Émilie Chevallier Cumet a créé son entreprise So et Li, après la naissance de son deuxième enfant en 2013. Anciennement chargée de qualité, elle est devenue maman-entrepreneure par goût pour l’indépendance. Suite à un questionnement global sur sa situation et ses aspirations, elle décide de se recentrer sur ces idéaux de vie et de tenter l’aventure entrepreneuriale. Témoignage.
1- Émilie, tu as créé ton entreprise So et Li à la naissance de ton deuxième enfant, en 2013. Pourquoi avoir choisi la voix de la création d’entreprise, à ce moment-là ?
A ce moment-là, j’avais vraiment besoin de plus de liberté dans ma façon de travailler ! Je ne voulais pas que ma vie professionnelle et ma vie personnelle soient aussi cloisonnées que ce qu’elles étaient, avant d’avoir ma deuxième fille. C’était très étanche ! J’avais vraiment l’impression que tout tournait autour du travail.
Aujourd’hui avec ce décloisonnement, j’ai une plus grande liberté d’organisation : pouvoir prendre des rendez-vous quand je le souhaite, travailler le soir à la maison… C’est vraiment la liberté qui a primé.
2- Finalement, est-ce que ça n’est pas l’envie d’être une maman disponible, plus présente pour ses enfants, qui t’a décidé à devenir entrepreneure ?
La naissance des enfants, a effectivement créé le déclic ! Bien sûr, on a envie d’être plus présente car c’est très frustrant de louper des moments de vie. Ça, c’est clair !
Il y a une certaine gestion du temps, lorsque l’on est maman-entrepreneure. Ça n’est pas rien !
Alors, on est plus présente ! On a une certaine souplesse d’organisation. On s’autorise plus facilement de faire certaines choses, qu’on ne pouvait faire en tant que salariée.
Donc pour toi, ça n’est pas forcément le fait d’être maman, qui t’a fait devenir entrepreneure. Qu’est-ce qui t’a vraiment poussé à le devenir ?
C’est un gros questionnement global ! Ce qui m’a poussé à devenir entrepreneure vient du cœur ! Une envie d’entreprendre, une envie de se dépasser, une ambition. C’est au-delà d’un choix de vie. On ne crée pas son entreprise, juste pour choisir ses horaires de travail ! Non ! Il faut vraiment que ça vienne des tripes sinon, il y a de forte chance pour se casser la figure ! Il faut vraiment avoir une grosse envie d’entreprendre. Il faut que l’envie soit plus forte que la peur et envisager sa vie autrement.
Il ne faut surtout pas passer à côté de sa vie, c’est surtout ça la clé !
Il faut se poser les bonnes questions – encore plus, quand on a des enfants ! – car en grandissant, on perd un peu certains idéaux de vie. Il faut se questionner sur le sens de sa vie, sur son rapport au travail…
3- Justement, n’y a-t-il pas un risque plus marqué lorsque l’on crée son entreprise avec deux enfants en bas âges ?
Un plus gros risque ? Je pense qu’il ne faut pas l’envisager de cette manière. Tout dépend de son projet. Personnellement, je ne l’ai pas vu comme ça. J’avais parfois des réflexions de l’extérieur sur cette situation, certes, mais je ne le voyais pas du tout comme ça.
Tu le voyais plutôt comment ?
J’ai pris un congé parental, pour profiter pleinement des premiers mois avec ma fille. A cette période, je me sentais un peu en marge de la société. Ca m’a permis de me centrer sur mes envies profondes, et de ne pas rester dans une routine déplaisante : « métro/boulot/dodo ». Quand ma fille a eu 4 mois, j’ai décidé d’entreprendre. Je me suis donc formée, j’ai ficelé le projet, préparé l’ante-projet et me suis lancée. Ca a pris un an ! Avec cette façon de procéder, je n’ai pas vu la création d’entreprise comme un risque.
4- Qu’est-ce qui a fait que tu as tenu bon, que tu as relevé le défi et que tu as pu jongler entre la casquette de maman et d’entrepreneure ?
Ce qui m’a permis d’y arriver, c’est mon conjoint ! Comme il a des horaires souples, au niveau de la logistique, ça m’a beaucoup aidé. Et puis c’est un soutien moral aussi ! ( sourire )
Ce qui m’a aussi aidé, c’est tout le réseau de femmes entrepreneurs que je me suis constitué. C’est à elles, que je me confiais en période de doutes. Ce qui fait, que je me sentais moins seule aussi ! Le fait de partager ses sentiments, avec des personnes qui sont dans le même bateau, ça m’a vraiment aidé. Puis j’ai monté mon projet avec l’aide d’un réseau aussi. Je trouve que c’est une phase très importante, de se faire accompagner en ante-création. Non seulement pour le côté formalité mais aussi pour les postures entrepreneuriales, la cohérence entre soi-même et son projet.
Est-ce que parfois, tu souhaites revenir à ton ancienne toi ?
( rires !) Jamais de la vie ! Ah non, du tout ! ( rires )
Avant, il y avait forcément le confort du salaire, qui reste tous les mois le même lorsque l’on est salariée. Ça c’était très confortable ! C’est cet aspect-là qui fait parfois peur mais il faut le dépasser. On peut entreprendre de différentes manières, et se rémunérer autrement.
Il n’y a pas d’école pour monter sa boîte, pour entreprendre. Il faut tenter l’aventure, ne pas attendre le produit parfait. Il faut y aller ! Il faut oser, être autodidacte.
Au départ quand on ne génère rien, on apprend à vivre autrement. On a une autre façon de consommer. On fait beaucoup de développement personnel quand on est à son compte ! ( rires ) On arrive à se dépasser et à se connaître de mieux en mieux. J’ai gagné en compétences sur beaucoup d’aspects, c’est vraiment formateur.
5- Si tu avais un conseil à donner à nos lectrices, jeunes mamans ou en devenir, qui souhaitent se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise, quel serait-il ?
Ne pas se poser de question : il faut arrêter de se poser des questions. On entreprend par passion. Si l’on veut y aller, c’est parce qu’on a une force intérieure, qui nous pousse à le faire. On s’en sent capable. Aujourd’hui, on peut entreprendre de milles façons ! On peut créer une association, créer une micro-entreprise, être associée ou freelance. En un clic, on crée son entreprise… A mon sens, il ne faut pas se poser trop de questions, ni attendre le produit parfait ! Il faut avoir un mental d’acier, une persévérance de choc et être prête !