Saviez-vous que les chefs de cartels mexicains sont aujourd’hui… des cheffes de cartels ? Ces derniers temps dans le pays, la détention de femmes liées aux organisations criminelles, s’est vu augmenter significativement. En laissant leur rôle traditionnel d’épouse de chefs de cartel, pour tenir un rôle plus protagonique, les mexicaines féminisent peu à peu les moeurs d’une narco-culture autrefois masculine. Décryptage.

L’histoire du commerce illicite de drogue commence il y a une centaine d’années. Avec le trafic d’opium puis de drogues plus dures telles que la coca, le narcotrafic fleuri. Le XXe siècle voit alors germer des chefs de cartels : Caro Quintero, Ernesto Fonseca, ou bien les freres Beltran Leyva, en collaboration avec el Chapo Guzman du cartel de Sinaloa, font parti des criminels les plus connus de l’Histoire. L’ascension de la femme mexicaine et de son statut social n’est que tout récent. Son implication dans le narcotrafic encore plus et tend à se voir plus quotidiennement : de nourrices, à mules, en passant par le statut d’épouses des chefs de cartels, et de tueuses à gage, elles convoitent aujourd’hui les places directionnelles. Un bilan, mit en évidence par les dernières arrestations médiatisées du pays, et par des mandats d’arrêts encore en vigueur. Le narcotrafic n’est donc plus une histoire d’hommes. Aujourd’hui, les chefs de cartels sont des cheffes de cartels.

Femmes opportunistes ?

Ce sont des informations sans précédent au Mexique. En novembre 2017, la police de Tamaulipas annonce détenir Ana Isabel Trevino Morales, cheffe du cartel de “los Zetas” (un des cartels de drogue les plus dangereux du Mexique). Aujourd’hui, le nombre de mexicaines enrôlées dans le narcotrafic dépasse l’entendement. Aucun chiffre officiel ne comptabilise pourtant l’engouement pour cette activité lucrative car l’inclusion de la femme dans ce marché parallèle, éclot doucement sous les yeux du gouvernement mexicain. Avec divers positions et statuts, le réel bouleversement se crée dans les hautes sphères du trafic de drogue : les barons sont aujourd’hui des baronnes.

“ Dona Lety “ ( Leticia Rodriguez Lara ) jefas du cartel de Sinaloa  et “ La tia “ ( Maria Teresa Rodriguez ) cheffe du cartel du Golfe, toutes deux arrêtées en août 2017,  “ La candela “ ( Alejandra Ramirez Arballo ), considérée comme responsable du cartel de “ Los Rojos “, avec sa belle-soeur “La Gorda” ( Gabriela Mazari Hernandez ) arrêtées respectivement en 2017 et 2018, ont toutes un point commun : la survie par la cooptation.

Dans un pays où le taux d’alphabétisation des femmes adultes connaît une augmentation de 17% en 35 ans et où la croissance annuelle du PIB diminue de 59% en 56 ans, le business des drogues apparaît comme une solution de survie. Généralement épouses de barons de la drogue, ou bien membre de leur familles, les femmes prennent la place de leurs maris ou de leurs frères, comme dirigeantes des entreprises familiales. Cheffe d’un domaine très lucratif, la fortune de ces femmes se chiffre en milliard de dollars.

Un role model original

Comme toutes ascensions “ professionnelles “, il a fallu pour ces femmes un modèle à suivre : Dona Patricia Buendia, appelée dans le milieu La Ma Becker, est donc la pionnière de ce mouvement féminin.

Âgée de 45 ans lors des faits, elle cumule plusieurs jobs pour subvenir aux besoins de sa famille, avant de débuter sa carrière criminelle. C’est à Tepito, quartier de son enfance, qu’elle démarre son trafic, qui deviendra en quelques années le cartel de Neza ( un des cartels de drogue les plus dangereux de la zone métropolitaine de la région de México ). La Ma Becker est alors à la tête d’un réel empire, dont elle fait profiter les membres de sa propres familles : ses 3 gendres sont sous ses ordres. Selon les autorités du pays, elle serait maîtresse de 500 points de ventes, posséderait une arène de boxe clandestine et obtiendrait la protection rapprochée de services de polices, de juges et de magistrats. C’est la première mexicaine à diriger un cartel de drogue d’une main de fer, ordonnant même des assassinats.

Aujourd’hui à 60 ans, elle est emprisonnée dans le centre de détention de Santiaguito, pour trafic de drogue et crime organisé. Son histoire à toutefois été le déclencheur de la montée en puissance de la femme, dans le monde masculin du narcotrafic au Mexique.  

Une norme assimilée dans la narco-culture mexicaine

Au-delà de la féminisation des cartels de drogue, se féminise aussi la narco-culture. Il n’est pas anodin de trouver aujourd’hui dans les narcocorridos ( musique mexicaine ), des louanges aux jefas de cartels. A partir des années 70, ces musiques traditionnelles ne décrivent plus la femme comme passive et victime de violence mais bien comme actrice de cette violence : La Nacha ( célèbre narcotraficante de Ciudad Juárez ) ou Margarita, la de Tijuana, raconte l’histoire de deux cheffes de cartels qui exécutent leur époux. Dans les narcocorridos, les figures de la femme occupent des lieux centraux et protagoniques, toujours dans un univers essentiellement masculin.

Ces places féminisées se retrouvent aussi dans la littérature mexicaine. L’auteur Arturo Perez-Reverte, l’a bien compris. En écrivant La Reina del Sur, il met son personnage principale, Teresa Mendoza, au coeur du trafic de drogue mexicain et de la mafia. Cette oeuvre littéraire connaît un franc succès et semble s’inspirer de la vie de Sandra Avila Beltran ( surnommée la Reina del Pacifico ). Plus vraie que nature, l’histoire a été adaptée en telenovela, et relayée sur les chaînes françaises.

Mais ce sont sur les réseaux sociaux que les transformations sociales sont les plus marquantes : Berenice Ochoce Felix, La emperatriz del antrax , est surnommée la “ La Kim Kardashian du crime organisé “. Avec 88 000 followers sur Twitter et 30 000 personnes sur instagram, Berenice Ochoce Felix dévoile quotidiennement sa vie luxueuse, ses relations avec des membres de cartels de drogue, et son goût prononcé pour les armes.

Vous l’aurez compris, l’entrepreneuriat n’est pas qu’une histoire d’innovations technologiques. L’innovation se constate ici, dans l’evolution du rôle des femmes mexicaines.

 

 

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