Le télétravail, mit en place depuis le confinement, est aujourd’hui très controversé. Notamment pour les femmes, principales « victimes » de ses effets. Partager entre boulot/maman/dodo mais à la maison, les femmes, entrepreneures comme salariées, ont vu un recul significatif de leur rôle social : leur empowerment chute et leurs perspectives d’évolution de carrière avec. Explications.
C’est une des conséquences du confinement qui commence à faire parler d’elle : l’empowerment féminin serait stoppé par le télétravail. D’ailleurs, ne dit-on pas que le télétravail aurait fait reculer l’entrepreneuriat féminin et creuser un peu plus d’inégalité entre les hommes et les femmes, pendant le confinement ?
Le télétravail, vecteur d’un temps de travail parental inégal
Car selon une enquête de l’Ipsos, pour la Chaire pour l’entrepreneuriat des femmes de Sciences Pô, les mumpreneures et les salariées d’enfants de moins de 10 ans, auraient connu une hausse de 85% de leur temps, dédié à leurs enfants. Soit 6,1 heures dédiées aux tâches liées à l’éducation et au soin des enfants, contre 3,3 heures avant le confinement.
Une hausse bien plus importante que pour les hommes, qui eux, ont vu leur temps dédié à leur rôle parental s’élever à 4,7 heures, contre 3,3 heures avant le confinement.
Travailler de chez soi pour gagner moins ?
Mais la différence se fait ressentir principalement sur les salaires. Outre le problème des entrepreneures à ne pouvoir continuer de vendre et à faire fleurir leur business, les salariées ont également connu une inégalité salariale. Pourtant le télétravail constitue un levier pour accroitre la présence des mamans, au sein de la population active.
Dans les deux cas de figure, l’émancipation financière n’y est pas. L’émancipation sociale non plus. Le télétravail a donc aussi ses limites. Car contrairement aux hommes, les femmes salariées ne connaissent pas de hausse de salaire horaire. Même si celles-ci sont salariées chez le même employeur ! N’y-aurait-il pas là, des préjugés quant aux motifs du télétravail et aux attentes de productivité ? Dans tous les cas, le pouvoir de négociation des femmes est nettement plus bas.
Une invisibilité de la communauté féminine plus marquée, avec le télétravail
D’autres enjeux encore, rentrent en ligne de compte. Ces enjeux doivent retenir l’attention des entreprises. Notamment pour que le télétravail soit pleinement vecteur d’émancipation pour les femmes. Surtout au niveau des compétences.
Car le développement des compétences, au travail comme dans la création d’entreprise, passe par différents échanges informels. Le télétravail est donc un frein à ces échanges et ces possibilités. Pour les femmes qui souffrent déjà de discrimination et d’inégalité, le télétravail est un réel frein à leur ascension, leur monter en compétence et leur carrière. De fait, cela accentue les normes de genres qui font que les femmes se mettent moins en avant. L’invisibilité de la communauté féminine est donc plus marquée.
Un empowerment qui recule
Enfin, le télétravail est aussi peu propice au networking (réseautage). Les femmes de façon générale, et contrairement aux hommes, consacrent moins de temps à développer leur réseau. Et ce, que ce soit dans l’entrepreneuriat ou bien dans le salariat.
D’où l’importance de mettre en place des dispositifs en place : des sessions de mentoring, des modules de coaching, des parcours de formation. Ne serait-ce que pour aider au développement de soi, aider à la prise de parole en public ou aider à développer son charisme. Ce sont réellement des sujets à mettre à l’honneur dans les entreprises, mais aussi dans les réseaux d’accompagnement a la création d’entreprise. Ces sujets sont de réels freins à l’ascension des femmes et à l’obtention d’une carrière. L’empowerment féminin passe donc par le bureau ou les réseaux. Il participe surtout au développement du leadership des femmes.
Le télétravail est finalement un frein à l’ascension des femmes, dans leur carrière. Bien qu’avec le confinement, celui-ci se soit démocratisé, il n’est pas pour autant bon à utiliser tous les jours. L’empowerment des femmes a donc reculé, provoquant même un taux d’isolation plus élevé. Le télétravail ne fait donc pas un bon business avec les femmes.