Dans son essai de 2016 « La Force du sexe faible : contre histoire de la Révolution française », Michel Onfray propose une nouvelle lecture de cette période clé de notre Histoire. En réhabilitant les femmes, qui ont fait le pari des Lumières plutôt que celui de la violence, l’auteur démontre qu’elles ont compté et qu’elles avaient une cohérence d’actions et de pensée. Dans cet ouvrage, ces oubliées de l’Histoire incarnent « la force du sexe que l’on dit faible. »
La force du sexe faible : contre-histoire de la Révolution française, n’est pas un ouvrage sur la Révolution, comme les autres. C’est un essai philosophique, qui interroge la vision institutionnelle de cette période de notre Histoire. Cette Révolution, principalement masculine ; cette Révolution, qui a toujours fait abstraction du rôle et des combats des femmes.
Avec cette ouvrage, Michel Onfray nous donne une nouvelle lecture de la Révolution française. Il réhabilite les grandes figures féminines oubliées : Olympe de Gouges, Charlotte de Corday, Madame de Staël… Ces femmes qui ont œuvré pour la France mais qui ont été écartées de la Révolution.
« Dans la Révolution française, les grands hommes ont été des femmes… »
L’histoire n’est rien sans les historiens qui la racontent. La Révolution française a été écrite par des hommes… et les femmes en ont été évincées.
À l’époque, les femmes étaient faites pour leur époux et pour leurs enfants. Pourtant, le premier témoignage de l’histoire sur la Révolution française, se trouve avoir été écrit par une femme : Germaine de Staël ( 1818 ). Au-delà d’une Révolution à deux visages ( les Girondins contre les Jacobins ), personne n’a pris le parti des femmes. Personne n’a organisé cette révolution autour d’elles. Au contraire ! Considérées comme trop sensibles par les hommes de pouvoir de l’époque, « elles [ n’ont pu ] contribué [ qu’au ] dépérissement des partis » (p.27).
Michel Onfray n’est pas le premier à prendre pour sujet d’analyse, les femmes. D’autres avant lui, comme Helvétius ou Diderot, ont écrit en faveur des femmes. Dans La force du sexe faible, le lecteur peut donc découvrir : des femmes qui ont joué un rôle dans la Révolution française ; découvrir qu’elles préféraient de loin la gouvernance par l’intelligence, plutôt que par le sang et la guillotine.
Une révolution féminine
Pour Michel Onfray, la nécessité était de remettre les femmes sur le devant de la scène. Pour cela, il donne au lecteur 5 figures féminines et actives de la révolution française comme :
Olympe de Gouges
Marie-Olympe Gouze, était une femme peu éduquée, parlant très mal Français et ne sachant pas écrire. Pourtant, elle publia nombre de textes, de pièces de théâtre, un roman et des libellés politiques, qu’elle fit dicter. Victime de son succès mais surtout de son parti pris pour la politique, elle essuie les railleries et les moqueries. C’est elle qui aura l’idée d’un impôt volontaire, ou patriotique. Avec sa Lettre au peuple, ou Projet d’une caisse patriotique par une citoyenne, elle sollicite des dons pour lutter contre le déficit de la France. Elle ira même jusqu’à penser l’ouverture d’une « maison du cœur », « ouverte que dans l’hiver pour les ouvriers sans travail, les vieillards sans force, les enfants sans appui »… mais personne ne l’écoutera !
Manon Roland
Elle est désignée par l’auteur, comme une femme ayant « vécu en romantique, [ et ] morte en Romaine ». Avant de devenir Madame Roland, l’épouse du ministre de l’Intérieur de l’époque, Manon a fait ses écoles dans les livres : Plutarque, Rousseau, Tacite ou Montesquieu et Voltaire, parmi tant d’autres. À 18 ans sa conscience politique s’affirme. À 20 ans, elle affirme son cosmopolitisme. Mais ce qui lui pèse le plus, c’est sa condition de femme : elle mesure « combien son sexe est tenu pour faible dans une société d’hommes faite par les hommes pour les hommes. » Elle écrira donc plusieurs lettres au Roi, sur la situation de la Révolution et des femmes. Mais aussi sur la liberté. Elle ne sera pourtant pas entendue. Elle sera attaquée de toute part comme « La Reine Coco », pour sa sexualité et son adultère.
La Force du sexe faible est donc un éloge aux femmes de la Révolution. Les 5 portraits de cet ouvrage montrent, non seulement que le sexe féminin n’est pas faible mais qu’en plus, la vision des femmes de la Révolution est réfléchie. Malheureusement incomprises, moquées ou bien ridiculisées, ces femmes ont pourtant le mérite d’avoir voulu changer les mœurs, de faire évoluer les esprits et la condition humaines. Des portraits inspirants, que nous devrions mettre à l’honneur.