Patricia Heitz est une ancienne expatriée et salariée de la CCI Alsace. Aujourd’hui, elle est à la tête de sa propre agence de communication : l’agence PH. Plus qu’une stratège en communication, Patricia a surtout à cœur de montrer aux petites entreprises que la communication leur est accessible et sur mesure. En répondant ainsi aux problématiques des TPE, PME et des artisans, Patricia fait de son agence PH, une véritable agence de communication inclusive. Témoignage.
1- Patricia, tu as créé l’agence PH il y a 6 mois maintenant. Qu’est-ce qui t’a poussé à tenter l’aventure de l’entrepreneuriat féminin ?
J’avais déjà eu une première expérience de micro-entreprise, lorsque je suis revenue de l’étranger en 2015. Mais à l’époque, je n’étais pas encore prête pour ça. J’ai donc repris un cadre de travail « normal », dans le salariat. À ce moment-là, j’étais sur un poste de communicante. Mais au bout d’un moment, j’avais fait le tour de mes missions. J’étais tout le temps dans la même vision des choses… Et puis en terme de valeur et d’état d’esprit, l’entreprise ne me correspondait pas. Je suis plutôt quelqu’un de très autonome : j’aime avoir une certaine liberté et ma prise de décision. Dans cette entreprise ce n’était pas possible. Et puis au-delà de ça, j’étais maman : dès que je prenais des journées enfants-malades, on me faisait des réflexions. C’était quelque chose qui me déplaisait ! Ça m’empêchait de m’épanouir. Du coup, j’ai quitté cette entreprise et j’ai pris le temps de mûrir mon projet.
Je voulais être sûre, dans un premier temps, que l’entrepreneuriat était fait pour moi. D’ailleurs, ça n’engageait pas que moi non plus. J’en ai longuement discuté avec mon mari, puisque cela engendrait aussi des revenus moins réguliers. Et il m’a soutenu ! Je pense que le soutien est très important lorsque l’on se lance dans la création d’entreprise. D’autant plus, lorsque l’on est une femme.
2- Justement je rebondis sur ton expérience d’expatriée, est-ce que tu dirais que d’avoir vécu à l’étranger, t’aide aujourd’hui dans la création de ton entreprise ?
J’ai une anecdote à ce sujet ! (rires) Un jour pour une mission, je suis arrivée dans un pays étranger où je ne parlais pas la langue et où ma valise était restée dans l’avion. C’était donc le système D : le système D-ébrouille-toi ! (rires) Finalement, je trouve que ce type d’expériences forge le caractère. Ça nous apprend à rebondir, à trouver des solutions. En plus, je suis une éternelle optimiste : lorsqu’il y a un problème, je ne vois que le positif. Pour moi les coups durs de la vie, certes ils te mettent un coup au moral, mais ils te permettent de grandir et de rebondir. En tout cas, ça a toujours été comme ça pour moi ! Je crois en fait, que ce côté « aventurière » a toujours fait partie de moi !
Donc indirectement, tu dirais que ton expérience à l’étranger t’a forgée en tant que personne mais aussi indirectement, en tant qu’entrepreneure ?
Oui, en partie ! (sourire) Après, c’est aussi un trait de caractère. Si je me suis lancée il y a 6 mois, c’est sans doute parce que je sentais que c’était le bon moment ! Ce qui est sûr, c’est que je n’aurai pas créé mon entreprise à l’âge de 20 ans. Je suis admirative de ces entrepreneurs qui créent leurs entreprises aussi jeunes. Pour moi, ce sont des aventuriers ! Personnellement, je n’aurai pas pu ! Je préfère être plus sûre de moi et m’assoir sur mes 20 ans d’expérience pour proposer mes services. En tout cas, je trouve que c’est plus confortable de le faire à mon âge ! (sourire) C’est plus prudent : l’audace n’a pas d’âge mais la prudence, peut-être un peu ! (rires)
3- Tu as eu aussi une expérience dans la grande distribution. Est-ce que tu dirais que c’est grâce à cette expérience, que tu dédies aujourd’hui tes services en communication aux PME/TPE et artisans ?
Non ! Ce n’est pas forcément cette expérience qui m’a fait axer ma stratégie de services sur les PME/TPE ou les artisans. C’est surtout parce que j’ai travaillé 11 ans à la CCI, que j’ai décidé de me dédier aux petites entreprises. Grâce à cette expérience, je me suis aperçue que ces dernières avaient les mêmes problématiques que les grandes entreprises. La différence résidait dans l’utilisation des outils et les moyens financiers. De ce que je voyais, c’étaient des personnes démunies face au monde du numérique : la communication, les réseaux sociaux et les sites internet étaient pour elles des freins quotidiens.
Souvent, ces entreprises ont tendance à penser que la communication est trop chère ou que ça ne leur est pas accessible. Alors que pas du tout ! C’est donc lorsque j’ai compris cette problématique, que j’ai eu envie de travailler avec des petites entreprises : je voulais leur permettre d’oser et leur rendre la communication accessible. Leur donner un service à leur mesure. D’ailleurs en étant en micro-entreprise, j’ai moins de charges. Je peux donc mieux coller à leurs budgets !
C’est encore une belle aventure car tu communiques finalement, pour un secteur que tu maîtrises peut-être moins ?
Oui c’est sûr ! Enfin je ne suis pas si aventurière que ça ! (rires) Du moins, je calcule toujours les risques avant de me lancer. Pour la communication, je savais ce qui était proposé sur le marché. Les autres agences étaient plus positionnées sur de grands comptes. J’avais aussi mon entourage professionnel proche qui témoignait de ses problématiques sur le numérique… Donc de fil en aiguille, c’est comme ça que mon idée a mûri et que j’ai créé l’agence PH. Je voulais faire de la communication inclusive, créer des solutions sur mesure pour mes clients, tout en faisant aussi, des paris sur certains projets. Je veux avant tout me sentir utile et mettre du sens dans ce que je fais ! Mais surtout, je veux montrer à ces entreprises que c’est possible !
5- Si tu avais un conseil à donner à des entrepreneures qui, comme toi, souhaiteraient dédier leurs services de communication aux PME/TPE ou aux artisans, quel serait-il ?
De donner du sens à son entreprise : de réfléchir au sens de ses services, au sens de ses communications. Aujourd’hui certaines jeunes entrepreneures sont peut-être trop axées sur les techniques. Elles maîtrisent parfaitement les outils de communication 2.0, sans pour autant réfléchir au sens, ni au besoin de la communication. Il faut impérativement se poser les bonnes questions. Et ce, à tous les stades de développement de son entreprise. Mais surtout, il faut savoir rester authentique et remettre l’humain au cœur de nos projets !