Laëtitia Girard est la fondatrice de The Vendôm Company, un réseau, spécialisé dans le luxe, qui propose du recrutement et de l’accompagnement du capital humain. Ainsi, après avoir analysé les problématiques du secteur du luxe pour recruter, Laëtitia a décidé de mettre son expérience au service des grandes maisons. Pour elle, le recrutement doit remettre l’humain au cœur de ses valeurs et des exigences du secteur du luxe.
- Laëtitia, tu avais le choix entre un poste de direction d’une entreprise de luxe et la création de ta propre entreprise. Tu as décidé de t’aventurer dans l’entrepreneuriat. Pourquoi ?
Le choix s’est fait à la fin de mon master, à l’ESCP Europe. C’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic. Là, que je me suis dit que je pouvais être utile (sourire). J’avais cette envie de me challenger ! Cela faisait sens, pour moi, de créer une entreprise qui avait une utilité. Une entreprise qui réponde aussi, à mes valeurs de professionnelle de l’hôtellerie – passionnée et engagée – dans le secteur du luxe. Un secteur que je connais très bien puisque j’y ai fait mes armes.
Donc je dirais que de créer mon entreprise était, en fait, la suite logique de mon parcours professionnel. C’était une envie profonde et ça tombait au bon moment.
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ? Le challenge ou l’engagement ?
Très bonne question (rires) ! Par nature, je suis quelqu’un qui n’aime pas les cases et ni les étiquettes. J’ai besoin d’aider à faire bouger les lignes et d’apporter ma pierre à l’édifice. Peu importe le type de projet, d’ailleurs ! J’ai l’envie et l’énergie de toujours vouloir aller plus loin. Je suis animée par le souhait de toujours me dépasser ! Je ne supporte pas d’être devant un mur et attendre que cela se passe. Il n’y a rien de plus frustrant à mon sens. Donc, pour moi, tout problème a sa solution. Je suis plutôt quelqu’un d’optimiste !
En ce qui concerne le secteur du luxe, malheureusement, je butais sur des frustrations liées au recrutement : celles de trouver une opportunité pour les candidats, et celles de ne pas trouver le bon candidat pour les managers. Pourtant, l’environnement est extraordinaire !… Partant de ce constat, j’ai voulu apporter une solution : The Vendôm Company.
3- The Vendôm Company est donc un choix de raison ?
Un choix de raison, je ne sais pas… Mais une solution à une problématique, oui (sourire) ! Je savais, en créant Vendôm, que c’était une prise de risque. Tant pour le projet et le métier de recruteur, que pour moi… À l’époque, j’étais maman de 3 enfants et le salariat m’apportait une stabilité financière. Lorsque j’ai créé mon entreprise, je me suis aventurée dans un environnement inconnu, que je ne maîtrisais pas. L’unique condition – ou conviction (sourire) ! – que j’avais, était de croire en moi. Je me sentais capable de construire cette suite. J’étais sûre de moi et sûre de mes capacités. Donc, je ne sais pas si je peux parler de raison, mais, en tout cas, il y avait de la passion et il y en a encore ! (rires)
4- Est-ce que ce n’est pas là un challenge, que d’aller casser les stéréotypes du recrutement dans le luxe et de revenir aux fondamentaux, l’humain ?
Complètement (sourire) ! Je suis totalement en désaccord avec ce qui se passe aujourd’hui, dans le secteur du recrutement. Et je ne suis pas la seule à l’être. J’ai donc voulu apporter ma propre réponse. À mon sens, c’était un challenge réalisable. Il fallait juste réfléchir à la problématique.
Et c’est ensemble, que nous avons cassé les codes ! Je parle bien de communauté, ici. Non pas moi seule, mais ensemble ! Notre objectif commun était de faire bouger les lignes du recrutement en revenant sur son essence même, l’humain. C’est aujourd’hui, ce que nous faisons au quotidien. Plus de 16 000 professionnels qualifiés et sélectionnés. Notre réseau s’élargit dans le respect des autres, avec une mise en avant régulière de notre joli environnement professionnel. S’accomplir dans un métier, c’est aussi en connaître la culture et Vendôm offre cette opportunité de connaissance des marques et d’ouverture vers d’autres challenges.
