On aurait pu croire que la pandémie du Covid aurait eu raison de bon nombre d’entrepreneurs. Et pourtant, les différents plans de relance ont limité la casse.
La Banque de France est formelle, le nombre de défaillances à diminué de 45,6% depuis le début de la pandémie. Le taux le plus bas de ses 30 dernières années. Parmi les régions ayant le mieux gérer la crise, le Grand Est peut être cité en exemple, avec une réduction du nombre de défaillances de 41,3%. Mais comment expliquer cette diminution malgré la crise et les confinements à répétition?
Pour limiter la casse, la région a multiplié les aides : les aides Covid, la prise en charge des loyers, les Prêts Rebond à taux bas et les conciliations, lors des procédures judiciaires. Une démarche qui a porté ses fruits puisque seules 3411 entreprises ont mis la clé sous la porte au premier trimestre 2020. Une baisse qui a continué en 2021, avec seulement 2124 entreprises en faillite.
Il faut tout de même regarder ses résultats avec prudence. En parallèle de la baisse globale, les liquidations judiciaires directes, la réduction des procédures de sauvegardes et le nombre d’emplois menacés reste élevé. L’Observatoire des entreprises de la Banque de France et l’Insee s’accordent à dire qu’il est possible de faire face, dans quelques mois, à un rebond des défauts de paiement quand les aides Covid diminueront.
Les femmes premières victimes de la crise
L’année 2020 avait pourtant bien commencé. La part des femmes chef d’entreprise ne cessait d’augmenter. Mais la Covid les a stopé dans leur élan. “Avec le confinement et le retour à la maison, la vie de famille et la vie professionnel se sont mélangés. Les femmes ont eu plus tendance à mettre leur entreprise en pause ou à carrêment arrêter pour s’occuper de leurs enfants. Une part beaucoup plus importante que leurs conjoints” souligne Michelle Kunegel, présidente de la Fédération des Femmes Chefs d’Entreprises, dans le Grand Est.
Ces inégalités, accentuées par la crise de la Covid avaient déjà été constaté par l’OCDE avant celle-ci. Ces inégalités ont favorisé la diminution du nombre d’entreprises créées par des femmes. Cette donnée s’explique d’abord par le fait qu’elles possèdent d’avantage d’entreprises de petite taille et sans salarié. Elle représentent 55% des détenteurs de micro-entreprises, alors même qu’elles n’incarnent qu’un quart des chefs d’entreprise.
Graphique 1 : Évolution du taux d’emploi par sexe, comparaison entre la « Grande récession » et la crise de la Covid – base 100 aux T4 2008 et 2019 Source : Insee. Note de lecture : Le taux d’emploi des femmes a diminué de 0,3 point de pourcentage entre le T4 2019 et le T1 2020.[1]
Pour une après-crise au féminin
Les régions ne sont pas égales faces à l’entreprenariat féminin. Au bas du classement, on retrouve la grande région. Si à l’échelle nationale, la part des femmes chef d’entreprise est de 25%, le nombre tombe à 19,7% pour ce mauvais élève, au passé industriel encore très présent. L’entreprenariat semble peut attirant pour les femmes qui peine à tenter l’aventure. Si bien que le nombre de femme chef d’entreprise stagnent depuis 2006.
Afin d’augmenter la diversité, le Grand Est lançait en 2018 un programme « Entreprendre au féminin » décliné du pacte national, lancé en août 2013 par l’Etat. Ces mesures devaient faciliter la création et la reprise d’entreprises par les femmes. Aujourd’hui, c’est un fonds de Résistance à destinations des entreprises de la région qui est mis en place pour aider à l’après-crise.
La crise a accentué les inégalités, déjà présentes avant la pandémie. Mais parce qu’elles ont envie d’entreprendre, elles ont lancé une dynamique qui fera de l’après crise un renouveau au féminin.
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