Charline Effah est une serial entrepreneure. Dirigeante le jour et écrivaine toujours, elle offre à sesapprenantes une parenthèse temporelle pour se ressourcer. Pour elle, se retrancher dans l’écriture l’aide à avancer dans les méandres de l’entrepreneuriat mais aussi, dans la compréhension de notre société.
1- Charline l’écriture fait partie de toi. En quoi est il moteurdans ta vie d’entrepreneure ?
L’écriture me permet d’aller au fond des choses, de me questionner et de prendre le temps de réfléchir sur notre société : sur notre monde, ses êtres, la femme. J’aime me saisir de ces sujets et ne pas les regarder de façon superficielle.
L’écriture m’aide, en plus, dans ma vie d’entrepreneure. Surtout, dans mon métier car j’ai créé un organisme de formation : l’Institut Diadème. Et croyez moi, ce n’est pas évident tous les jours ! Nous sommes souvent frappés par des reformes qui nous demandent de redéfinir nos process. Pour certains organismes, ces reformes les ont fait fermer. L’écriture, dans ces épreuves là, me permet de voir les choses de manière optimiste. Elle me permet d’affronter les difficultés de l’entrepreneuriat. C’est mon socle ! J’arrive à ne garder que le bon et à jeter le mauvais dans toutes les situations.
2- C’est une sorte d’exutoire, au final. Est-ce important lorsquel’on est à la tête de deux entreprises ?
Un exutoire, oui mais pas seulement. Je le vois aussi comme un moyen de me ressourcer (sourire). Quand je suis tiraillée par les problématiques du métier de gérante d’entreprise, je me réfugie dans l’écriture. Non pas pour en faire qu’un exutoire mais, pour me recentrer. Je reprends des forces pour affronter le reste. L’écriture m’aide énormément.
J’écris soit très tôt le matin, avant d’entamer ma journée et de la planifier. Soit tard le soir pour évacuer le trop plein de pression que je traverse (rires). Le matin, elle me canalise ; le soir, elle m’apaise. C’est ma petite routine.
D’ailleurs, les entrepreneurs devraient avoir une routine pour atteindre leurs résultats. La routine est à l’entrepreneure, ce que l’entrainement est au sportif de haut niveau. Même lorsque l’on est fatigués, elle aide à atteindre de vrais résultats.
3- Peut-on dire que l’Institut Diadème est une sorte de copie de votre métier d’écrivaine ? Est-ce une sorte d’espace de ressource pour les apprenantes ?
Tout à fait (sourire) ! Je voulais que les apprenantes – car on a 95% de femmes ici ! – aient un lieu pour se ressourcer. Ce sont des femmes qui exercent des métiers pour lesquels elles sont souvent en solitaire. Travailler au domicile comme Assistante Marternelle ou Garde d’enfant met les salariées de ce secteur face à une certaine solitude.
En formation, elles acquièrent un apprentissage, des compétences mais aussi, du temps pour elles et se ressourcer. Elles ont en commun le même métier, les mêmes valeurs professionnelles. Cela favorise le partage et le dialogue. Ce que je remarque, c’est que lorsqu’elles sortent d’une action de formation, elles gagnent en confiance en elles, elles s’expriment mieux. Elles ont aussi, de meilleurs positionnements. Elles sont plus alignées avec elles-memes. C’est très encourageant !
4- Pourquoi les gens ont-il besoin de se ressourcer de nosjours ?
Parce qu’ils sont pris en tenaille par notre société à 1000 à l’heure. Ils vivent dans un environnement anxiogène et inquiétant. Regardez la crise de la Covid, dans laquelle nous sommes encore. C’est très long ! Le monde, à ce moment-là, nous a échappé. Et les confinements consécutifs n’ont rien arrangé. Nous étions les acteurs d’un monde en déclin. Comme dans un mauvais film.
Aussi, je pense que cela a fait revoir certaines valeurs, certaines façons d’être au monde chez les gens. Ils ont besoin d’ancrage, de quelque chose qui les maintient hors du gouffre de l’existence, des sollicitations et des pressions sociétales. Avec la crise de la Covid-19, nous avons pu observer l’évanescence du monde. Et c’est en ce sens que l’institut Diadème fonctionne : il donne des espaces temporels aux femmes pour se ressourcer à travers les apprentissages.
5- Si tu avais un conseil à donner à des femmes qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat, qu’est-ce que tu leur dirais ?
De se former : non pas parce je suis gérante d’un organisme de formation. Mais parce que souvent, lorsque l’on entreprend dans un secteur, il est facile de vouloir faire par soi-même. Souvent, on oublie que dans le monde de l’entrepreneuriat, il y a des cadres légaux qu’il est important de connaitre. Les formations dédiées sont importantes. Elles aident à mieux entreprendre. Elles permettent aussi, d’identifier ses aptitudes, ses compétences. Elles ont un impact dans la performance de l’entreprise dans le sens où elles permettent ensuite au gérant de gagner du temps.