Sébé Coulibaly a 25 ans et un beau parcours de footballeuse professionnelle. Tout au long de sa carrière, elle a pu constater les difficultés des femmes, lorsqu’elles choisissent un sport dit « masculin » : les préjugés, les stéréotypes. Pour contrer ces mentalités machistes, Sebe a décidé de créer une application, Ladies Squad. Une application 100 % féminines, dédiée aux femmes qui aiment le foot. Témoignage.
1- Sébé tu es jeune porteuse de projet, tout juste en phase d’amorçage. Ton objectif est de créer une application, pour les femmes pratiquant le foot en loisir, Ladies Squad. Comment t’es venue l’idée de ce challenge ?
L’idée m’est venue, tout simplement parce que je suis issue du milieu du football. J’ai pu observer, pendant les périodes de fermeture, que c’était compliqué de trouver d’autres femmes pour jouer au foot. Personnellement, pendant ces temps de trêve, j’allais souvent jouer avec mon frère ! ( sourire ). Lors de ces matchs, j’avais des remarques ou des regards déplacés. Ça me dérangeait beaucoup ! Je me suis donc dit qu’il devait y avoir d’autres filles dans mon cas. Et c’est à partir de là, que j’ai pensé à l’application ! Il fallait qu’elle permette aux femmes de se rencontrer, pour pratiquer ensemble le foot ( sourire ).
2- Finalement, tu as fait des préjuges et des stéréotypes, les moteurs de la création de ton entreprise. Pourquoi ce choix ?
Oui, c’est ça ! J’ai eu la chance que mon frère m’intègre facilement dans les groupes, pour jouer au foot. Mais j’ai des amies qui sont constamment confrontées aux préjugés ! Le foot est un milieu dit « d’hommes ». Donc les femmes sont mal vues et mal acceptées. Entre footballeuses, on parle des remarques que l’on entend, ou que l’on subit : « la place des femmes, ce n’est pas sur un terrain de foot ! », par exemple. Dans le milieu du foot professionnel, on arrive vite au même constat. Créer cette application fera tomber les barrières et les obstacles. Ça rendra le football beaucoup plus accessible !
3- Alors justement, est-ce que ton expérience professionnelle en tant que footballeuse, t-a confortée dans ton idée de projet ? Est-ce qu’on y rencontre les mêmes difficultés qu’en loisir ?
Complètement ! J’ai commencé à jouer en club, j’avais 16 ans. C’est là que j’ai commencé à découvrir les stéréotypes du genre. Alors certes, le football féminin est mieux médiatisé et plus populaire mais certaines mentalités sont encore bien présentes. C’est une triste réalité, malheureusement ! C’est ça, qui m’a vraiment poussé à mettre en place l’application.
4- Finalement, est-ce qu’au-delà de la création d’une application sociale, tu n’as pas un combat plus politique ? Est-ce que ce projet n’est pas un projet « coup de gueule » ?
C’est vrai que j’ai toujours utilisé le sport comme un outil qui permet aux femmes de s’émanciper. « Coup de gueule » peut-être pas car les personnes qui m’ont tendu la main, dans ma carrière de footballeuse, sont des hommes. Ce serait mettre tout le monde dans le même panier ! À l’inverse, je veux créer cette application pour montrer aux gens que la femme a, elle aussi, sa place dans des sports dits “masculins”. Cette application est certes 100 % féminines mais elle va nous permettre d’être à l’aise quand on jouera au foot ensemble.
5- Si tu avais un conseil à donner aux jeunes porteuses de projet qui se lancent, comme toi, dans un projet 100 % féminins, quel serait-il ?
De vraiment croire en leur projet : il faut impérativement qu’elles croient en elles ! Les projets, à mon sens, sont issus d’un réel besoin. Souvent même, ils font partie de notre histoire et/ou de notre vécu. Il faut aussi oser parler de son projet aux autres. Ne serait-ce que pour prendre les avis des uns et des autres. Et surtout, de ne rien lâcher et d’aller au bout de leurs idées !