C’est l’un des secteurs où les femmes entrepreneures sont les plus représentées. La Santé comptabilise chaque année, des milliers de créations d’entreprises dans le Grand Est. Mais entre le soin et l’innovation, le choix n’est pas toujours simple. Explications.
“Je suis indépendante depuis 18 ans, maintenant. On a un vrai un sentiment de liberté. On a des référents mais la confiance s’installe vite. Et puis, on est libre de prendre nos décisions”, explique Aline Chenot, infirmière indépendante sur Marly. “Je ne regrette absolument pas. Aujourd’hui, j’ai le temps de m’occuper de mes patients”, confirme Juliette, jeune aide-soignante de Strasbourg, indépendante depuis 3 ans.
Dans le Grand Est, le secteur de la santé a généré plus de 1 040 créations d’entreprises. Une entreprise sur quatre avait le statut de micro-entreprise, à la fin 2021. Un secteur qui attire en majorité les femmes qui représentent 67% des créateurs dans ce domaine.
Le soin, fer de lance des entrepreneures du Grand Est
Infirmière, aide-soignante ou encore assistante de vie, c’est de ce côté que les femmes entreprennent le plus. Les métiers du soin en santé font parties des métiers à majorité féminine. ”C’est avant tout pour l’humain qu’on fait ce métier”, témoigne Véronique Peters, infirmière à Metz. Un ressenti partagé par Maryse ou encore Julie, aides soignantes dans le Grand Est.
Alors que certaines sont tombées dedans par hasard comme Colette, infirmière, pour d’autres c’est une vocation. “Quand j’avais 20 ans, je voulais aider le monde. Je voulais aider les gens. Aller vers l’autre, c’est ce qui donnait un sens à ma vie”, raconte Aline, infirmière à Marly.
Entrepreneures ou salariées, les personnels de santé font leur choix
Quand on devient personnel de santé, on doit effectuer 3 ans obligatoires en service hospitalier. Manque de temps et d’écoute, hiérarchie difficile, salaires bas… Les difficultés sont nombreuses. Des problématiques qui poussent un grand nombre de soignants à quitter leur blouse blanche de salariés pour devenir indépendants.
C’est le cas de Véronique Peters qui après avoir effectué ses années obligatoires en hôpital, s’est tout de suite tournée vers le libéral. “C’était une évidence. Qui plus est, j’avais déjà des personnes de mon entourage en libéral. Et puis surtout, le service hospitalier s’est considérablement dégradé”. Un sentiment partage par Juliette qui, après 7 ans au service des urgences de l’hôpital Mercy à Metz-Thionville, a fait le choix en 2018 de devenir assistante de vie à domicile. « Travailler aux urgences, c’est difficile. On n’a pas vraiment le temps. Vers la fin, je finissais par ne plus vouloir aller au travail, alors que j’adore mon travail ! ».
La Covid, un vecteur de reconversion ?
Juliette vient de prendre sa retraite d’infirmière. Une retraite anticipée pour les personnels de santé ayant pratiqué 15 ans minimum de métier. Depuis 2 mois, elle a choisit une orientation différente. Elle est devenue Hyphnothérapeuthe. “Je ne voulais plus travailler à l’hôpital. Le Covid a été une réelle épreuve. J’ai décidé de changer et de profiter un peu de mes dernières années.”, explique t’elle avec le sourire. D’autres, comme elle, ont choisi des secteurs différents. Véronique a décidé de reprendre le Vignoble familial. “J’ai été aide-soignante pendant 20 ans. Mais j’ai toujours voulu reprendre le domaine de mes grand-parents, une fois qu’ils ne pourraient plus. Je ne regrette pas”.
Pour d’autres femmes, au contraire, la Covid a été le déclic. Elles se sont reconverties pour devenir professionnelles de santé. “Il fallait que je passe le cap pour aller les aider. On en a besoin. Et puis, j’ai toujours été attirée par ce métier. C’était ma manière de contribuer à l’effort de guerre, on va dire.”, explique Marie. Ancienne cuisinière, elle vient de terminer une formation pour devenir aide-soignante indépendante à Nancy.
Où sont les entrepreneures dans l’innovation santé ?
La santé est pourtant l’un des secteurs les plus innovants dans le Grand Est. Rien que du côté des Start-Ups, on compte pas moins de 330 entités fondées dans la Région. Des projets allant de l’intelligence artificielle pour le tri des patients, aux applications pour favoriser l’installation des médecins dans les déserts médicaux.
Le seul bémol ? Entre difficultés à obtenir des financements, sexisme et auto-censure, les entreprises fondée ou co-fondée par des femmes se font rares. La Grand Région en compte une vingtaine seulement. Marie-Odile McKeeney et Bérengère Henrion font parties de ses pépites. Elles viennent de co-créer un jeu de réalité virtuelle pour améliorer la rééducation ”On l’a conçu suite à la rencontre avec un jeune garçon qui a été victime d’un AVC infantile. Il nous a parlé de la difficulté d’accéder à une bonne rééducation. Comme la VR est déjà utiliser pour le soin, on s’est dit qu’il y avait une carte à jouer”.
Ainsi pour palier à cette problématique, et depuis quelques années maintenant, la French Tech East, la BPI ou encore des structures comme le PRIsME ou Grand Enov+ proposent un accompagnement spécifique pour les femmes entrepreneures dans l’innovation santé.
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