Élisabeth Biscarrat est l’heureuse gagnante de Masterchef 2011. Après une apparition télévisée plus que réussie, elle décide de changer de carrière et d’ouvrir sa propre boutique de macarons, à Strasbourg : Macarons Inspiration. Une reconversion professionnelle pleine d’audace, mais aussi une maman et une cheffe d’entreprise épanouie. Élisabeth nous raconte son parcours atypique d’entrepreneure. Témoignage.
1- Élisabeth, il y a 10 ans, vous étiez infirmière avant d’être à votre compte comme cheffe pâtissière. Quel a été le vecteur de ce changement de vie ?
Simplement le fait que l’on n’ait qu’une vie ! ( rires ) Personnellement, j’en ai eu deux ! ( sourire ) Mais généralement, on n’en a qu’une et donc il faut absolument faire ce qui nous plaît et ce que l’on aime. C’est « grâce » à mon arrêt cardiaque que j’ai décidé de changer de métier. Je pense que je n’aurai pas eu le courage sinon ! Pourtant, j’adorais être infirmière.
J’ai fait une conférence d’ailleurs à Paris, pour les femmes qui voulaient changer de métier. C’était une conférence sur l’entrepreneuriat féminin. Ce qui était impressionnant, c’est que tous les intervenants avaient en commun d’avoir vécu un drame ou une histoire difficile : la maladie, la perte d’un enfant, un souci professionnel… C’est quand même dommage de devoir subir une expérience atroce, pour se rendre compte que l’on n’a qu’une vie, et oser ! Pour les gens qui ont vécu des choses difficiles, relativiser devient le mot d’ordre. À mon sens, c’est quand même difficile de trouver plus grave que la mort et la maladie. Il faut donc en profiter ! J’avais ce rêve d’ouvrir mon propre magasin de macarons à Strasbourg… eh bien, je l’ai fait ! (sourire)
2- Comment se gère une reconversion professionnelle, lorsque l’on est maman ?
On dort peu et on boit beaucoup de café ! (rires) Plus sérieusement, on ne compte pas ses heures. Du tout ! Il faut être organisée, rigoureuse, avoir des enfants et un compagnon très compréhensifs. Et ça, ce n’est pas facile tous les jours.
Ceci dit, après avoir gagné l’émission Masterchef de 2011, j’ai suivi une formation de pâtisserie. Notamment chez Le Nôtre, à Paris. (sourire) À cette époque, je n’avais aucune connaissance en gestion. J’ai donc suivi la formation, à l’époque obligatoire, de la Chambre des Métiers : une semaine de droit, une semaine de comptabilité, etc… Il m’a fallu être super-convaincue et motivée car c’était sans compter mon rôle de maman et d’épouse !
D’ailleurs être cheffe d’entreprise, pour le conjoint, c’est compliqué à gérer. Le mieux, c’est d’avoir un conjoint lui-même entrepreneur ! J’ai été avec des hommes qui n’ont pas été chefs d’entreprise et pour eux, ça été très difficile de comprendre: ne serait-ce que les nuits blanches, pour régler certains soucis du quotidien… Je pense vraiment que d’avoir un conjoint, chef d’entreprise, ça aide. D’ailleurs je pense que pour une femme, être cheffe d’entreprise – et j’ai beaucoup de copines, cheffes d’entreprise, qui le disent !-, ça ne plaît pas aux hommes ! Du coup, il faut être doublement forte : forte dans son rôle de cheffe d’une entreprise ; forte, dans son rôle de maman et d’épouse, une fois chez soi. Je pense honnêtement que ce n’est pas simple d’être à la fois une maman, une femme et une cheffe d’entreprise.
Du coup, comment on se sent lorsque l’on arrive avec son idée d’entreprise mais dans un monde que l’on ne connaît pas ?
On est réellement paumée ! ( rires ) L’Urssaf, tout le monde en parle mais personne ne sait vraiment ce que c’est, la répression des fraudes, les contrôles d’hygiène etc… On s’aperçoit vite que ça existe et que les gens viennent vraiment vérifier ! ( rires ) Non mais plus sérieusement, au début on apprend. Ça fait du bien et ça fait peur en même temps. Ensuite, ça devient une routine ! Mais bon, pour être franche, j’apprends mon métier de cheffe d’entreprise tous les jours !
