Perrine Manissolle est préparatrice mentale et coach depuis mars 2023. Après une carrière de sportive de haut niveau, c’est tout naturellement qu’elle décide d’accompagner les jeunes à mener de front leur carrière sportive et professionnelle. Pour elle, il est urgent de penser le sport différemment et d’aider les jeunes à avoir toutes les clés de leur plein potentiel.

1- Perrine, tu es à ton compte depuis 1 an maintenant. Pourquoi avoir créé “Align and Perform” ?

“Align and Perform” est le fruit d’un cheminement long entre ma carrière de sportive de haut niveau et mes expériences professionnelles (sourire). 

J’ai eu l’occasion de bénéficier d’un accompagnement en préparation mentale lorsque j’étais encore athlète. C’est là que je me suis rendue compte de ses bienfaits et de sa nécessité. Ne serait-ce que pour prendre les bonnes décisions. Je me suis donc tout naturellement formée pour devenir préparatrice mentale. 

Pour autant, je ne me suis pas mise à mon compte de suite. J’ai pris le temps de faire mes propres expériences professionnelles avant de revenir à mes amours : l’accompagnement et la préparation mentale.

J’aurai pu le faire directement mais je me sentais trop jeune. Et je ne regrette pas ce choix de l’époque (sourire) ! J’ai eu l’occasion de gérer d’autres formes d’accompagnement, soit en tant que directrice de magasin où j’accompagnais mes collaborateurs, soit comme enseignante en France et en Suède. Deux formes d’accompagnement qui sont vecteurs de mon positionnement chez “Align and Perform” aujourd’hui.

Pourquoi justement, aider les jeunes ?

Parce que l’adolescence est un cap dans la construction de l’adulte de demain. Les jeunes ont besoin d’être armés pour mener à la fois leur carrière de sportif de haut niveau et leur passage dans la vie d’adulte. Ce n’est pas après qu’il faut intervenir. C’est à ce stade que la préparation mentale prend tout son sens. 

Et pour cela, les jeunes ont besoin d’apprendre à se connaitre, de savoir qui ils sont, pourquoi ils pratiquent leur sport, de comprendre ce qui se joue autour d’eux et avec eux. En somme, d’être à l’écoute de leurs besoins. C’est ce qui leur permettra, avec les différents interlocuteurs qu’ils auront, de pouvoir s’affirmer sans être dans une logique qui n’est pas la leur. 

Si vous regardez bien, cet accompagnement n’est pas encore chez tous les jeunes sportifs de haut niveau aujourd’hui. Un manque qui engendre souvent de l’auto-sabotage : blessures, stress, échec, troubles alimentaires etc… Bref ! Des contre-performances qui vont venir, comme un cercle vicieux, enfermer le sportif dans un mauvais mindset et une perception de soi négative. Pour performer, il faut qu’il y ait du plaisir. Si les jeunes ne pratiquent pas pour les bonnes raisons, le plaisir et le jeu sont moins présents. Et les résultats mauvais.

2- Est-ce parce que tu as connu la pression du sport à haut niveau en étant jeune, que tu souhaites aujourd’hui travailler à tous les niveaux de l’accompagnement du sportif ? 

Oui, j’ai effectivement subi cette pression lorsque j’étais sportive de haut niveau. Cela a même accentué mes troubles alimentaires. À ce moment-là, je pensais que les autres attendaient certaines choses de moi, que ce soit dans mon staff d’équipe ou dans mon entourage. Du coup, je me suis mise une pression de dingue pour exister et trouver ma place. Quelque part, c’est un mal pour un bien car j’ai énormément appris sur moi et sur les autres. 

Aujourd’hui, je pense qu’il est important de penser le sport différemment. À mon sens, il est important qu’il y ait une vraie synergie autour de l’athlète, qu’il y ait des échanges à tous les niveaux (entraineurs et parents en priorité). Si l’environnement du sportif n’est pas aligné avec lui, c’est là où les performances sont moins bonnes et peu durables dans le temps. Je me bats donc pour une pratique du sport à haut niveau plus réfléchi. Pour une pratique du sport plus humaine. C’est une de mes missions (sourire). 

Avec le recul, et lorsque l’on a été sportif de haut niveau soi-même, on se rend compte qu’il y a beaucoup de sportifs qui sont en burn out. Comme on le travaille en entreprise, on doit le travailler dans les structures sportives professionnelles. Mieux préparer et sensibiliser un maximum est une priorité. Comme on dit : “Mieux vaut prévenir que guérir” !

3- Finalement, le nom de ton entreprise “Align et Perform” prend tout son sens. Qu’en dis-tu ?

Tout à fait (sourire) ! “Align and Perfom” est la traduction de se connaitre soi, de connaitre ses ambitions, de connaitre sa valeur et son affirmation de soi. Cette entreprise est une façon de revenir à l’écoute de l’athlète avant tout chose. Si personne ne va chercher les blocages, les croyances limitantes, les peurs, les non-dits, vous pourrez avoir le meilleur sportif en entrainement, vous aurez des résultats médiocres à l’arrivée. La notion de performance, en bout de chaîne, n’aura donc plus de sens du tout. Alors commençons par le commencement.

4- En quoi est-ce important de nos jours, d’accompagner les jeunes et de les aider à appréhender leur sport mais aussi leur vie ?

Pour moi, l’accompagnement des jeunes est important ne serait-ce que dans la pratique du sport lui même. Parfois il arrive qu’après un accompagnement, le ou la sportif(ve) décide d’arrêter de pratiquer. C’est un risque. Non pas parce qu’il ou elle abandonne, mais bien parce qu’il ou elle pratiquait pour “faire plaisir à”. 

Cette prise de conscience est importante car c’est souvent dans “l’obligation de” que les troubles comportementaux arrivent. Se joue alors une grande part de conscientisation pour le sportif sur son rôle en tant qu’humain mais aussi, en tant qu’athlète. C’est comprendre le sport de haut niveau dans son intégralité. D’ailleurs plus tôt ils le comprennent, mieux c’est car cela peut avoir des incidences sur leur vie d’adulte aussi.

5- Si tu avais un conseil à donner à des femmes qui entreprennent, qu’est-ce que tu leur dirais ?

De savoir où elles vont : Ne serait-ce que pour bien développer leur activité, sans prendre en compte ce que les autres voudraient d’elles. En soit, de ne pas s’oublier au détriment des autres ou par peur des autres. Ça, c’est ce que l’entrepreneure dirait. En tant que préparatrice mentale, je dirais qu’il faut être bien alignée avec soi même, s’écouter et aller au bout des choses pour vivre ses rêves.