Quels sont ces points négatifs que vous rencontriez ? À quoi, exactement, répond Vendôm ?
À plusieurs choses (sourire) !
La première, à redonner une place à l’hôtellerie-restauration de luxe, actuellement perdue dans un système généraliste. Il était important, pour commencer, de revenir à la spécialisation, de revenir aux codes du luxe. Surtout à travers le recrutement.
La deuxième chose, était de réduire cet effet de « masse » que nous impose notre société. Dans le recrutement aujourd’hui, nous faisons face à des bases de données qui sont colossales et non qualifiées. Ce qui est l’antithèse finalement, du code du luxe. Tant pour les candidats ayant cette qualification, que pour les recruteurs. Ce n’était pas possible, à mon sens, de les laisser sur des bases généralistes ! Et je ne vous parle même pas du problème de la multidiffusion des candidatures : job bank, réseaux… On ne sait plus où donner de la tête ! Notre travail, finalement, a été d’enlever les incohérences et de revenir à l’essentiel du métier : l’humain. Il fallait vite revenir à la centralisation des informations et des spécialisations dans le luxe.
Enfin, nous voulions être différenciants, tout en restant sur une dynamique moderne. Vendôm est alors un réseau de recrutement spécialisé, qualifié et contrôlé, où la communication a sa place. Notamment par la mise en avant des professionnels des métiers du luxe. Notre objectif est avant tout de rassembler et de partager, pour faire avancer le secteur du luxe. Le numérique a donc son importance, toutefois, sans oublier l’humain et la collaboration.
Donc Vendôm, c’est redonner du sens par l’humain et par la différence ?
Complètement (sourire) ! D’ailleurs avec la Covid, les consciences se réveillent. Le capital humain revient sur le devant de la scène. Pour nous, cela n’a jamais été un mot marketing. Il a une vraie résonance ! Ce qui lie nos différents métiers, c’est ce lien humain. Un lien qui a encore plus de sens aujourd’hui, avec la crise !
C’est pourquoi je ne parlerai pas ici, de notion de « différence » mais plutôt, de « valeurs ». Être en accord avec soi et les valeurs que l’on prône sont essentiel. Ça rassemble et ça a du sens. D’ailleurs dans une société, il y a deux niveaux : la mission et le contenu pour faire vivre cette mission. Notre mission chez Vendôm est d’être un réseau qui rassemble les professionnels du luxe, sur des valeurs communes : la passion, l’engagement, la qualité. C’est ce qui nous fédère. En ce sens, je ne pense pas que nous soyons différents. Je pense plutôt, que nous sommes en adéquation et que nous formons ainsi, une belle unité.
6- Est-ce grâce à ces valeurs communes que vous montez une série de conférences, « Les conférences du luxe », cette année ?
Pour moi, tout a un lien. Mais c’est surtout la crise qui est à l’origine de ces conférences. Sur plusieurs niveaux, elle a fait prendre conscience à certaines maisons du luxe de leur équilibre, de leur désorientation, de leur peine et de leur joie. Notre rôle ici, est d’appuyer ce que nous faisions déjà : revenir à l’humain avant de parler d’économie. L’humain est un capital important à prendre en considération et à préserver. C’est de là que sont nées les conférences du luxe. La troisième édition est prévue en avril 2021. Par ailleurs, elles rendent plus accessibles les dirigeants.
7- Si tu avais un conseil à donner à des entrepreneures qui souhaitent bouger les lignes et casser les codes, quel serait-il ?
De croire en soi. L’entrepreneuriat est un long chemin, exceptionnel mais aussi, très vertigineux. Il ne faut pas se décourager. Il faut croire en son projet, se faire confiance et s’écouter. La compétition est avant tout, avec soi-même ! Rester optimiste est aussi important ! Je conseille de réfléchir à sa motivation interne. On ne s’aventure pas dans l’entrepreneuriat juste par désaccord avec le salariat.
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