Christine Zeppenfeld, alias Chris, est psychopraticienne en thérapie brève systémique et stratégique, et coach. Formée par les grands référents de ce modèle, elle aide aujourd’hui les adolescents et les adultes à être acteurs de leurs propres changements. En 10 séances maximum, Chris aide ses clients à trouver des solutions à leur souffrance, pour aller de l’avant et s’épanouir.
1- Chris, pour celles et ceux qui ne parlent pas anglais, pourquoi avoir nommé ton entreprise “Lobster coaching” ? Quel lien avec l’animal ?
C’est la métaphore du homard qui représente assez bien l’idée de la transformation, je trouve (sourire). Le homard est un crustacé qui possède une carapace assez rigide. Lorsqu’il grandit, il s’y sent à l’étroit. Puis un jour, il s’oblige à sortir de celle-ci, à se mettre en danger, pour grandir et se renforcer. C’est un peu, ce qui se passe en thérapie brève.
Le homard est aussi un clin d’oeil à Francoise Dolto qui a écrit « Le complexe du homard ». Un livre pour décrire l’état de fragilité psychologique des adolescents. Comme j’ai un parcours professionnel lié à l’Éducation Nationale – 20 ans de carrière ! – cela me parle. Une partie de ma clientèle est constituée de parents d’adolescents et d’adolescents.
J’aurai pu partir, effectivement, sur d’autres métaphores : la chrysalide, le papillon… Mais je suis quelqu’un d’original (Rires) ! Et je l’assume. Je me considère moi-même comme un homard : lorsque j’occupais le poste de proviseure adjointe, je devais constamment rentrer dans un moule qui ne me correspondait pas. Je devais être conforme à ce que l’on attendait de moi. J’étais en souffrance, à l’étroit dans ma carapace de chef d’établissement.
J’ai donc pris la décision de quitter mes fonctions pour créer Lobster Coaching. Même si cela me faisait peur, j’ai changé de carrière professionnelle pour assumer qui je suis. J’ai quitté la sécurité de l’emploi, une reconnaissance sociale et financière… .
2- On est ici dans l’image de la transformation : est-ce que c’est ce que tu proposes à tes clients ? De se transformer ?
Oui, Héraclite disait : « Rien n’est permanent sauf le changement ». La définition même de la thérapie brève (sourire). Elle est d’une efficacité redoutable et se pratique en 10 séances maximum. Elle est pour tous : enfants, ados et adultes qui ont décidé d’arrêter de “souffrir” et veulent sortir du cercle vicieux de leur souffrance. Les premiers changements peuvent s’observer au bout de la 4e ou de la 5e séance.
La thérapie brève systémique et stratégique est un modèle qui est né au MRI (Mental Research Institut*) à Palo Alto, en Californie, dans les années 50-60 par un collectif de chercheurs (anthropologues, psychiatres, mathématiciens…). La méthode se base sur l’observation du système d’un client et du fonctionnement de son problème. De fait, elle lui propose d’opérer des changements grâce à des tâches thérapeutiques qui sont différentes de ses habitudes en place. Chaque système est unique. Chaque expertise doit donc, l’être aussi.
Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir été formée par les plus grands dans ce domaine, Emmanuelle Piquet, son équipe et Dany Gerbinet. Des pointures de la thérapie brève. C’est une méthode tellement efficace qu’il faut en faire l’expérience pour en mesurer sa puissance.
3- Justement, en quoi la thérapie brève est un bon outil pour avancer ?
Celles et ceux qui pratiquent la méthode systémique de la thérapie brève, s’intéressent avant tout au “comment ?” fonctionne le problème. D’ailleurs, nous recevons bien des “clients” et non pas, des “patients”. Et ce, pour une raison simple : les “clients” sont “actifs” quand les “patients” sont “passifs”. Une méthode qui est donc différente des autres approches thérapeutiques qui vont plutôt chercher le “pourquoi ?” de.
Nous, nous co-construisons avec nos clients des solutions. Nous les rejoignons dans leur univers, leur donnons des outils et les responsabilisons afin qu’ils deviennent autonomes. L’idée est de leur faire comprendre par eux-mêmes, comment fonctionne le problème dans leur système. Et par extension, de les aider à agir pour amorcer un changement.
Pour cela, nous avons des techniques d’entretien que nous devons respecter afin de dégager le noeud du problème et de proposer des tâches thérapeutiques. C’est très important de suivre la procédure à la lettre car, ce sont des thérapies uniques et sur-mesure.
La thérapie brève fonctionne sur tous les types de problématique : de l’enfant qui ne veut pas dormir, au harcèlement scolaire, au stress de l’élève brillant qui perd ses moyens, aux problèmes de couples et d’adultes… La thérapie brève offre des solutions rapides à des problèmes complexes.
4- En quoi est-ce important de nos jours d’être bien dans ses baskets ?
Je dirais ne serait-ce que pour avancer et ne plus être à l’étroit. Je sors d’un système où j’ai pu constater beaucoup de souffrance – et à tous les niveaux ! Ce n’est pas possible de continuer de vivre comme ça ! En étant acteur de son changement, les souffrances peuvent être soulagées. Cela fait sens d’y travailler ! Et la thérapie brève peut être le vecteur de ce changement.
Elle n’est pas un exercice facile, tout comme la transition du homard. Il faut sortir de sa carapace et réaliser des tâches pour voir si cela fait bouger le système.
Là-dessus, il est important de bien comprendre qui souffre dans un modèle systémique. Parfois, cela crée de réelle surprise ! Le client peut ne pas être celui qui souffre mais bien quelqu’un de son entourage, que la souffrance de l’autre affecte. Nous sommes dans une société où la souffrance des personnes croît. Cela m’affecte profondément.
5- Si tu avais un conseil à donner à des femmes entrepreneures qui auraient du mal à se trouver, qui seraient en souffrance, qu’est-ce que tu leur dirais ?
De comprendre comment elles se sont enfermées dans leur carapace : identifier en quoi cela les fait souffrir et en quoi c’est un problème pour elles, est une base. Ce sont des réponses qui seront uniques et personnelles mais si cela est un problème, il est important qu’elles en prennent conscience. Ensuite, qu’elles le travaillent. Le changement apporte toujours du positif. Encore faut-il accepter l’inconfort avant le confort. Je leur conseillerai donc d’être actrices de leur vie et de leurs changements. C’est important d’agir, surtout dans l’entrepreneuriat.
MRI (Mental Research Institut*) : Institut de Recherche sur la santé Mentale