Après une édition 2021 en distanciel et un début 2022 marqué par la prolifération d’Omnicron, la tenue du Consumer Electronics Show (CES) était incertaine. C’est donc non sans plaisir et soulagement que 8 entreprises du Grand Est ont finalement pu s’envoler pour Las Vegas du 5 au 7 janvier. Et ce qui est sûr, c’est que les entrepreneurs ont su se démarquer. Mais qu’en est-il des femmes ?
Après un pitch d’1 min 30, le verdict tombe. Delmonicos obtient le 1er prix parmi 16 start ups de technologie profonde, au CES 2022. Il présentait une solution qui allie intelligence artificielle et technologie blockchain, pour faciliter l’accès du grand public aux bornes de recharges électrique. “On a été choisi parmi 20 lauréats pour représenter Business France. Ça va nous ouvrir la porte pour de futurs investissements” se réjouit Franck Legardeur, CEO de Delmonicos. Watershed Monitoring, présidé par Sonja Behmel, ont eux obtenus la deuxième place du prix de l’intelligence artificiel. Un bon ratio, pour les entreprises du Grand Est qui se sont fait remarquées parmi les 130 entreprises françaises présentent pour l’occasion (sur 2 000 participants, quand même ! Ndlr).
Il faut dire que depuis la labellisation de la French Tech en 2013, la délégation française fait de plus en plus parler d’elle. Cette année, c’était d’ailleurs la deuxième délégation la plus présente derrière les Etats-Unis. Une fois passée la deception liée à la jauge réduite à 25% de visiteurs, place au positif pour David Chquiry, co-fondateur de Green Tech Innovation “Ce n’était pas du quantitatif mais clairement du qualitatif. C’était plaisant de pouvoir prendre 15 min pour échanger alors qu’en temps normal c’est 2 min”.
Moins de visiteurs, plus de visibilité pour les entrepreneurs
Au CES, les petites start-ups peuvent parfois se retrouver noyées au milieu des gros poissons de la Tech. Mais cette année, la jauge d’entrée réduite aura bénéficie aux entrepreneurs. “C’était une ambiance un peu particulière. Le salon a été amputé de pas mal de gros acteurs qui ne sont pas venus, comme Facebook ou Google. Finalement, c’est ce qui nous a permis d’être visibles” explique Michael Bechler qui venait présenter son application en Réalité augmentée, WOW.ink.
Un constat partagé par Jean-Marie Diroux qui présentait une solution d’amélioration de l’ergonomie au travail, Ergolife. “Sur les 3 jours, on a approché les 30 000 visiteurs dont une centaine de contacts qualifiés. On est vraiment satisfait de la visibilité”.
Le CES, un bémol tout de même?
Avec le protocole sanitaire, le déplacement aux Etats-Unis et le prix d’un stand, le CES représente un budget non négligeable pour les entreprises. “Pour un petit stand, on a payé 7 000€. Après, il fallait compter l’avion et l’hôtel pour 4 personnes” explique Michael Bechler, CEO de Jolifish.
Au total, les entreprises françaises déboursent environ 20 000€ pour le CES. “Sans l’aide de la Région ça aurait été presque impossible de participer. Quand on est une petite start up, on a pas forcément les moyens” explique Amine Chaabouni, du projet Deep River, projet de compression de données. Un budget conséquent sortie sans aucune garantie de retour sur investissement. “Il y a beaucoup de tourisme technologique. Des PDG qui viennent là, juste pour voir ce qui se fait sans avoir l’optique d’investir ou de nouer des partenariats. Même si on a des bons contacts au salon, de retour en France, ce n’est pas gagné”.
Si la plupart des start ups finissent par décrocher des partenariats, elles déplorent tout de même un certain snobisme. “Nos contacts les plus intéressants étaient avec des français de notre Région. C’est dommage de faire tous ces kilomètres pour finalement, rencontrer des grosses boites qui nous snob en France”.
Un accompagnement spécifique pour le Grand Est
Pour faire face aux géants de la Tech américaine, mieux vaut être préparé. Les entreprises françaises qui ont été sélectionnées par la CCI International du Grand Est, ainsi que par la Région et Business France, ont donc reçu un accompagnement spécifique. “On bénéficie d’un coaching de 3 mois avec lequel, on nous parle des cibles potentielles et du déroulement de l’événement. On est entourés par des experts en marketing et en communication. Et par des entreprises qui ont participé, elles aussi, les années précédentes”, explique Akram Ben Halima, CEO d’Aquilae.
Un CES, sans femme du Grand Est ?
On le sait, les femmes ne représentent qu’1 chef d’entreprise sur 10 dans le domaine de l’Innovation. Cette année encore, la sélection pour le CES n’a pas fait exception : 1 seule femme était représentée parmi les chefs d’entreprise, Sonja Behmel.
Présidente Directrice Générale de Watershed Monitoring, elle faisait figure d’exception “On est une entreprise innovante dans l’eau qui est déjà un domaine très masculin au départ. En plus, on touche au domaine des technologies de l’information. Je suis donc souvent isolée”. Pour elle, l’intégration des femmes est une question essentielle. “On favorise beaucoup l’intégration des femmes au sein de notre entreprise, en tablant sur la conciliation vie de famille et vie professionnelle”. Dans la réalité toutefois, le problème provient surtout d’un manque de main d’œuvre. “On a déposé une offre pour un poste de développeur et on a reçu que des candidatures masculines”.
Si les femmes étaient peu présentes parmi les sélectionnés du Grand Est, un espoir se profil à l’horizon. Cette année, la lauréate de l’Award 2022 de l’innovation du CES n’est autre qu’une française, Ludivine Romary, pour son bijou connecté de défense MyEli. Un petit pas pour l’innovation, mais un grand pas pour les femmes entrepreneures.