Aujourd’hui, nous sommes dans une société où le féminin tend à se faire valoir et à reprendre sa place. Et le métier d’entrepreneur n’y échappe pas. Mais sommes-nous des “entrepreneures” ou bien des “entrepreneuses” ?
Telle est la question… Devenons-nous employer “entrepreneure” ou “entrepreneuse”, pour parler de ce nouveau métier. À dire vrai, certaines femmes se battent pour féminiser la dénomination de leur métier, tandis que d’autres préfèrent garder la forme neutre – plus masculine -, de peur que le féminin ne “dévalorise” le prestige de la profession. Oui ! Nous en sommes ici, aujourd’hui. Les termes “entrepreneure” et “entrepreneuse” coexistent pourtant dans l’écosystème des startups, depuis un temps maintenant. Alors comment trancher ?
Entrepreneure ou entrepreneuse ?
Si l’on en croit les recherches étymologiques, “entrepreneuse” est un terme historique. Utilisé dès le XVIIe siècle et emprunté dans certains romans classiques de la langue française, tel que “Au bonheur des Dames” d’Émile Zola : “ Denise s’en allait avec son argent, lorsqu’elle rencontra enfin Robineau. Il avait appris déjà le renvoi, il lui promit de retrouver l’entrepreneuse de cravates”.
D’un autre côté, “entrepreneure” n’a cessé de prendre de l’importance sous l’influence nord-américaine et son esprit d’entreprendre. Notamment au cours du XXe siècle. Si en français, le terme “entrepreneur” est masculin, cela ne nous a pas empêchés de le féminiser. Le néologisme “entrepreneure” est donc né, en perçant les frontières de l’Hexagone, à la fin du siècle dernier. Selon Maria Candea, maître de conférences sociolinguistique à la Sorbonne Nouvelle, ce mot serait une « variante québécoise et une tendance de la population à trouver des appellations neutres ».
N’y a-t-il pas là, matière à penser que les femmes préfèreraient conserver la forme neutre de cette appellation, pour conserver le “prestige” de la fonction ?
La féminisation des mots, une histoire d’idéologie
Dans notre société actuelle, le féminisme s’est emparé de la féminisation des mots. Cependant le mouvement reste uniforme et des tendances s’affrontent sur ce sujet : pour certaines femmes, accentuer la sonorité “féminine” avec “entrepreneuse” est un acte militant, s’inscrivant dans une histoire politique, comme la revendication d’une forme d’égalité ; d’autres, préfèrent la neutralité d’ “entrepreneure”, afin d’éviter la connotation péjorative du mot.
En réalité, les deux termes s’utilisent dans écosystème entrepreneurial. La neutralité du terme “entrepreneur”, a cependant ses fidèles. Notamment à cause du biais cognitif qui colle à la dénomination “entrepreneuse”. Une femme “entrepreneuse” ferait inconsciemment penser à une femme “entreprenante”. Alors, l’utilisation d’ “entrepreneuse” serait-elle vouée à disparaitre ? Nous ne pensons pas.
Les mots s’imposent par idéologie ! Que se soit “entrepreneure” ou “entrepreneuse”, cela aura le mérite de nous informer sur les tendances mentales de notre société et la façon dont nous nous représentons les choses. Alors n’hésitez plus et choisissez le terme qui vous convient le plus !