie de maman : les rendez-vous chez le médecin, les cours de sport des enfants, etc. Et en dernier, je positionne tout ce qui correspond à ma vie d’entrepreneure. Le faire dans ce sens-là m’a été conseillé par une autre maman et ça m’a changé la vie”. 

Fini donc, le 8h-18h classique. Bonjour l’emploi du temps aménagé. “J’ai complètement changé ma façon de voir le travail et les vacances. Quand on est salariée, on attend impatiemment les vacances. Mais aujourd’hui toute l’année, j’ai des temps où je travaille et d’autres où je vais me reposer” explique Nathalie Grimaud. “Avec mon mari, on aime bien travailler le soir quand les enfants sont couchés”. 

Enfin pour gagner du temps, les mampreneures mettent aussi leur famille à contribution. “Chaque enfant a des tâches à la maison. Ça peut paraître pas grand chose parfois mais, ça peut nous faire gagner 1h. Par exemple, quand je vois qu’il arrive l’heure du repas. Si j’ai encore des choses à faire, je demande à mon aîné de 15 ans de faire à manger. Parfois, il demande à ses frères et sœurs de faire les commis. Comme ça, je ne stresse pas et eux gagnent en autonomie”, explique Nathalie Grimaud, fondatrice des Mamans Digitales. 

De l’organisation, c’est ça le secret de l’équilibre entre vie de famille et vie professionnelle pour les mamans entrepreneures. Mais encore faut-il se lancer.

Mamans entrepreneures : se lancer, oui mais, pas toute seule

Quand on est maman, se lancer dans l’entrepreneuriat peut parfois être compliqué. “On a souvent peur pour le financier, surtout quand on a des enfants. Mais je pense que c’est un peu surévaluer”, confie Nathalie. 

En effet, il existe une multitude de possibilités pour les mères qui veulent tenter leur chance : 

  • des formations à l’entrepreneuriat qui, en plus d’aider au développement de l’entreprise, permettent de crédibiliser le projet auprès des investisseurs ; 
  • les réseaux d’accompagnement ;
  • des réseaux de networking ou professionnels comme les Mampreneures. Créé en 2008, c’est un réseau dédié spécialement aux mamans porteuses de projets, avec des antennes dans toutes les régions.

Comme beaucoup de femmes qui se lancent en freelance, Marie-Liesse Lacoste ne se voit pas revenir comme salariée. “Je travaille avec des clients que j’apprécie. Et surtout, je gagne bien mieux ma vie qu’avant, tout en restant en 4/5e vu que j’ai choisi de ne pas travailler le mercredi”

Aujourd’hui, près de 40% des entreprises individuelles ont des femmes à leur tête. Discriminées pour leur choix face à la maternité, elles n’hésitent plus à choisir une autre voie pour concilier vie professionnelle et vie personnelle. Elles sont mamans et entrepreneures.

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