3- N’est-ce pas difficile de cumuler la triple casquette : maman, entrepreneure et cheffe pâtissière ?
Très bonne question ! Personnellement, je gère un peu la maison comme je gère la société ! (sourire) C’est-à-dire que c’est carré, organisé et planifié ! J’essaie de ne pas trop planifier les loisirs mais comme je travaille beaucoup, je n’en ai pas beaucoup… mais les tâches du quotidien : les courses, les lessives, le ménage… tout est organisé ! Je crois que je suis très efficace ! ( rires ) Par exemple, je cuisine hyper vite ! C’est l’épreuve de Master Chef, tous les jours dans ma cuisine ! ( rires ) En réalité, j’adore être maman et j’adore être cheffe d’entreprise ! Donc en vérité, je n’ai pas de contrainte ! Et puis, j’ai des enfants qui sont cools ! Ça aide aussi. ( sourire )
Des enfants, à qui vous expliquez ce qu’est le métier de cheffe d’entreprise ?
Oui complètement ! Je leur raconte tout. Après, je ne suis pas sûre que tout les intéresse, ça dépend du sujet, mais en général, je leur partage tout. Je leur dis ce qui est bien, comme ce qu’il y a de plus compliqué. Les rencontres que je fais aussi ! On rencontre énormément de monde lorsque l’on est cheffe d’entreprise : des gens enrichissants comme des gens compliqués.
En tout cas, je pars du principe que l’on apprend sur tout. C’est, du moins, ce que j’essaie de leur transmettre. Et ce qui est sûr, c’est qu’elles savent qu’il faut bosser ! Pour ce qui est de l’absence, j’essaie de m’arranger avec leur papa. Je leur explique que dans la vie, on a des contraintes. Ça sert de mode d’éducation je trouve…
4- Comment avez-vous géré le passage de l’ombre à la lumière ?
On passe dans un monde complètement inconnu ! (rires) Pour preuve : ma maman qui habite à Metz, est arrêtée quand elle est dans la rue. Les gens lui demandent de me passer le bonjour ! Sauf que je ne les connais pas ! (rires)
Il est vrai que quand les émissions passaient à la télévision, c’était compliqué ! Le regard des autres changeait. Les gens pensent, à tort d’ailleurs, que parce que vous passez à la télé, vous avez une vie de palace ! Alors qu’en fait, de votre côté, rien ne change. Par contre, la perception qu’ont les gens de vous, change ! Même dans la sphère amicale ! Certains amis vous quittent parce qu’ils ne veulent pas être associés à vous ! Juste parce que vous être connue !
Donc il y a un « ménage naturel » qui s’installe, à partir de là ?
Oui, c’est très compliqué ! Pour le papa de mes enfants, à l’époque, c’était très compliqué parce qu’on ne parlait que de moi. Il s’est effacé à cause de cette notoriété construite par la télévision et cette émission. Je pense que ça a été super dur pour lui, à ce moment-là ! Et moi, je ne pouvais rien faire ! Alors après, je ne vais pas le cacher, il y a des aspects super-agréables ! Les gens sont gentils, très bienveillants, vous êtes invitée sur les plateaux télé etc… Et puis le fait d’être madame tout le monde et de sortir de nulle part a, je pense, accentué cet effet ! Tout le monde pouvait s’identifier ! Ça en a poussé certaines à se lancer dans l’entrepreneuriat.
5- Justement, si vous aviez un conseil à donner aux femmes qui, comme vous, décident de tout plaquer et de faire une reconversion professionnelle, quel serait-il ?
D’être sûre, à 3 000 % de son projet : je me souviens, lorsque j’ai présenté mon projet à mon expert-comptable… j’étais très stressée. Il faut vraiment pouvoir convaincre les banques ! Heureusement, je sortais de Masterchef, donc je n’ai pas eu à convaincre les banques. Mais dans le cas où vous n’avez pas la chance de gagner un jeu-concours télévisé, c’est difficile ! Il faut être sûre de son étude de marché et être sûre de ne pas se planter ! Il ne faut pas avoir peur de beaucoup travailler, ne pas avoir peur de ne pas se verser de salaire… mais si l’on est sûre de soi, ce n’est pas insurmontable ! Il ne faut pas oublier, que rien n’est impossible !