Patricia Gerwer est la fondatrice de PG Entreprendre. Une entreprise de conseils en création et développement d’entreprises. Aussi appelé business developer, dans le milieu. Pour Patricia, aider les femmes entrepreneures à être actrices de leur vie et de leur business, est une évidence. D’autant plus, en cette période de crise.
1 – Patricia, qu’est-ce que c’est qu’être Business développeuse ? À quoi cette expertise sert-elle ?
Être une business développeuse, c’est aider les entrepreneures à développer leur activité, en leur donnant des pistes correspondant à leur stade de développement. Je remarque d’ailleurs, que j’accompagne plus de femmes que d’hommes (sourire). Elles ont plus besoin d’être rassurées, contrairement aux hommes qui eux, démarrent plus rapidement leur activité.
Pour cela, il faut étudier tous les paramètres : études de marché, résultats financiers obtenus, contraintes personnelles et professionnelles… J’ai la chance d’avoir une lecture des chiffres facile, puisque je suis comptable de carrière (sourire). Ainsi, je peux vite repérer les incohérences ou les pistes d’amélioration des modèles économiques et des business plans.
Je crée ensuite une stratégie de développement commercial, tout en faisant attention de rester dans le réel du quotidien de mes clientes. Je réalise donc, des stratégies qui tiennent compte de leur équilibre vie pro-vie perso. D’ailleurs, c’est ce côté accompagnement qui me pousse à dire que je suis conseillère en création et développement d’entreprise. J’emploie moins le terme de Business developer (sourire).
Enfin, cet accompagnement peut se faire ante création, en période de démarrage, comme plus tard, en période de développement. Il en faut à tous les stades de la vie d’une entreprise !
2- Être business développeuse, c’est être à cheval entre le métier de comptable, de commercial et d’entrepreneure ? Ton rôle est donc de faire l’intermédiaire entre ces 3 branches ?
Oui, complètement (sourire) ! Les métiers cités se focalisent sur leur domaine d’expertise. Ce qui est normal ! Donc soit sur l’aspect financier, soit sur l’aspect commercial. Mon job, c’est de voir l’ensemble de ces aspects. D’avoir un regard 360 sur le projet et de prendre en compte les contraintes personnelles et professionnelles de l’entrepreneure. Ceci, afin de lui concocter une stratégie de développement vraiment personnalisée et adaptée.
Donc en fait, toute entrepreneure devrait avoir un business developer à ses côtés, pour l’aider dans sa stratégie ?
Oui, clairement ! Mais ce n’est pas encore une habitude en France (rires). Ici, nous sommes très focalisés sur le statut juridique. Attention, je ne dis pas que le choix du statut juridique est à prendre à la légère mais, ce n’est pas le sujet primordial dans une création d’entreprise.
À mon sens, la stratégie de développement d’une entreprise est le plus gros challenge. C’est la base. C’est même vital ! Si vous n’avez pas de clients potentiels, vous n’avez rien. Pour y arriver, j’apporte à mes clientes un point de vue extérieur à leur projet. Un recul qu’elles ne peuvent pas avoir, puisqu’elles ont « le nez dans le guidon », comme on dit. Ce regard extérieur est vraiment très important ! D’ailleurs, il faudrait avoir ce recul régulièrement pour garder en bonne santé son entreprise.
3- Est-ce que ton objectif est de remettre l’humain au cœur des business ?
Oui, on peut dire ça (sourire) ! Je remets l’humain au cœur du business. Ne s’occuper que des chiffres, ne peut pas fonctionner. En premier lieu lorsque l’on vend, on ne vend pas son produit ou son service. On vend une histoire ! Son histoire !
Expliquer le pourquoi on s’est lancée et le pourquoi l’on vend son produit/service, est la base de toute activité. C’est d’ailleurs ce qu’explique Simon Sinek avec son livre Start with why? : » Ce que les gens achètent ce n’est pas ce que vous faites mais, pourquoi vous le faites ! » Donc oui, l’humain est très important ! Il faut des rapports humains pour développer une entreprise. Et j’en suis persuadée !
Penses-tu que les entrepreneures ont du mal à procéder de la sorte ?
Les femmes, que j’ai rencontrées et accompagnées, veulent souvent mener leur entreprise comme les hommes. Et c’est malheureusement là qu’elles se trompent. À vouloir correspondre à une « norme masculine », elles s’oublient elles-mêmes.
Or faire avec leur sensibilité féminine, leur permettrait de réussir tout autant ! C’est d’ailleurs, l’objet de mon accompagnement : leur apprendre à asseoir leur posture d’entrepreneure, leur posture de femme. En étant elles-mêmes, elles réussiront mieux à vendre (sourire).
4- C’est drôle parce que ton métier est encore très fléché masculin. Pourquoi te lancer à ton compte, dans ce domaine ?
En réalité, je n’ai pas vraiment réfléchi à cette question. J’ai plutôt suivi une évidence. Outre ma carrière, ce qui m’a amené au business development, c’est le contact humain. Quoi de mieux alors, que l’entrepreneuriat (rires) ? C’est un cocktail de tout ce que j’aime : les chiffres, la stratégie commerciale et le contact humain. C’est ce qui me botte ! Accompagner et aider les entrepreneures, avec mes compétences en finance, en commercial, et mon contact humain.
Est-ce que ton but finalement, n’est pas de « démocratiser » le business, de le rendre moins masculin ?
C’est tout à fait ça (sourire) ! De le rendre moins masculin et plus accessible aux femmes qui souhaitent entreprendre. Mon but est de soutenir l’entrepreneuriat féminin le plus possible. Ça me tient vraiment à cœur ! Il faut encourager ces femmes qui veulent se lancer, les aider à lever leurs freins et à pérenniser leur entreprise. Je veux les aider à être actrices de leur vie !
5- Si tu avais un conseil à donner à ces entrepreneures, notamment en cette période de crise, quel serait-il ?
De ne pas rester seules : il existe beaucoup de réseaux féminins, de soutien ou d’accompagnement, pour éviter la solitude de l’entrepreneure. Surtout en ce moment ! Il faut que les entrepreneures se fassent accompagner, c’est très important. Mener sa barque toute seule est pesant. Il faut oser faire appel à des professionnels pour développer son entreprise et affronter certains aléas. Il faut échanger, faire des rencontres, parler de ses problématiques ou de ses réussites. Cela n’apporte que du positif !