À l’heure des bonnes résolutions de l’année, une seule me semble essentielle à tenir : prendre soin de soi. Ce qui veut dire prendre soin de sa santé mais aussi, de sa santé intime et sexuelle. Une résolution qui sonne comme une évidence mais qui pourtant, est loin de l’être. Surtout pour les femmes et pour cause…
En matière de santé, les femmes souffrent d’inégalités liées au sexe et plus généralement au genre. Oui, l’androcentrisme de notre modèle médical et de l’organisation patriarcale de notre société ont des répercussions quotidiennes sur notre santé et notre santé intime.
60% des femmes renoncent encore à leur santé intime
Comment ça ? Parce que nous sommes « programmées » pour nous occuper des autres (81% des femmes se préoccupent de la santé de leurs proches avant la leur). Nous travaillons, tout en gérant encore davantage les enfants et les tâches ménagères. De fait, 60% d’entre nous renoncent ou renonceront au cours de leur vie à des soins gynécologiques, faute de temps ou de pouvoir trouver rapidement un RDV. Un renoncement de la santé intime qui porte à 76% sur les visites de dépistage et de contrôle. Et c’est parce que nous ne sommes pas assez informées, que nous ne nous écoutons pas, que nous minimisons nos symptômes que nous mourrons davantage de maladies cardio-vasculaires que les hommes… À méditer !
Voilà pourquoi il est essentiel de nous intéresser à notre santé, à notre corps. Priorisons-nous pour nous soigner et ne zapper aucun examen de prévention.
« En tant que femme, vous êtes plus exposée aux erreurs et retards de diagnostic, aux traitements inappropriés et aux complications dans des situations médicales courantes. Pour être sûre de recevoir les bons traitements, vous devez savoir en quoi votre corps fonctionne différemment de celui d’un homme et quelles questions simples poser. Dans certains cas, cela pourrait vous sauver la vie ».
Le sexe de la santé, Alyson McGregor
Côté soignants, cette même méconnaissance des symptômes spécifiques, le manque d’écoute et les biais du genre – « elle est épuisée, bah, c’est normal, avec tout ce qu’elle gère ! » – augmentent les risques de sous ou de mauvais diagnostic. Sans parler du retard pris par la médecine qui a trop longtemps été celle des hommes (sans H), excluant les femmes des investigations cliniques et négligeant certaines pathologies féminines comme l’endométriose ou le SOPK.
La santé intime, un réel impacte professionnel
La double peine de la santé intime des femmes consiste à penser, collectivement, que leurs douleurs sont uniquement personnelles quand elles affectent aussi leur vie professionnelle.
Pourtant, 64% des Françaises actives de plus de 40 ans sont ménopausées. Parmi elles, 1 sur 2 est impactée par sa ménopause dans son travail. Moins d’1 sur 4 ose en parler librement de sa santé intime dans son cercle professionnel par pudeur ou par peur d’inutilité.
Nous pourrions aussi évoquer les 46% de patientes en parcours de PMA qui, par manque de confiance dans la compréhension de leur employeur, préfèrent mentir pour justifier leurs absence. 35% finissent, par la suite, par démissionner.
Voilà pourquoi il est essentiel de devenir, en tant que femmes, en tant que dirigeantes, managers, les avocates d’une meilleure prise en compte de notre santé intime. Y compris dans nos entreprises ! Pour soi et pour les autres, donnons-nous les moyens d’aller le mieux possible. Pour tout le monde, avançons vers une société plus d’empathique.
Nous n’avons qu’un corps et qu’une vie. N’oubliez pas que les sphères professionnelles et personnelles ne sont pas hermétiques. Rien n’est plus efficace pour faire bouger les lignes, que la prise de conscience et l’engagement. Engageons-nous pour une santé intime des femmes moins tabou !