Le soutien est souvent moteur dans la réussite d’une création de projet. Mylène Debord, fondatrice de l’espace de bureaux partagés Hello’Working, l’a bien compris. Seulement, elle n’en a pas eu. Du moins pas au sens familial du terme. Sa réussite, elle se la doit à elle seule et au noyau social qu’elle s’est construit. Elle est donc l’exception qui confirme la règle, selon laquelle le manque de soutien serait un frein à l’entrepreneuriat. Témoignage.
1- Mylène, tu es la créatrice de l’espace de bureaux partagés Hello Working !, situé à Strasbourg. Tu t’es lancée, depuis septembre dernier dans cette entreprise, et tu connais un réel succès. Tu es également la Vice-Presiente de l’association Entrepreneurs.Alsace, où tu soutiens de jeunes entrepreneurs. Que signifie pour toi le » soutien » ?
Le soutien... c’est une question très large ! Et effectivement j’ai plusieurs casquettes. ( rires ! ). Je suis très investie dans les réseaux professionnels à Strasbourg. Principalement dans ceux qui ont du sens à mes yeux. Ca fait maintenant quelques années, que j’accompagne Entrepreneurs.Alsace. J’ai notamment crée le magazine papier, distribué tous les trimestres. Son but est de mettre en avant l’entrepreneuriat local, au travers de portraits relayés sur les réseaux sociaux.
Pour ma part, ça fait 10 ans que je suis entrepreneure. Je sais – du moins j’ai vécu ça – que lorsque l’on est entrepreneur, on souffre souvent de la solitude : on ne sait pas trop à qui s’adresser ; le statut de micro-entrepreneur est assez vague ; on est un peu « dissocié » de tout…
Ce que j’ai réussi à faire, je l’ai fait seule. Personne ne m’a jamais aidé. Par contre, je pense qu’il est important de transmettre et d’aider les autres, qui n’ont peut- être pas les mêmes facilités, ou le même regard sur les choses.
Je me suis lancée tout de suite après mon master Pro Multimédia. J’ai donc dû affronter seule, les aléas du quotidien, les aléas de la vie. Et c’est là, que j’ai commencé à m’intégrer dans des réseaux comme Entrepreneurs.Alsace. Apporter mon soutien à ceux qui en ont besoin et qui souhaitent se lancer, me donne beaucoup de satisfaction. Je prends également plaisir à les rencontrer, lors de nos apéros, tous les premiers jeudis du mois. ( chuchotement ) Et j’invite d’ailleurs toutes les entrepreneures qui liront cet article, à nous rejoindre ! ( rires ).
2- Tu as quitté un poste en CDI, donc une situation confortable, pour prendre un virage à 180 degrés avec Hello’Working. Est-ce que toi même, tu as été soutenue dans cette entreprise ?
Evidemment autour de moi, j’ai la chance d’avoir des personnes qui comptent énormément et qui m’ont beaucoup soutenu. Mon mari notamment, et ma grand-mère de coeur, les deux piliers de ma vie ! A l’époque, lorsque je leur ai parlé de mon projet, parlé de quitter mon CDI, ils m’ont dit : « On croit en toi, ça va le faire ! De toute façon, il n’y a pas de raison ! »
Je suis de base quelqu’un de positif, d’optimiste d’ailleurs ! Je pense que c’est effectivement important de s’entourer de personnes, qui nous encouragent et nous révèlent nos points forts. Je ne parle pas ici que de mes relations proches. De manière général dans mon réseau professionnel, j’essaie de m’entourer d’entrepreneurs impliqués, positifs, parfois même plus jeunes que moi, qui ont envie d’aller de l’avant et de viser les sommets !
Je pense que l’on choisit les gens avec qui l’on veut travailler, qui nous entourent !
J’ai donc pris ma décision et me suis donnée à 200%, tout en assumant d’être seule dans mon statut de cheffe d’entreprise. On parle de la solitude de l’entrepreneur mais c’est une réalité ! La peur et les doutes font partis de notre quotidien mais ils peuvent aussi constituer une force ! Compter sur soi, s’estimer, savoir que même face à un échec, on peut toujours rebondir. Je crois beaucoup en ceux qui provoquent leur chance !
Et d’un point de vue familial, est-ce que tu as reçu du soutien ? Il est souvent dit que l’entourage familiale est la clé de la réussite.
Mon expérience personnelle voudra tout le contraire ! ( rires ! ) Je pense que c’est une chance, d’avoir une famille qui nous soutien et qui est un socle, sur lequel on peut construire. Je n’ai pas eu cette chance ! Je suis partie à l’âge de 15 ans de chez moi. Je crois que ça été finalement le déclencheur d’une force insoupçonnée, de mon envie de me construire seule et de créer mon propre exemple. Je me disais : « De toute façon, il faut y aller ! Parce que si tu ne travailles pas, personne ne va payer tes études. Si tu ne te lèves pas tous les matins avec l’envie, bah personne ne le fera pour toi. » Alors, oui ! Je pense effectivement que la famille est essentielle mais je pense surtout que c’est la famille qu’on se construit, qui finalement, va décider de ce que l’on est.
3- Donc pour toi, le fait de ne pas avoir de soutien familial n’est pas un frein pour entreprendre ?
Non ! Je pense même que cette expérience de vie, m’a donné plus de niaque, de rage. Tout ce que j’ai construit jusqu’ici, je ne le dois qu’à moi-même. Et ça, ça n’a pas de prix ! Ce nouveau projet, Hello’Working, a vu le jour sans aucune aide, ni subvention. Non pas, parce que ça n’avait pas de sens d’en demander mais parce que spontanément, je ne réfléchis pas comme ça. Lorsque je veux créer quelque chose, je me donne les moyens d’y arriver. Et j’y arrive !
4- Comment as-tu puisé ta force et traversé tes doutes ?
Il y a eu des moments de doutes, c’est certain. Il y a des moments où l’on se dit : « J’aurai mieux fait de rester en CDI. J’étais tranquille. Je faisais mes 35h, j’avais mes tickets restau et le reste.. » Au final, je crois que tout est une question de choix ! J’ai fait le choix de partir, j’en assume donc les pleines responsabilités. Ce qui n’est pas évident dans le climat actuel… Dévier ou défier, suscitent des interrogations et de la peur. Surtout en France ! Mais je pense que l’on peut dépasser cela.
Tout dépend de notre rapport à l’échec : est-ce qu’on se l’accorde ou pas ? Et si tenté que ça arrive, comment on réagirait ? Je pense qu’il faut beaucoup relativiser. La vie est ce qu’elle est ! Il peut y avoir des déceptions et des échecs mais pour moi, ça n’a jamais représenté un frein. Je pense que d’un échec, on peut en ressortir plus grand.
5- Si tu avais un conseil pour nos lectrices et les entrepreneures qui se reconnaissent en toi, en ton histoire, que serait-il ?
Se donner les moyens, c’est la clé. Je pense honnêtement que, quoiqu’il arrive, quoique les gens disent, il faut toujours croire en soi-même. Il faut toujours se dire : « Je suis capable de faire ! Je suis prête ! Je vais y arriver et je vais m’en donner les moyens ! »
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