Alexandra Gibou est entrepreneure, fondatrice et co-responsable de Claquettes Market depuis 2022. Un projet de vente de chaussures de seconde main sur le web et en magasins. C’est le groupe Eram qui lui a confié cette mission après la Covid-19. Pour elle, les échecs sont essentiels pour faire mieux !
1 – Alexandra Gibou, dites-nous, pourquoi vous êtes-vous lancez dans le e-commerce de chaussures de seconde main ?
Dans ma carrière, j’ai toujours travaillé dans des grands groupes en CDI. Cette fois-là, chez Eram, c’était un peu particulier : on m’a proposé de l’intrapreneuriat. J’avais carte blanche pour concrétiser un projet que le groupe avait en tête depuis quelque temps. Donner une seconde chance aux chaussures et les proposer à la vente une section « Seconde Main », dans les magasins comme sur notre site internet. Un projet qui résonnait en moi car l’économie circulaire entre dans mes valeurs personnelles.
La fast fashion, aujourd’hui, est un vrai sujet. J’ai remarqué que sur la plupart des plateformes de seconde main, il y avait des tonnes de chaussures du groupe en circulation. Ce qui signifiait que leur clientèle était intéressée par ce type d’achat. Mais il y avait un problème de taille : la moyenne d’âge de ces clients oscillait autour de 45 ans. Soit des personnes qui ce ne sont pas habituées à utiliser ces plateformes de vente en ligne. C’est pour cela que j’ai décidé d’étendre ce projet en physique. Cela a également permis de reconnecter les particuliers avec les magasins, à l’époque post-covid où l’envie de shopping en boutique n’était pas vive. C’est comme cela que le projet Claquettes Market est né, en novembre 2022.
2 – En quoi aujourd’hui, est-ce important de faire attention à sa consommation ?
L’économie circulaire et la prise de conscience sont moins rapides qu’elles ne pourraient l’être. C’est plus facile de se tourner vers des marques de fast fashion à des prix parfois dérisoires, plutôt que des articles écoresponsables, plus onéreux. Le plaisir qu’on a avec Claquettes Market, c’est qu’on associe l’envie au besoin : “j’ai envie de mieux consommer”, mais “je n’ai pas forcément les moyens de le faire.”
3 – Est-ce comme ça que vous vous différenciez de la concurrence ?
Oui, bien-sûr ! Par ailleurs, je pense que notre différence passe aussi par le fait qu’on connaît réellement le domaine. À l’époque, lorsqu’on demandait un avis sur le projet, pas mal de gens nous ont dit : « Vous êtes légitime en tant que groupe de chausseurs ». Les chaussures sont plus difficiles à mettre à neuf que les vêtements. Les cordonniers coûtent cher et il y a le côté hygiène à prendre en compte. Je pense qu’aujourd’hui, Claquette Market fait la différence parce qu’on sait comment produire et entretenir les chaussures grâce à Eram. On a aussi de la chance d’avoir des conseillers de vente tous formés à l’entretien des chaussures.
4 – L’intrapreneuriat est-il une force pour vous ? Si oui, comment ?
Je pense que d’avoir un groupe qui croit en nous et en notre projet, et qui vous donne les moyens dès le départ, c’est très chouette. Le groupe Eram m’a vraiment fait confiance. Ils ont investi certes, mais j’ai pu choisir le nom, décider de rajouter des paires de chaussures reconditionnées qui n’étaient pas du tout prévu au départ. C’est cette confiance qui m’a permise de faire de Claquette Market, un vrai projet de seconde main.
5 – Si vous aviez un conseil à donner aux femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat ou qui démarrent justement des projets, que leur diriez-vous ?
De tester leur projet : Le meilleur conseil que j’ai eu en arrivant — parce qu’on a la chance, à Nantes, d’avoir un studio ; un hub qui s’appelle Imagination Machine, avec qui le groupe travaille de temps en temps — vient du directeur, Rob Spiro, qui m’a dit : « OK, sur le papier ça a l’air super, mais as-tu testé des choses ? ». La clé est de voir, même si ce n’est pas abouti, ce que les gens en pensent. Est-ce que nos consommateurs achèteraient, etc. ? On a énormément appris comme ça. Ça nous a permis d’éviter certaines erreurs parce qu’on a eu des retours de clients et de magasins, dès le départ.
Donc tester et rebondir. C’est vraiment, pour moi, la clé du lancement d’un projet qu’il soit intrapreneurial ou entrepreneurial.