Béatrice Brandt, dirigeante de Le Jacquard Français à Gérardmer
septembre 23, 2025

Béatrice Brandt, le Jacquard Français : « On vend du rêve, du plaisir, du style »

À la tête du Jacquard Français depuis 2017, Béatrice Brandt mêle tradition et innovation pour faire rayonner ce fleuron du linge de maison. Fondée en 1888 à Gérardmer, la marque incarne l’art de vivre à la française à travers un savoir-faire textile d’exception, exporté dans plus de 70 pays. Engagée et visionnaire, Béatrice Brandt valorise le patrimoine, l’humain et l’environnement, tout en portant une vision moderne du luxe durable.

Notre équipe est composée à 70 % de femmes. Ce n’est pas un combat féministe, mais une question d’égalité des chances. Être une femme, cheffe d’entreprise, est une fierté, même si cela reste rare. Dans notre secteur, le linge de maison, la clientèle est majoritairement féminine. Cela aide à mieux comprendre leurs attentes. Ce sont encore souvent les femmes qui choisissent le linge et la déco, même si ça peut sembler archaïque.

Être une femme m’a plutôt aidée à me projeter dans ce métier. Je n’ai jamais ressenti de frein lié à mon genre, ni avec mes équipes, ni avec mes partenaires. J’ai grandi avec une mère cheffe d’entreprise, donc ça m’a toujours paru naturel. Les choses se sont enchaînées sans obstacle. C’est un métier qui nécessite une certaine organisation (sourire). J’ai deux enfants, maintenant grands, mais j’ai besoin de les voir. Le tout est gérable avec un couple équilibré. Il faut juste que chacun accepte cette vie.

La communication a beaucoup changé. Avant, une pub dans un magazine ou à la télé suffisait. Aujourd’hui, c’est bien plus complexe. Il faut cibler, choisir les bons canaux, toucher le grand public, les prescripteurs, les revendeurs. Cela passe par les salons, les relations presse, le digital. C’est un travail permanent, à 360°. Rien ne se fait tout seul.

On est aussi labellisé “Entreprise du Patrimoine Vivant”. Ce label nous aide à rayonner, surtout cette année pour ses 20 ans. Peu d’entreprises textiles le détiennent, c’est donc un vrai atout. On doit se montrer partout, créer de la visibilité constante. Le marché n’est plus simple, les habitudes ont changé. Mais notre savoir-faire reste notre force. Il faut le mettre en valeur avec des outils modernes. Ce mélange entre tradition et innovation demande beaucoup d’énergie, mais il est essentiel. 

La clé aujourd’hui c’est vraiment la visibilité. Mais ça ne se fait pas tout seul ! (rire) C’est pourquoi nous portons aussi la marque “Je vois la vie en Vosges” qui aide à la renommée de notre entreprise, que ce soit en France ou à l’international. Elle aide au rayonnement de la marque. Elle aide à promouvoir le savoir-faire vosgiens, ce qui nous permet d’exporter nos produits avec plus d’envergure et avec le gage de produits de qualité. C’est un réel plaisir, en plus, que d’être ambassadrice des Vosges. C’est fédérateur.

On développe deux collections par an, avec 2 500 produits au catalogue : on ne peut pas se limiter à l’inspiration locale. On explore des motifs venus d’Inde, d’Italie, d’Asie. On mêle patrimoine végétal ou ornemental du monde entier à notre identité. On ne vend pas que des nappes, on crée des histoires. Ce sont des récits, des émotions. On vend du rêve, du plaisir, du style. Le savoir-faire reste central, mais l’imaginaire l’est tout autant. Et cela demande curiosité, créativité et exigence. Le style n’est pas un détail. C’est ce qui fait la différence entre un produit utile et un produit qui fait vibrer.

Dans les Vosges, les femmes sont bien présentes, surtout dans l’hôtellerie, la restauration ou le textile. Moins dans l’industrie lourde. Mais ces secteurs, très actifs ici, offrent de vraies opportunités. Il faut encourager les femmes à oser.

Dans mon équipe, j’ai une majorité de femmes, notamment dans le comité de direction. Ce n’est pas forcément un choix militant, ce sont les compétences qui ont parlé. Certaines femmes sont engagées, d’autres plus discrètes. Je les pousse à s’exprimer, à se dépasser. Il y a encore des freins, parfois intérieurs. Mon rôle, c’est d’ouvrir des portes et de créer des conditions favorables. Les femmes doivent pouvoir y trouver leur place, à tous les niveaux. Le potentiel est là. Il faut juste plus d’audace, plus de confiance. C’est en agissant localement, en soutenant l’engagement féminin, qu’on changera les choses. C’est important que les femmes puissent s’accomplir à tous les niveaux.

Pour moi, cette région évoque trois choses : la pureté, laudace, et le sport (sourire). 

  • La pureté d’abord : ici, l’air, l’eau, la nature sont préservés. On respire mieux, on vit mieux.
  • Laudace ensuite : il se passe toujours quelque chose. Animations, projets, initiatives… Les habitants veulent faire bouger leur territoire, attirer du monde. Et ça marche. Le dynamisme local est réel. 
  • Le sport : entre lac et montagne, on a tout pour bouger. Dans l’équipe, beaucoup sont sportifs. C’est important, car le corps et l’esprit vont ensemble. On travaille beaucoup, mais on s’oxygène aussi.

Cet équilibre rend les choses possibles. Vivre ici, c’est concilier ambition professionnelle et qualité de vie. Cette harmonie est précieuse. On peut réussir sans renoncer à l’essentiel. C’est ça, le vrai luxe : l’ancrage dans la nature, et l’élan vers l’avenir. Cette région permet les deux ! (sourire)

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