9 entreprises innovantes sur 10 finissent par couler sans accompagnement. Pour les acteurs de la Tech, l’incubation reste encore la meilleure option pour diminuer cette mortalité. Mais qu’en pense les entrepreneurs dans le Grand Est ?
Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Marie Eppe voulait avoir un impact positif sur la société. Ingénieure dans l’agroalimentaire, elle a commencé à travailler sur une solution pour réduire le gaspillage alimentaire à la source. “On récupère des aliments destinés à la poubelle dans les industries ou les restaurants scolaires, et on les transforme en produits consommables. On a commencé par travailler sur des biscuits à base de déchets réduits en poudre, puis par ajouter du son de blé”.
Seulement voilà, jeune ingénieure, Marie doute de ses capacités. Pour se convaincre de la validité de son projet, elle a choisi l’incubation. « [Le Pôle Etudiant Entrepreneurs de Lorraine] m’a permis de développer vraiment mon projet et de trouver un fil conducteur. Ensuite en juin 2020, je me suis fait accueillir par l’incubateur Lorrain. Ils m’ont davantage orientée sur le business plan et la gestion”.
L’accompagnement, c’est ce que recherche les dizaines d’entrepreneurs qui poussent chaque année les portes des incubateurs. Un suivi indispensable quand on est une jeune entreprise innovante.
“Les incubateurs ont un vrai intérêt pour permettre de limiter la mortalité des startups sur nos territoires. Sans ce type d’accompagnement, il faut rappeler que 9 start-ups sur 10 ne passent pas le cap des 3 ans”
Boris Ravignon, Vice-Président de l’économie et des entreprises dans le Grand Est.
Sauf que pour les femmes entrepreneures, la différence est de taille…
L’incubateur, sauf-conduit des entrepreneures de l’innovation
En innovation, l’incubation fait souvent la différence pour la survie d’un projet. Dans le cas des femmes, cela diminue en plus, le risque de mort dans l’œuf d’un projet. Pourquoi ? Parce que les femmes ont deux fois moins de chance d’obtenir des levées de fonds. Un levier pourtant indispensable pour développer un projet innovant. Donc être accompagnée par un incubateur “C’est malheureux mais c’est vrai, ça leur donne plus de crédibilité que pour un homme” explique Laura Lehmann, Présidente du SEMIA.
Manque d’audace réel ou biais créé par la place de femme dans la société ? Les études tranchent. “Elles prennent autant de risques que les hommes. Elles ont des projets intéressants, majoritairement dans le numérique et les sciences. Et surtout, elles s’engagent davantage dans des projets avec de la création d’emploi ”, ajoute Laura Lehmann.
Pas suffisant ? C’est en tout cas, ce que pense inconsciemment les investisseurs. Plus les levées de fonds se multiplient, moins les femmes sont présentent. « L’accélérateur, c’est l’étape après l’incubation. Les entrepreneurs viennent souvent quand ils ont besoin de développer leur projet et donc, besoin de plus d’argent. A ce stade, c’est vrai qu’on n’a peu de femmes dans nos promotions« , confirme Alice Gilbert, coordinatrice pour l’accélérateur Scal’Enov.
Un manque de modèles féminins qui n’incite pas les jeunes femmes à tenter l’aventure dans les sciences ou l’ingénierie. Et par extension, dans l’innovation. Les résultats en sont donc édifiants : l’innovation pâtit d’une pénurie de talents ; l’économie, elle, fait les fonds de tiroir pour trouver des leviers de relance après ces 2 ans de Covid.
Longtemps limité en terme de structures, le Grand Est compte désormais 8 incubateurs : SEMIA, The Pool, l’incubateur Lorrain, Innovact, Quai Alpha, Rimbaud Tech, ou encore Le Technopole de l’Aube.
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