Margaux Billey est une éco-graphiste alsacienne. Fortes de ses valeurs et très soucieuse de l’environnement, c’est à travers son métier créatif qu’elle a décidé de mettre sa pierre à l’édifice, en proposant de l’éco-graphisme.
1- Margaux, peux-tu nous expliquer pourquoi tu as créé Rousse Graphisme, ton agence d’éco-graphisme ?
À la base, j’ai des valeurs de vie qui sont assez marquées (sourire) ! C’est quelque chose que j’avais envie de retrouver dans mon travail, dans mon métier et mes services. Aujourd’hui, l’écologie est une priorité. En tout cas, pour moi, ça l’est. Donc apporter un peu d’écologie dans un domaine qui, de prime à bord, ne se revendique pas comme tel, est quelque chose d’incongru et de nécessaire. Je veux m’inscrire dans cette démarche-là.
Comment cette réflexion t’est venue ?
Assez ironiquement, je dois dire (rires) ! C’est en observant plusieurs campagnes publicitaires sur Strasbourg, que j’ai eu le déclic. Je me demandais si l’on avait vraiment besoin d’en faire autant et s’il n’était pas possible de le faire autrement… C’est vrai ! On utilise souvent du papier qui ne peut pas se recycler, qui est ensuite jeté par terre… Je me suis donc demandée si l’on ne pouvait pas avoir un impact différent ; si l’on ne pouvait pas changer les comportements des « consommateurs »- « récepteurs » ; si ce n’était pas aux créatifs de proposer et d’imaginer des campagnes, aux impacts plus positifs pour l’environnement… À mon sens, il faut inverser les rôles. Il faut que les créatifs proposent des projets réfléchis et non polluant.
2- Du coup, comment se traduit l’éco-graphisme ?
L’idée principale est de faire moins mais, de faire mieux (sourire) !
Chez moi l’éco-grahisme se traduit par l’utilisation de papier green (papier recyclé et recyclable dans l’idéal, papier kraft, ensemencé) qui ont un impact moindre sur l’environnement. Ce qui n’est pas le cas du papier blanc classique, très traité. Bien évidemment, j’utilise ces papiers pour des projets qui le nécessitent ou pour des projets sur lesquels on peut proposer ce genre d’alternatives. Tous les projets ne peuvent pas s’adapter à ce type de propositions.
Ensuite, ça se traduit par un nombre d’impression repensé, avec des marges justes et alignées aux besoins du client. À mon sens, il est important que l’ensemble de la boucle créative soit le plus réaliste possible.
Enfin, l’éco-graphisme se traduit par un graphisme plus minimaliste, donc avec une utilisation de l’encre plus raisonnée.
L’éco-graphisme au final, c’est réfléchir à la façon dont nous allons créer, en réduisant les impacts pour environnement.
3- Il doit y avoir une part de pédagogie à faire auprès de tes clients ? Je suppose qu’ils n’ont pas tous cette même fibre écologique ?
Effectivement, mon travail repose aussi sur beaucoup de discussion et de sensibilisation. Toutefois, il ne faut pas oublier que le pouvoir de décision appartient aux clients. Ça reste quand même leurs projets ! Mais c’est véritablement beaucoup de discussion. Généralement, les gens ressentent -je l’espère! – mon implication et mon engagement. Du coup, ils se laissent plus facilement porter par mes convictions. Ils comprennent alors, l’enjeu environnemental. Pour eux, c’est aussi une façon de mêler l’originalité à des actes responsables.
Après, il y a aussi l’aspect financier qui rentre en jeu (sourire). Proposer des créations minimalistes, plus sobres, se répercutent forcement sur le prix final. Les clients, souvent, payent moins cher. Ça reste en cohérence avec mon idéal entrepreneurial (sourire) ! Puis, c’est un choix éthique et écologique que je veux pour mon entreprise. Je veux rendre l’écologie accessible, sans pour autant en faire des tonnes.
4- Est-ce que tu dirais que tu innoves dans ton domaine ?
Je n’ai pas cette prétention (rires) ! D’ailleurs, je ne sais pas vraiment si nous pouvons dire que l’éco-graphisme est une innovation en soit. Mais j’essaie, à mon échelle, de faire les choses aussi bien que possible et en phase avec mes valeurs.
Penses-tu que vous puissiez aller au bout de ce concept d’éco-responsabilité dans le graphisme ?
Pour être très honnête, je pense qu’il faut jouer la carte du collectif pour penser le concept de l’éco-graphisme dans son intégralité. C’est pour ça que j’ai récemment créé un groupe Facebook sur ce sujet ! Seule, on fait rarement autrement que ce que l’on sait faire. On peut vite se limiter !… J’ai une certaines interprétation de l’éco-graphisme et je suis sûre que d’autres, en ont une autre. S’assoir et réfléchir ensemble sur cette question est alors, une des pistes non négligeables à l’avenir. J’espère vraiment que ce mouvement ne soit pas qu’un effet de mode et qu’il s’inscrive dans le temps (sourire) !
5- Si tu avais un conseil a donner a des femmes qui souhaiteraient se lancer avec un projet éco-responsable, quel serait-il ?
D’être au clair avec elles-mêmes : d’être au clair avec leurs valeurs et de ne pas avoir peur non plus ! Ne pas être parfaite dès le départ est normal. À mon sens, cela ne doit pas freiner le lancement. C’est en osant et en se lançant que l’on se rend compte de la faisabilité de notre projet. C’est en se lançant, selon moi, que nous faisons aussi notre part. Je suis sûre qu’au final, nous arriverons à changer les choses… définitivement peut-être ?
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