La reconversion n’a jamais été aussi convoitée, surtout par les femmes de la région Grand Est. Se reconvertir, oui, mais pas dans n’importe quoi. Par passion ou par dépit, l’entrepreneuriat attire de plus en plus ces femmes en quête de sens.
Caroline fait partie de ces reconversions atypiques. Ancienne aide soignante, elle est entrée en formation de reconversion pour devenir vigneronne. “Mes parents sont à la retraite. Cela faisait quelques années déjà que je voulais reprendre le Domaine. Avec la fatigue de ma profession, liée aux deux années Covid et le fait que mes parents soient âgés, je me suis dit que c’était le moment”.
Les virages à 360° se font rares dans le Grand Est. Mais en ce qui concerne les reconversions, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à y penser. “Sur les 12 derniers mois, 2 832 femmes ont suivi les prestations de reconversion contre 2 400 hommes, sur la même période“ confirme Florence Stoesser, Conseillère à Pôle Emploi spécialisée création d’entreprise à Nancy. “Elles cherchent plus de sens et de flexibilité dans leur vie professionnelle”, confirme-t-elle. D’ailleurs, ces femmes ne choisissent pas n’importe quelle reconversion. Beaucoup se tournent vers l’entrepreneuriat.
Le chemin de la reconversion mène à l’entrepreneuriat !
Retrouver du sens, transformer une passion en une activité professionnelle… C’est souvent la raison qui pousse les femmes à tenter l’aventure de l’entrepreneuriat. Marie-Gaëlle Aubry le sait. Sa reconversion a redonné du sens à sa vie. “J’avais déjà lancé une entreprise à côté de mon travaille d’assureur, pour vendre quelques dessins qu’on me commandait. Après mon burn out, je me suis rendue compte que je voulais devenir entrepreneure et vivre de ma passion. C’était enfoui et inconscient”. Après 2 ans de réflexion et de formation, en février 2020, elle se lance finalement à 100% dans son activité d’illustratrice.
Jessica Preis a eu une démarche similaire. En reconversion partiel, elle a profité de l’entrepreneuriat pour développer différents aspects de sa personnalité entre la communication, le marketing et ses talents d’artiste-plasticienne « Je voulais pouvoir me lever le matin en me disant que je sais pourquoi je me lève. C’est moi qui choisi mes projets et j’aime ce que je fais. J’aime accompagner le développement de mes clients« .
Et aujourd’hui, elles ne regrettent rien. Mais est-ce un choix systématique ?… Pas toujours.
L’entrepreneuriat, choix ou manque d’opportunités ?
Pour une grande majorité des femmes, l’idée d’entreprendre arrive suite à un accident de la vie professionnelle. “On a beaucoup de femmes qui, passées la quarantaine, se retrouvent au chômage suite à un licenciement ou des problèmes personnels. A cette âge là, c’est plus difficile de retrouver un emploi. L’entrepreneuriat apparait alors comme une bonne option.” explique Florence Stoesser, Conseillère pôle emploi Grand Est.
Ça été le cas de Nathalie Grimaud, co-fondatrice de Mamans Digitales. “J’ai eu des problèmes plusieurs fois avec des employeurs, suite à mes grossesses. J’ai eu deux mises au placards et deux licenciements abusifs que j’ai menés devant les Prud’Hommes. Après mon dernier licenciement, j’en ai eu marre. C’est là que j’ai monté mon entreprise pour aider les mamans”.
D’autres parfois, victimes d’un chômage long choisissent l’entrepreneuriat comme une chance. “Il en existe quelques unes [chômeuses]. J’ai déjà suivi une dame, de nationalité étrangère, qui voulait monter son entreprise de vente de produits afro-asiatiques. Mais ce sont des cas plus rares (…).”, explique Florence Stoesser. “(…) car quand on se reconvertit pour entreprendre après un chômage long, on a souvent besoin de se former. Malheureusement, les demandeurs et surtout les demandeuses d’emploi, ont des revenus trop bas. Ce qui rend l’accès a l’entrepreneuriat plus difficile”.
La reconversion, un El Dorado difficilement accessible ?
Le Grand Est compte plus de femmes en demande de reconversion que d’hommes. Sauf qu’au moment de la création des entreprises, les statistiques s’inversent. La raison ? “Les femmes manquent de confiance. Elles ont davantage besoin d’être rassurées sur leur projet parce qu’elles engagent davantage leur famille« , témoigne Florence Stoesser, Conseillère Pôle Emploi Grand Est. Un besoin de soutien plus important donc, pour les femmes qui tentent la reconversion par l’entrepreneuriat. “Si elles n’ont pas le soutien de leurs proches, elles abandonnent plus facilement”.
Depuis la Covid, les femmes sont de plus en plus tentées par l’entrepreneuriat. Par passion ou par manque d’opportunités, elles osent davantage se poser la question de la reconversion. Des projets entrepreneuriaux fragiles dont le manque de soutien et/ou d’accompagnement peu marquer la mort dans l’oeuf d’un projet de reconversion.
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