Être entrepreneure et perfectionniste : comment ne pas se piéger soi-même ?

juin 11, 2025

De nombreuses femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat veulent offrir le meilleur d’elles-mêmes. Mais ce perfectionnisme, souvent perçu comme une qualité, peut rapidement devenir un frein. Sur le terrain, il se manifeste dès les premières étapes de création ou de développement. Cela arrive à toutes, quel que soit le secteur ou le niveau d’expérience. Comprendre ce mécanisme et apprendre à le réguler est une clé essentielle pour entreprendre avec équilibre.

Le perfectionnisme peut sembler vertueux au premier abord : chercher l’excellence, vouloir livrer une qualité irréprochable, ne rien laisser au hasard. Pourtant, chez beaucoup d’entrepreneures, il devient rapidement une impasse. Il pousse à repousser le lancement d’une offre parce que le site internet « n’est pas encore assez beau », à retravailler indéfiniment un logo, à attendre la validation d’un projet avant même de le tester. Cela conduit à de la paralysie. Ce n’est pas un manque d’ambition : au contraire, c’est souvent la peur de mal faire qui étouffe l’élan initial.

Quand le perfectionnisme ralentit plus qu’il ne sécurise

Souvent, derrière ce besoin de perfection se cache une peur du jugement ou de l’échec. L’entrepreneure cherche à se protéger d’une éventuelle critique. Mais s’empêche, par la même occasion, de se confronter à la réalité du marché. Et c’est là que le bât blesse : sans test, sans confrontation au terrain, pas de feedback, pas d’évolution. En voulant trop bien faire, on finit par ne rien faire. Le perfectionnisme, dans ce cas, devient un mécanisme de sabotage insidieux.

L’énergie est précieuse. Le perfectionnisme, lui, épuise. Il consomme du temps, de la motivation, de la confiance. Sortir du mode « tout doit être parfait » permet de récupérer cette énergie pour des actions réellement stratégiques : développer son offre, renforcer sa visibilité, écouter ses clients.

Entre exigence et mouvement : trouver le bon équilibre

L’alternative au perfectionnisme, ce n’est pas la négligence. C’est la justesse. Il ne s’agit pas de faire les choses à moitié, mais d’accepter qu’un premier jet imparfait vaut mieux qu’un chef-d’œuvre jamais livré. Dans le monde entrepreneurial, avancer avec des versions « testables » permet d’ajuster en cours de route. C’est ce qu’on appelle la méthode du MVP (Minimum Viable Product) : sortir une version fonctionnelle, l’expérimenter, puis l’améliorer.

Se fixer des délais réalistes et s’y tenir est une autre manière de ne pas laisser le perfectionnisme prendre le pouvoir. Sans deadline, l’auto-exigence devient sans fin. Le cerveau peut toujours trouver une amélioration à apporter. Or, le but d’une entrepreneure n’est pas de créer l’outil parfait, mais de répondre à un besoin, de résoudre un problème, de créer de la valeur.

Avancer avec audace mais sans peur

Pour sortir de ce cercle, il faut transformer son rapport à l’action. Produire du contenu imparfait, proposer une offre encore en évolution. Tout cela ne remet pas en cause la compétence ou la crédibilité d’une entrepreneure. Au contraire, cela humanise, cela crée du lien, cela montre qu’on est dans une démarche vivante et vraie.

Accepter d’avancer « en marchant » demande du courage : celui de faire face à l’imprévu, de répondre à la critique, de revoir ses plans. Mais c’est justement cette posture qui permet de construire une entreprise résiliente. Une entrepreneure qui agit avec lucidité accepte de se tromper, de réajuster, de recommencer. Elle ne s’identifie pas à ses erreurs, elle en fait des outils d’apprentissage.

Le perfectionnisme n’est pas un défaut en soi, mais un piège quand il freine plus qu’il ne stimule. Il peut donner l’illusion de protéger, alors qu’il ralentit l’élan, use l’énergie et étouffe la créativité. En entreprenariat, c’est l’action qui compte, pas la perfection. Mieux vaut tester, ajuster et évoluer que rester figée dans le perfectionnisme et l’attente du moment idéal.

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