Émilie Banet est co-dirigeante de la société OLEM Consult. Elle accompagne, entre autre, les entreprises et les particuliers dans le management et la conduite du changement. Pour elle, nos craintes sont des freins dans l’obtention de nos objectifs de vie. Le manque de légitimité, en premier lieu. Un travail sur la confiance en soi et en ses compétences est donc nécessaire pour avancer.
1- Il y a quelque chose de paradoxale entre Émilie “l’entrepreneure” et Emilie “la femme de tous les jours”. Est-ce que tu peux m’en dire plus?
Oui. Entre Émilie “l’entrepreneure” qui a le goût du challenge, l’envie d’évoluer et d’avancer et Émilie “la femme de tous les jours” qui, elle, a un problème de légitimité et de confiance en soi, il n’y a qu’un gap. C’est un peu le drame de ma vie (rires) ! Un paradoxe qui me va plutôt bien.
Aujourd’hui, j’évolue en tant que coach et formatrice professionnelle en entreprise. Mon but est d’intervenir auprès des entreprises et des organismes de formation sur des questions de management, sur du développement personnel, sur les softskills. Notamment en anglais car, j’ai la chance de maitriser cette langue.
J’évolue tous les jours, j’apprends, j’ai de bons retours clients. C’est ce qui me donne confiance en moi. Quelque part, c’est comme si la boucle était bouclée.
2- Comment as-tu réussi à passer au-dessus de tes propres craintes pour réussir et exceller dans ton domaine ?
Avec beaucoup d’interrogations, d’organisation, de travail sur moi et de remises en question… Et un peu de sagesse aussi, bien sûr (rires) ! J’ai une capacité de résilience assez marquée.
J’ai trouvé ma voie. Je suis bien dans ce que je fais, j’ai envie que cela fonctionne. Ce que je veux surtout, c’est de ne pas avoir de regret. Je trouve qu’il n’y a rien de pire. Je suis plutôt quelqu’un qui ose. Si ça ne marche pas, ce n’est pas grave.
Ce qui m’a aidé, toutefois, à conscientiser ma posture entrepreneuriale ce sont les retours clients ou d’élèves, lorsque je dispensais des cours ou des formations en management et la conduite du changement. Les retours étaient tellement positifs qu’ils m’ont aidée à aller plus loin. J’ai, à partir de ce moment-là, arrêté de me préoccuper du regard des autres. J’ai arrêté d’avoir peur. Le gens m’appréciaient pour qui j’étais. C’est l’essentiel !
Le fait, en plus, de travailler pour soi, pour son entreprise, joue un rôle essentiel dans la posture. Aujourd’hui, c’est mon image, mon savoir-faire et mon savoir-être qui sont en première ligne. Choses auxquelles on ne pense pas lorsque l’on est salarié (sourire). La reconnaissance est aux abonnés absents et c’est bien dommage.
Le statut d’entrepreneur m’aide aussi à me pousser dans mes retranchements : me mettre en avant, parler de moi, mes services, mon entreprise… Ça, c’est ce qui me plait. C’est très challengeant ! Je me sens plus légitime.
3- Sont-ce des outils, outre ton master, qui permettent aujourd’hui d’aider tes clients à prendre confiance en eux ?
Je pense que c’est surtout la remise en question. Un vrai travail fait sur moi-même qui m’a permis d’avancer. Je me suis vraiment posée les bonnes questions : qu’est-ce que je voulais aujourd’hui ? De quoi ai-je besoin ?… Je me suis aussi demandée, si j’étais encore bien alignée avec mes valeurs. J’avais ce besoin viscérale de revenir à moi-même. Une vraie introspection.
Cette schéma de pensée, je l’applique à mes clients. Mon objectif est de les guider et de les accompagner vers leurs propres réflexions. Je les aide à trouver qui il sont, comme je me suis trouvée moi. Bien évidemment, je mêle mes techniques de coach et toute mon expertise apprise au travers de mes études. Mes suivis sont toujours personnalisés. Je sélectionne les outils et les exercices en fonction des clients.
En revanche, je ne vais pas dans l’introspection psychologique. Ce n’est pas mon métier. Je ne questionne pas sur le passé. Je me concentre sur le présent pour préparer l’avenir. J’aide mes clients à trouver des leviers pour passer à l’action. C’est le travail de l’anamnèse : accompagner la personne à parler d’elle, de son vécu. De la questionner, de l’intérerroger et d’établir l’état présent pour préparer l’avenir. Cette étape engendre souvent des prises de conscience.
Selon les personnes, le travail se fera différemment. Certaines se livrent plus facilement que d’autres.
4- Selon toi, est-ce un mal de notre société : le manque de confiance en soi ?
Oui, je pense. Aujourd’hui, beaucoup de monde manque de confiance en lui. Nous vivons dans un monde où tout va très vite. Sur Internet, sur les réseaux sociaux, partout où nous regardons, nous devons nous conformer à des normes injonctives. Le manque de confiance en soi, de fait, peu vite être exacerbé. Souvent, d’ailleurs, les gens qui en souffrent, n’osent pas se l’avouer. Sauf que, quand on est entrepreneur, cela peut vite devenir bloquant.
5- Si tu avais des conseils à donner à des femmes entrepreneures, qu’est-ce que tu leur dirais ?
D’avoir confiance en elles : avoir peur est tout à fait normal. Cependant, ne pas tenter l’aventure est une erreur. C’est une expérience de vie qui vaut le coup. Ne pas y arriver, n’est pas un échec. C’est une expérience de plus dans la vie. Essayer est le seul conseil que je pourrai donner à ce stade. Cette aventure les fera grandir quoiqu’il arrive. Elles gagneront un enseignement qu’elles ne trouveront pas ailleurs. Bon ou mauvais. Avoir ce regard sur l’entrepreneuriat permet d’être résiliante et de remonter les pentes difficiles. De toute façon, nous ne ferons pas les mêmes erreurs deux fois. On acquiert, quoiqu’il en soit, une forme de sagesse par l’entrepreneuriat.