Isabelle Boix est franco-espagnole. Elle a créé MADRIDEM, il y a 18 ans maintenant, pour venir en aide aux expatriés français et francophones de Madrid à trouver leur logement. Espagnole de culture et Française de coeur, c’est avec bienveillance et empathie qu’elle répond aux besoins de ses clients, en devenant leur personal shopper immobilier.
1- Isabelle, pourquoi est-ce difficile pour des expatriés, et notamment des français, de trouver un logement en Espagne ?
Tout simplement, parce que c’est culturel (sourire) ! Même si la France et l’Espagne sont des pays voisins, il y a la barrière de la langue, des us et coutumes différents et des lois distinctes. C’est pour cela qu’il est important d’accompagner les français dans leur recherche de logement et dans leurs démarches administratives. L’immobilier espagnol est vraiment différent de l’immobilier français.
Pour illustrer, les bailleurs espagnols demandent plus de garanties qu’en France. La plupart du temps, des papiers et des justificatifs que les français n’ont pas l’habitude de donner. Les quittances de loyer ici n’ont aucune valeur, par exemple. C’est déroutant ! MADRIDEM est donc là pour ça : accompagner les étrangers dans leur relogement ou dans leur l’achat à Madrid.
MADRIDEM a un certain prestige, en plus, dans le secteur ! Passer par notre agence est un gage de confiance. Les propriétaires espagnols louent plus facilement à des expatriés qui nous sollicitent parce qu’ils connaissent notre gestion : nous parlons espagnol, nous nous occupons des traductions et nous sommes sur place. Seul et expatrié, la recherche d’un appartement ou d’une maison est très compliqué.
2- Est-ce pour cela que tu as choisis de dédier principalement ta proposition de service aux français et francophones ?
C’était plus, pour répondre à une problématique que j’avais pu constater ! : à l’époque où mon papa travaillait, son remplaçant a eut beaucoup, beaucoup de mal à trouver un logement en arrivant en Espagne. C’était un moment très éprouvant pour tout le monde et notamment, les secrétaires qui devaient jongler entre les visites, les entretiens etc… Les entreprises étrangères et leurs employés ont quand même autre chose à faire !
Sur Madrid, il y a une communauté francophone très vaste (française, canadienne, nord africaine, Suisse etc..) donc la demande est très vite devenue croissante. Sauf qu’il y a 18 ans, il n’existait pas d’agence de re-location dédiée aux francophones. J’ai donc sauté sur l’occasion (sourire).
Et comme je suis franco-espagnole, c’est plus simple ! C’est un réel avantage : je connais la culture française et la culture espagnole. C’est une valeur ajoutée pour l’entreprise.
3- Finalement, ta mission est de faire en sorte que tes clients francophones se sentent ici, chez eux ?
Exactement (rires) ! D’où le nom de marque MADRIDEM : jeu de mot entre Madrid et idem. Même si ça ne sera jamais à 100% pareille que dans leur pays d’origine, mon objectif est de faire en sorte qu’ils s’y rapprochent. Je fais tout pour qu’ils aient une expérience de vie semblable à celle qu’ils ont quitté. Je veux qu’ils soient à l’aise. Je veux vraiment leur faciliter la vie quand ils arrivent en Espagne.
C’est aussi une façon pour moi de les aider à apprécier un peu plus leur expatriation. Je joins l’utile à l’agréable. C’est là l’essence même de ma proposition de personal shopping en immobilier. Je me charge de tout pour eux : de gérer l’ensemble de leurs besoins, les papiers, les visites… Je les accompagner de A à Z sur leur projet d’expatriation.
Ne faut-il pas une écoute et une empathie sans faille pour exercer le métier de personnel shopper en immobilier ?
Oui, complètement (sourire) ! C’est la base de mon métier. La proposition de personal shopper est plus destinée à des expatriés qui veulent acquérir un bien à Madrid. Comme je connais très bien la ville, les quartiers, les besoins des français qui arrivent, cela me donne un avantage.
Pour comprendre les clients, je fais un premier entretien. Je les sonde sur leurs envies, leur mode de vie, leurs coutumes et leurs habitudes. Je vais réfléchir à re-créer leur vie d’avant. Pour les investisseurs, je vais plutôt réfléchir avec et pour eux à la rentabilité du bien.
Le personal shoppping est donc un accompagnement complet, de l’idée à l’action. Je me mets vraiment dans la peau de mes clients pour leur trouver LE bien idéal. Sans l’écoute, ni l’empathie, je ne vois pas comment je pourrai bien faire mon travail. Ce n’est pas possible.
4- Est-ce que ce sont des valeurs qui se perdent en Espagne et plus généralement dans notre société ?
Oui, malheureusement… Ce sont des valeurs qui se perdent dans notre société et dans mon secteur d’activité aussi. Aujourd’hui en Espagne, le métier d’agent immobilier est devenu très froid. Il n’y a plus d’interaction avec les clients, plus de réelle relation, plus de partage. Ce qui est l’antithèse de MADRIDEM !
Chez nous, nous personnalisons absolument tous les besoins de nos clients. Nous sommes encore une petite entreprise, donc nous pouvons prendre le temps de chouchouter nos clients. Nous recentrons l’humain au coeur des recherches. La société, elle, fait l’inverse. Elle dé-personnalise le service, notamment avec les nouvelles applications d’acquisition de biens. Je ne suis pas en phase avec ces méthodes.
5- Si tu avais un conseil à donner à des femmes qui, comme toi, se lancent comme entrepreneures expatriées en Espagne, qu’est-ce que tu leur dirais ?
D’être courageuses : il faut être courageuse, croire en soi, et en son projet pour réussir. Cela ne veut pas dire que c’est la solution miracle pour y arriver. Mais travailler, s’impliquer dans son projet sont essentiels pour performer. Surtout en Espagne, où la création d’entreprises est pus compliquée. Les lois sont moins avantageuses. Du coup, se faire conseiller et être entourée est important. La chance peut jouer son rôle aussi mais, je reste persuadée que le courage est la clé de réussite.