Béatrice Constant est assistante juridique à son compte depuis 2023, en Charente. Après avoir évoluée sur son poste grâce à l’obtention de diplômes spécifiques, c’est tout naturellement qu’elle s’est lancée à son compte pour aider administrativement et juridiquement les cabinets d’avocats. Fière de son métier, elle dépoussière les codes du secteur juridique et le fait passer de l’ombre à la lumière. 

1- Béatrice tu as lancé ton entreprise d’assistante juridique, il y a 1 an maintenant. Qu’est-ce qui a été le déclencheur ?

Cela faisait un petit moment que j’y pensais. Je voyais bien que cela commençait à se pratiquer. Le déclencheur est ma famille. J’ai longtemps travaillé comme assistante juridique, 13 ans en cabinet d’avocats, au détriment d’elle. J’avais envie de prioriser ma vie autrement. Et là, je remercie le confinement (sourire) ! Il a démontré que mon métier pouvait être exécuté à distance. 

C’est vrai, après tout ! La Covid nous a permis de prendre le virage du changement et de “dépoussiérer” l’image de la secrétaire juridique. 

Aujourd’hui je suis à mon compte, je gère mon temps, mes collaborations. Je travaille avec plusieurs cabinets d’avocats différents et cela se passe très bien. Je multiplie ainsi des méthodes de travail plus variés. Par ce biais, je montre que l’on peut donc faire évoluer notre métier (sourire).

2- Tu as gravis tous les échelons de ton métier, le tout avec un parcours atypique. Est-ce une force aujourd’hui ?

Complètement (sourire). Je suis plus flexible et je m’adapte plus vite à mes différents interlocuteurs. Rencontrer des obstacles sur son chemin, ça forge toujours un caractère, une personnalité. Ça permet de gagner en expérience, privé ou professionnelle d’ailleurs. 

Le fait d’avoir passé des diplômes, et donc d‘avoir repris des études, est une expérience à part entière. J’ai beaucoup appris sur moi, mes capacités et ma résilience. Mais j’en suis ravie ! Aujourd’hui j’ai de nouvelles fonctions, de nouvelles responsabilités. Mon travail est plus variés. Je me suis enrichis, intellectuellement et en pratique aussi. 

3- Donc finalement, ton expérience professionnelle est la base de cette création d’entreprise. Est-ce que l’on peut dire que ce constat est l’histoire même de ton entreprise ? Pourquoi ?

Oui. Certaines expériences de vie ne sont vécues que pour vous faire évoluer. Grâce à elles, je peux appliquer un environnement de travail aligné avec mes valeurs. C’est ce qui contribue à l’évolution du métier d’assistante juridique aussi. C’est un métier de l’ombre certes, mais un métier vivant. Il se doit donc d’évoluer avec son temps. Si ce n’est pas nous, assistantes et assistants juridiques, qui le faisons évoluer, qui le fera ? Cela doit faire partie de nos devoirs.

4- Au-delà du métier en lui-même, pourquoi vouloir prendre la parole maintenant ? En quoi est-ce important de reconnaitre et de visibiliser ce métier ?

Tout simplement parce qu’il n’est pas jugé à sa juste valeur. Le métier d’assistante juridique est un métier de l’ombre. Peu connu. Preuve en est, les gens sont incapables de le définir correctement. Nous avons des responsabilités juridiques. Je veux que le métier soit enfin reconnu et estimé. 

Il ne faudrait pas oublier que nous sommes des piliers pour les avocats. Nous faisons partie d’une équipe, nous jouons collectif. Je veux donc ici montrer que nous sommes tout aussi important que les autres dans la vie d’un cabinet d’avocats. Au-delà du métier, c’est aussi une façon pour moi de valoriser les personnes qui exercent ce métier.

5- Si tu avais un conseil à donner à des femmes qui, comme toi, entreprennent dans des secteurs encore invisibles, qu’est-ce que tu leur dirais ?

De faire bouger les choses : chaque métier a ses propres freins et difficultés. C’est bien dommage mais c’est une réalité. Valoriser son métier est une base pour le faire évoluer et espérer en tirer partie. Nous devrions nous battre pour faire valoir nos métiers et notre savoir-faire, sans avoir peur des jugements et du regard des autres. Il serait temps que les choses changent.