En temps de confinement ou pas, les oubliées de la société…
Les femmes ont encore une fois de plus été les grandes oubliées de la société, pendant ce confinement qui a débuté le 17 mars 2020 en France. Et pourtant sans elles, le monde n’aurait pas pu tourner correctement dans de nombreux domaines. Elles étaient déjà nombreuses à être présentes dans les rôles essentiels de notre quotidien, pour sauver des vies dans les hôpitaux ou s’occuper de nos aînés dans les EHPAD et répondre aux besoins primaires des clients, aux caisses de nos supermarchés. Pourtant, elles sont restées sous silence et quasi-invisibles, dans l’oubli comme si ce dévouement était normal…
Il est important de préciser qu’en France, 90% des aides soignant(e)s et des agent(e)s de caisse, 89% des préparateur(ice)s en pharmacie, 87% des infirmier(e)s et 70% des agent(e)s d’entretien sont des FEMMES. C’est ce que nous rappelle le compte Insta @allovairestheworld. Parmi ces femmes, nombreuses sont celles qui sont mères, voire mamans solos, et qui ont par bienveillance, continué leurs activités professionnelles. Que ce soit sur le terrain ou à la maison, en télétravail.
Elles ont dû organiser leurs journées, chercher un mode de garde « peu adapté » à la situation, s’occuper des tâches du quotidien à haute dose (parce qu’en temps de confinement la famille occupe la maison H24 !), et se mettre à un nouvel emploi : celui de maîtresse d’école.
Bref, les Femmes restent ces Wonderwomen des temps modernes ! Celles sans qui le monde cesserait de tourner, comme le disait si bien Beyonce en 2011 dans «[who] Run The World (girls) » !
Bien sûr, je ne dis pas que les hommes ne participent pas à cette charge quotidienne. Certains d’ailleurs, le font naturellement, quand d’autres ont pris des initiatives. Mais trop souvent encore, leur rôle n’est pas plus solide que cela auprès de leurs femmes. Et le confinement ne semble pas avoir modifié ces règles du jeu. On le sait, de nombreux articles parlent de la charge mentale. Ce syndrome des femmes épuisées à devoir penser à tout, comme dans la BD d’Emma « Fallait demander » qui montre encore de grosses inégalités hommes-femmes dans l’organisation d’un foyer. Peut-être d’ailleurs, que le confinement a donné l’idée à Emma d’écrire le tome 3 !
Malgré un déconfinement progressif, les femmes-mères ne peuvent pas reprendre une vie ordinaire. Notamment à cause de toute l’organisation habituelle qu’elles ont. Les établissements scolaires ne ré-ouvrent que progressivement, voire peut-être ne ré-ouvriront pas du tout pour certaines classes ; et tous les modes de garde ne peuvent pas encore accueillir les enfants.
De plus, cette rentrée des classes peu ordinaire est basée sur le volontariat des parents à mettre ou ne pas mettre leurs bambins à l’école. Encore une manière bien culpabilisante pour les mères qui n’ont pas le choix… D’ailleurs quel choix est le meilleur, que savons-nous réellement des risques pour nos enfants ?
Il y a encore tant de questions que se posent les parents sur les enfants et le Covid-19 : nos enfants peuvent-ils attraper ou transmettre le virus ? L’ont-ils peut-être déjà eu ? Les écoles seront-elles désinfectées et opérationnelles avec les gestes barrière ? Le Covid-19 déclenche-t-elle vraiment la maladie de Kawasaki ?
Depuis bientôt 2 mois, les femmes usent d’idées de génie pour s’organiser malgré la situation ! D’abord il a fallu réaménager son intérieur. La table de la salle à manger est devenue la salle de classe, avec le coin buanderie et télétravail pour tout faire en même temps. Puis il a fallu acheter imprimante, feuilles et cartouches à gogo pour tenir toute cette période sans école. Sans devenir gaga, avec des tonnes de mails envoyés et des polycops à imprimer des professeurs, tout en trouvant le temps d’aller faire des courses, de ravitailler sa famille… Sans oublier de tout désinfecter à notre retour à la maison, de trouver des idées recettes et de cuisiner encore et encore, parce que les enfants n’oublient pas de nous rappeler les heures de repas avec des « on mange quoi ? »…
Certaines femmes ont passé leur confinement à s’interroger sur la manière de faire redémarrer leurs affaires, leurs boutiques, leurs salons qu’elles ont mis tant de temps à ouvrir. Être entrepreneure au féminin ce n’était déjà pas chose facile à la base… Des actions solidaires sur les réseaux sociaux ont fusé et ont permis de créer du lien entre les unes et les autres. Il y a eu des tutos, des cours divers et variés pour tous les goûts…
Mais demain, qu’est-ce qui va réellement changer ?
Ces femmes-mères qui n’ont pas arrêté de culpabiliser pendant cette période de confinement, parce qu’elles n’étaient pas en mauvaise santé, qu’elles se sentaient privilégiées d’une certaine façon d’avoir un emploi, mais qui ont laissé leurs enfants devant les écrans et leurs jeux vidéo parce qu’elles n’avaient pas d’autre choix… Leur travail en a pâti car elles n’étaient pas à 100%. Que va-t-il se passer maintenant pour elles ?
Une fois que la crise sera passée, beaucoup de femmes qui sont restées isolées, parfois seules à faire tourner un foyer qu’il fallait rassurant pour le bien-être de leurs enfants, seront-elles plus VISIBLES ?
Céline Gousset
Association visages de femmes