Andréa Chemali est cofondatrice d’un concept de marché urbain et équitable, en Suisse. Après des études universitaires et un premier job dans le secteur bancaire, elle décide de franchir le pas et de lancer sa propre entreprise : Le Gram. Aujourd’hui elle nous démontre qu’il est possible d’entreprendre, sans aide financière d’aucune sorte. Témoignage.
1- Andréa, tu es la cofondatrice d’un concept de marché urbain et équitable, appelé Le Gram, en Suisse. Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir entrepreneure ?
Simplement le besoin d’être créative ! Être créative dans mon travail, sortir des sentiers battus et ne pas avoir de cahier des charges, à proprement dit, à respecter. C’est souvent ce qui se passe dans le corporate ! Tu as un cahier des charges que tu dois suivre et surtout ne pas en sortir. Même si tes propositions sont mieux… Le fait de me mettre à mon compte, était aussi pour moi, une façon de faire ce qui me semblait le mieux. Et de faire surtout quelque chose qui me correspond !
2- Est-ce facile d’entreprendre en Suisse ?
C’est une bonne question ! ( rires ). Je pense que ça dépend du background ( expériences passées ) que tu peux avoir et du soutien que tu as, en parallèle de ton projet. Dans l’ensemble mon associé et moi, on n’a pas trouvé que c’était forcément compliqué… En fait, je dirai que la création d’entreprise est simple et compliquée à la fois ! ( rires ). En plus en Suisse, aujourd’hui, il existe des startups qui essayent de faciliter la création d’entreprise. Principalement les parties administratives. Nous sommes passés par l’intermédiaire d’une de ces startups, pour créer l’entreprise ! C’est quand même facilitant !
3- La Suisse, comparée à d’autres pays peut-être, forme-t-elle à l’entrepreneuriat et les aléas de la création d’entreprise ?
Oui ! Relativement je pense ! ( sourire ). Je ne sais pas si l’on est complètement préparé mais en tout cas, je pense que ça fait partie des mentalités suisses. Ici, se dire que créer une entreprise est une option et que c’est faisable, c’est dans les mentalités. Les gens ont tendance à le faire ! C’est pour ça, je pense, que les formations professionnelles, comme les cursus universitaires, sont axées sur l’entrepreneuriat. Donc globalement, je dirai oui ! ( sourire ). Et puis, l’entrepreneuriat est ancré dans les traditions et le système suisse. Ici, seulement 20 % de la population font des études universitaires. Le reste de la population se forme via les CFC ( Certificat Fédéral de Capacités ). Ces CFC permettent d’acquérir des qualifications techniques, dans des domaines précis, cumulées à des compétences entrepreneuriales. Les gens savent donc qu’il est possible de créer son entreprise, sans passer par l’université. Je connais beaucoup de patrons suisses d’ailleurs, qui n’ont pas fait d’études supérieures ! Notre système valorise très bien l’entrepreneuriat et le rend accessible pour tous !
3- Est-ce que, lorsque l’on est jeune entrepreneure comme toi et en prototypage de concept d’entreprise, on a un filet de sécurité financier ?
Non ! Absolument pas ! ( rires ). On est un peu tout seul….
Comment vit-on alors en Suisse, quand on est jeune cheffe d’entreprise et sans aucune ressource financière ?
Tout est une question d’organisation ! Personnellement, j’ai travaillé pendant deux ans, pour mettre de l’argent de côté. Ce qui m’a permis de le réinvestir dans ce projet et de vivre avec. Mon associé a fait la même chose d’ailleurs ! Pourtant, il y a eu une période en Suisse où le système poussait les jeunes à entreprendre : à cette époque, il y avait des aides financières. Tu pouvais donc être au chômage et monter ton entreprise sans souci. Aujourd’hui, cela n’est plus le cas ! Il vaut mieux anticiper pour créer, que de créer et de peiner !
5- Si tu avais un conseil à donner aux femmes qui souhaitent se lancer dans la création d’une entreprise, sans ressource financière en guise de filet de sécurité, quel serait-il ?
De se créer son propre filet de sécurité : il n’est pas interdit de travailler en parallèle de sa création d’entreprise. En Suisse, beaucoup de jeunes entrepreneurs font ça ! Il travaille à 50 % dans un job dit « alimentaire » et les 50 % restant, pour leur entreprise. Personnellement, c’est ce que j’ai fait pendant deux ans et demi. J’ai lâché mon deuxième travail, seulement deux semaines avant l’ouverture officielle du Gram. Je dirai aussi qu’il faut savoir prendre des risques et se faire confiance ! En général, quand on est habité par une idée de création d’entreprise, il faut s’écouter et se lancer !