Isabelle Burget est la nouvelle directrice de l’entreprise Batorama. Les célèbres bateaux touristiques de Strasbourg. Après quelques années à son compte, c’est tout naturellement qu’elle s’est tournée vers la gestion de sites. Elle nous raconte sa soif de challenges et sa passion pour les défis entrepreneuriaux. Témoignage.
1- Isabelle, pourquoi reprendre la direction de Batorama, grande institution strasbourgeoise ?
Très simplement parce que j’adore Strasbourg ! Je trouve que c’est une ville magnifique ! En réalité, j’avais vraiment envie de rallier ma passion du management et du business, avec ma passion pour le patrimoine Strasbourgeois. C’est vrai que lorsque j’en ai eu l’opportunité, je me suis dit : « C’est ça le job qui m’intéresse ! »(sourire).
2- Comment fait-on, lorsque l’on reprend la direction d’une nouvelle entreprise en plein confinement, en pleine crise sanitaire et touristique ? Est-ce qu’il y a une méthode ?
Alors il n’y a pas de secret ! (rires) Je suis plutôt quelqu’un de très pragmatique, donc je prends les choses comme elles viennent. Mais au fil du temps et de ma carrière, je me suis spécialisée dans le redressement de sites ! Là, au regard de la situation avec la Covid, la résilience était de mise – je la pratique très facilement d’ailleurs ! Et, je pense que c’était le bon moment pour se réinventer : la transition écologique et la RSE sont également des sujets que je porte dans le cadre de mes fonctions. Toutefois lorsque je suis arrivée chez Batorama – qui est une entreprise qui fonctionne très bien -, dans ce contexte particulier de crise qui fait que nous « subissons » la situation, c’est encore différent. Différent de ce que j’ai pu connaitre auparavant, en prenant la tête d’une direction générale.
Alors justement par rapport à votre expérience, est-ce qu’il existe une façon de se préparer à ce type de crise ?
Je ne pense pas que l’on puisse se préparer à une crise d’une telle ampleur ! Personne ne l’a vu arriver et ne l’a anticipé. Cela a été d’ailleurs assez violent ! Notamment pour nous, qui sommes dans le secteur du tourisme. L’activité a dû s’arrêter brutalement du jour au lendemain, et le redémarrage est très, très long. Donc sincèrement, je ne pense pas que l’on puisse s’y préparer… Dans des situations de management classique, oui, il est possible de se préparer à des crises. Mais pas dans le cadre d’une crise sanitaire telle que nous la connaissons aujourd’hui !
Du coup, n’est-ce pas là un facteur stress supplémentaire pour votre prise de poste ?
Est-ce que j’ai l’air stressée ? (rires) Non, je ne le suis pas du tout (sourire). Et de toute façon, un manager se doit de gérer son stress. Ça doit faire partie des qualités que doit avoir un manager. Et puis, je ne suis pas sûre que ce type de stress soit vraiment productif ! L’avantage, c’est qu’au fur et à mesure de ma carrière, j’ai été amené à gérer des situations de crises. Après, je tiens à dire que les équipes de Batorama ont très bien géré la crise sanitaire : avant mon arrivée, tous les processus étaient mis en place pour la période de confinement, comme pour la période de déconfinement. Donc je suis arrivée malgré tout, dans un contexte maîtrisé.
3- Selon vous, quelle est la partie la plus compliquée à gérer lorsque l’on reprend une entreprise ?
Au-delà des aspects financiers qui sont ce qu’ils sont lorsque l’on arrive à la tête d’une succursale ou d’une filiale, c’est forcément l’aspect managérial. Chaque manager à son propre style, ses idées, apporte un œil neuf sur la vision de l’entreprise. Toute la finesse est de rentrer dans l’organisation, de prendre les codes de l’entreprise, tout en apportant sa touche personnelle pour justement, accompagner les collaborateurs au changement. Quand on reprend une entreprise qui a des difficultés quelles qu’elles soient, ça nécessite un accompagnement adapté. Et c’est là, qu’il est important d’accompagner le changement de la meilleure façon qu’il soit et avec l’ensemble des équipes.
4- Vous avez un parcours entrepreneurial des plus méritants, finalement n’y a-t-il pas un secret ? Quel est le secret d’une carrière entrepreneuriale réussie selon vous ?
Le courage, je pense ! (sourire) Ce que j’appelle « le courage managérial ». Je suis quelqu’un qui n’a pas peur ! Alors attention, je ne vais pas prendre non plus des risques inconsidérés ou non calculés. Ce n’est pas la question. Simplement je suis une femme de challenge ! J’ai démarré ma carrière comme commerciale et j’adore le business pour son côté challenging. Le défi de décrocher un gros contrat, ça c’est vraiment ce qui m’a motivé sur ma première partie de carrière ! Ensuite, j’ai eu une période plutôt structurante car j’ai créé ma société de commercial en freelance. Ce n’était pas une décision prise sur un coup de tête mais plutôt un projet que je mûrissais depuis des années. Tout simplement parce que je me sentais prête à vivre de ma passion business. C’est cette dernière expérience qui m’a vraiment enrichi ! (sourire) Au bout de quelques années, je savais que je pouvais vivre de mon métier. J’avais donc réussi mon challenge et je voulais continuer de manager ! Cette période a donc véritablement été charnière pour moi. Elle m’a propulsée sur des postes à responsabilités. Avec le recul, je pense que si je n’avais pas eu l’audace de créer ma société, je n’aurais peut-être pas eu cette opportunité aussi rapide de prendre des directions de sites.
Ça fait plus de deux ans que j’ai rejoint le réseau 100 chances, 100 emplois, dans lequel je fais du mécénat. L’objectif de ce réseau d’entreprise est d’accompagner les jeunes qui sont en rupture professionnelle. D’ouvrir notre réseau professionnel, pour qu’ils puissent trouver une formation ou un emploi. On se doit, en tant que manager, de sublimer les compétences de nos collaborateurs mais aussi d’aider les jeunes à reprendre confiance dans l’avenir et dans leur avenir professionnel, Isabelle Burget
5- Si vous aviez un conseil à donner à de jeunes entrepreneures, quels seraient-ils ?
D’être en harmonie avec elles-mêmes : au-delà des aspects techniques, de bien travailler le projet et de ne pas se lancer pour se lancer. J’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs qui se lançaient dans l’entrepreneuriat, sans réellement regarder toute la gestion qu’il y avait derrière. Notamment la partie business ! Pourtant, il y a des gens qui ne sont pas faits pour le business, qui ne sont pas faits pour aller démarcher et qui pensent, à tort, que les clients viendront d’eux-même. Là je dis attention ! Donc soit il faut se faire accompagner, soit il faut réfléchir sur son projet et voir pour le faire différemment. Ensuite sur un point plus général, c’est effectivement de s’entourer des bonnes personnes (expert-comptable, relations positives…). Enfin l’erreur que font beaucoup d’entrepreneurs, c’est de vouloir créer une entreprise pour soi et non pas pour l’entreprise.