Le secteur viticole est un des secteurs d’activité le plus touchés par la crise économique. Pour aider à passer le cap, la région Grand Est réaffirme son soutien et crée un plan de relance qui devrait déboucher sur une aide financière de 7,7 millions d’euros, en faveur de la viticulture. Mais ce dispositif sera-t-il suffisant pour sauver ce secteur ?
Comme beaucoup de secteurs d’activité artisanaux, les vignobles du Grand Est ont été fortement touchés par la crise de la Covid-19. L’interruption totale de l’oenotourisme, très développé sur le territoire alsacien, la fermeture des hôtels et des restaurants, l’annulation des manifestations autour du vin et des salons professionnels, ou encore l’annulation de prestataires ont entrainé de grosses difficultés. On parle ici d’une perte sèche, qui s’élevait déjà en juin dernier à 70 millions d’euros. Des difficultés de trésorerie mais surtout l’augmentation des stocks de vins, à des niveaux critiques. L’incertitude gagne donc du terrain chez les vignerons, d’autant plus que la reprise du tourisme et de la restauration se fait timidement !
Le cri d’alerte du secteur viticole
C’est bien un cri d’alerte qui a été lancé par le Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace, le Syndicat des vignerons indépendants d’Alsace, le Groupement des producteurs-négociateurs du vignoble alsacien et la Fédération des coopératives vinicoles d’Alsace, à Jean Rottner, président du conseil régional du Grand Est. Car ce sont des pertes sèches lourdes, que le confinement a fait subir à ce secteur … C’est pourquoi, lors d’une rencontre au domaine Domaine Jacques Bauer Père et Fils à Herrlisheim-près-Colmar, ce dernier a souhaité trouver des solutions et réaffirmer le soutien de la région à la filière, avec une enveloppe d’aide qui s’élèverait à 7,7 millions d’euros.
Un plan de relance pour réaffirmer le soutien
Ce crie d’alerte a donc posé les premiers jalons, de ce qui sera le plan de relance de la viticulture Grand Est de 2019-2021 (contrat signé le 17 décembre dernier). Selon le communiqué de presse du Grand Est, ce plan de relance pourrait atteindre les 7,7 millions d’euros, avec notamment l’engagement financier de l’Interprofession, pour :
- renforcer l’ambition commerciale du vignoble avec des aides à l’export, à la promotion, aux salons professionnels ;
- soutenir les investissements en viticulture, pour accélérer la transition environnementale et numérique ;
- apporter une expertise de diagnostic-conseils pour les viticulteurs et aider à l’orientation de la gestion et de la stratégie des entreprises ;
- accompagner l’oenotourisme et la valorisation du patrimoine, à travers la destination Alsace.
Mais ce plan sera-t-il suffisant pour sauver ce secteur ?
La distillerie de crise, une solution de secours
En attendant des jours meilleurs, les domaines alsaciens ont été autorisés par l’État, à distiller une partie de leur stock. Une première sur le territoire alsacien, qui s’est toujours refusé à recourir à la distillation de crise ! Car les rendements sont bel et bien là, mais les débouchés peu existants. Que faire donc de cet excédent de stock ?
Certains viticulteurs ont déjà pris les devants en procédant aux vendanges vertes. C’est-à-dire, de procéder à la baisse des rendements de la vigne, de manière artificielle (en élevant les doubles bourgeons ou bien, certaines grappes encore vertes). D’autres encore, ont misé sur le e-commerce ou bien le Drive pendant le confinement, les livraisons à domicile ou écoulé leurs vins, chez les commerçants locaux. Mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi l’État a donné son avale pour des distillations de crise : depuis le 4 juin dernier, 33 distillateurs agréés en France collectent du vin et le distillent. Un dispositif exceptionnel, permis par Bruxelles et financé par les fonds publics européens pour que le dispositif puisse s’étendre jusqu’au 15 octobre prochain.
Même si les indemnisations de ces distillations de crise sont inférieures au coût de production du vin Alsacien, cela est vu comme une solution à ne pas négliger en cette période de crise. Ainsi, l’alcool issu de ces distillations sera exclusivement réservé à l’industrie pour la fabrication de bioéthanol ou pour les pharmacies et les cosmétiques, pour la production de gel hydroalcoolique.
Le secteur viticole est un des secteurs d’activité les plus touchés par la crise de la Covid-19. Avec des pertes sèches qui se comptent à plus de 70 millions d’euros, il était urgent pour la région Grand Est de réaffirmer son soutien auprès de cette filière et de mettre sur pied, un plan de relance du secteur. Cela réussira-t-il à sauver le vin alsacien ?