Mathilde Lehmann, est la jeune fondatrice de Seem Soap STUDIO, une entreprise de confection de savons faits main et naturels. Artiste de formation, elle met son talent au service de la cosmétique, en réinventant un grand classique. Témoignage.
1- Mathilde tu es la fondatrice de Seem Soap STUDIO, une entreprise de confection de savon solide. Peux-tu nous expliquer, comment tu es passée des Beaux-Arts à la création d’entreprise ?
Aux Beaux-Arts, je faisais essentiellement de la sculpture et des installations. ( sourire ) J’ai toujours eu un lien fort avec le design, en mettant en scène mes sculptures. D’ailleurs, les Beaux-Arts sont des études où l’on apprend très vite à être autonome. ( rires ) Il y a là, la liberté de pouvoir créer son propre projet, tout en s’imposant à soi-même des contraintes ! D’ailleurs, ça a toujours été une évidence pour moi, de fabriquer mes projets, de A à Z. J’ai besoin de me sentir libre, d’avoir mes propres règles, tout en faisant quelque chose de très concret.
Seem Soap me permet donc de lier tous mes intérêts ! ( sourire ) De la conception à la fabrication du produit, en passant par tout ce qu’il y autour: l’image de la marque, les shootings photos, la communication, les rencontres, les collaborations… C’est un projet qui me permet d’être sans cesse dans la créativité !
2- Finalement, tu mets l’art au service de tes produits. Est-ce que ce n’est pas déjà en soi, une innovation artistique que de (re)penser le savon solide ?
Oui, tout à fait ! ( sourire ) Lorsque la marque est née, il y a quatre ans, les gens commençaient à vouloir revenir aux bases, aux produits naturels. Mais ce n’était pas encore évident ! Aujourd’hui, on peut voir un vrai regain pour le pain de savon ! ( sourire ) D’ailleurs l’objectif de départ, c’était de réinventer le savon solide : de casser les codes, de lui donner une nouvelle forme, de travailler les couleurs… Tout ceci, de façon à avoir un objet à la fois esthétique, décoratif et fonctionnel !
C’est pourquoi chez nous, les savons sont fabriqués à la main. Cela permet, de contrôler la production et d’offrir au client un produit éthique et responsable. Je suis donc passée d’artiste à artisan ! ( rires ) C’est justement ma formation artistique, qui m’a amenée vers ce chemin. ( sourire )
3- Lorsque l’on est artiste, comment conçoit-on l’entrepreneuriat ?
Lorsque l’on est artiste et créatif, on réfléchit avec ses mains ! ( rires ) Ça a donc été naturel, pour moi, de franchir les obstacles un à un : de dessiner les formes des savons, d’aller dans des Fab Lab pour créer les moules, de réaliser les prototypes, etc. Nous sommes donc passées de l’idée, au projet. Et du projet, à sa présentation à la Design Week de 2015. ( sourire )
C’était un pari risqué de faire du pain de savon traditionnel, un objet sculptural et précieux. Mais ça a été très bien reçu ! Tant par la presse, les revendeurs, que les personnes sensibles à la décoration et au fait-main. À mon sens, il est nécessaire de montrer son produit et d’en discuter avec les futurs consommateurs. Il faut savoir aussi se remettre en question, pour toujours mieux faire avancer le projet. ( sourire )
4- Est-ce pour ces raisons que tu t’es inscrite au programme Elles Ensemble du Comptoir-Incubateur ?
Exactement ! ( sourire ) Cela fait 4 ans que la marque existe, maintenant. C’est LA période clé, pour faire le bilan de son activité, pour cibler les problèmes et voir comment les résoudre. Le programme est très riche pour ça ! ( sourire ) Nous avons des ateliers très intéressants, que ce soit en gestion d’entreprise ou bien, en relations clients. Mon point fort, c’est la création. Je n’avais jamais eu de formation commerciale ou de gestion auparavant. Avec ces ateliers, on (ré)apprend les bases, pour mieux gérer notre entreprise. ( sourire ) Nous avons également un(e) mentor. La mienne est super ! C’est une belle rencontre. ( sourire ) Lors de nos rendez-vous, on fait vraiment avancer les choses.
D’ailleurs, je trouve que c’est important d’être avec d’autres femmes entrepreneures. On peut échanger sur les problématiques de chacune. Ça donne de l’énergie ! ( sourire ) On ne travaille pas sur les mêmes types de projets, mais on remarque souvent que l’on est confrontée aux mêmes problèmes et questionnements. ( sourire )
5- Si tu as avais un conseil à donner à des femmes qui, comme toi, sont artistes et souhaiteraient créer leur entreprise, quel serait-il ?
D’avoir un projet solide dès le départ : il faut se lancer bien sûr ! C’est vraiment gratifiant de construire son propre projet. Toutefois, il faut bien le réfléchir. Et ce, dès le départ. Le projet doit être solide, pour que l’entreprise puisse durer dans le temps. Dans la création d’entreprise, il y a souvent des difficultés, c’est sûr ! Mais il faut apprendre à prendre du recul et à rebondir. C’est comme ça que l’on fait avancer les choses, et que l’on grandit ! Il ne faut pas en avoir peur !