Après 6 mois de crise sanitaire et d’incertitude quant à la reprise des activités, les artisans retrouvent peu à peu le sourire. Mais ce sourire sera-t-il de longue durée ? Car les prêts et les reports de charges sont désormais à rembourser. Même si les réseaux des Chambres des Métiers et de l’Artisanat restent mobilisés jusqu’au bout avec les artisans pour les accompagner, l’avenir de ces derniers risque fortement de s’assombrir une nouvelle fois, à partir de la rentrée.
Il y a 6 mois, la France ainsi que le monde entier traversait une crise sanitaire et économique sans précédent, provoquant chez les acteurs économiques des fermetures, des chiffres d’affaires quasi nuls et de la résilience face à une situation d’urgence. Les artisanes plus fragilisées face à cette crise Covid-19, souvent avec peu de salariés – voire sans salarié pour une grande majorité – , se sont retrouvées isolées et sans possibilités de télétravailler. Pour tenter de subvenir à leurs besoins et aux besoins du secteur, les Chambres des Métiers et de l’Artisanat (CMA) se sont mobilisées à l’échelle du Grand Est. Elles ont proposé des aides en ligne et de l’autodiagnostique pour évaluer l’état de santé des entreprises. Mais qu’en sera-t-il à la rentrée, lorsque les entreprises devront rembourser leurs prêts et payer leurs charges ?
Grand Est, grande réactivité !
À ce jour dans le Grand Est, on compte environ 100 000 entreprises artisanales. Sur ces 100 000 entreprises, 30 000 ont pu être accompagnées par la CMA régionale, pendant la crise sanitaire. En Moselle par exemple, les 3/4 des 20 000 entreprises artisanales recensées ont été accompagnées. Lors de la crise, la CMA de Moselle aurait alors reçu 6 000 demandes d’accompagnement et aurait contacté 8 000 entreprises pour évaluer leur besoin.
Mais l’enjeu aujourd’hui, ne se situe plus au niveau sanitaire – bien que la vigilance et les gestes barrières soient encore en vigueur ! -, mais bel et bien au niveau économique. Même si la reprise semble être au rendez-vous pour les artisans, les aides gouvernementales elles, touchent à leur fin. Et pour l’heure, c’est aux remboursements que les artisans vont devoir faire face. Celles des reports de charges et des prêts garantis par l’État (PGE).
Selon la CMA de Moselle, peu d’entreprises auraient mis la clé sous la porte grâce aux différents dispositifs exceptionnels, mis en place par le gouvernement. Mais le plus dur reste à venir ! Selon la CMA régionale, le prochain semestre sera décisif pour les entreprises artisanales alsaciennes. D’autant plus que la question se pose sur leur possibilité réelle d’emploi en apprentissage, censé relancer le secteur.
L’apprentissage pour sauver l’artisanat ?
L’annonce a été faite, il y a quelques mois. Une aide financière exceptionnelle pour encourager l’apprentissage a été mise en place par le gouvernement, pour faire face à la crise. Une bonne initiative certes, mais aux vues des charges et des prêts à rembourser sur les trimestres prochains, la question de l’utilité de cette aide se pose. En effet avec tous ces remboursements, les artisans pourront-ils vraiment prendre et assumer financièrement des apprentis ? Avec 6.000 euros par an pour un apprenti de moins de 20 ans, et 8.000 pour les plus de 20 ans, le coût pour l’entreprise est-il vraiment quasi nul ? Car au plus fort de la crise, les artisans avaient pour objectif de ne pas fermer boutique et de sauver leurs emplois. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Avec la crise sanitaire, il était urgent pour les entreprises artisanales de s’adapter et de sauvegarder leurs emplois. Pour les aider, le gouvernement a accordé des reports de charges et des prêts PGE, quand les Chambres des Métiers et de l’Artisanat ont pris la décision de soutenir et d’accompagner les entreprises. Des aides précieuses mais qui aujourd’hui prennent fin. À l’heure où les entreprises artisanales se doivent de payer leurs charges et de rembourser leurs prêts, comment vont-elles affronter la rentrée ?