L’après Covid devait annoncer le renouveau. Dans le Grand Est, comme dans le reste de la France, l’intégration de l’égalité hommes-femmes était sur toutes les lèvres. A l’instar des collectivités, les banques commençaient à montrer pattes blanches pour faciliter l’intégration de ces dernières. Pourtant sur le terrain, les résultats peinent à arriver. L’accès aux prêts bancaires pour les femmes, reste difficile.
« J’ai dû faire 3 banques avant qu’on accepte de financer mon projet. La première fois que je suis allée demander mon prêt, on m’a demandé qu’elle était là situation financière de mon compagnon. Même si c’est moi qui monte mon entreprise et que ça n’a rien avoir avec lui » s’insurge Juliette, jeune entrepreneure qui vient d’ouvrir son premier magasin de vêtement à Hagondange.
Des situations, comme celle de Juliette, qui ne sont pas rares. En moyenne, les femmes auraient 6% à 10% de chance en moins d’obtenir un prêt bancaire, que leurs homologues masculins. C’est en tout cas, ce qui ressort des différentes études menées par le Racines-CLEFE. Mais si le genre influence parfois le choix des banquiers, est-ce vraiment la seule raison?
Les secteurs prisés par les femmes, moins financés
Les statistiques sont formelles, les femmes obtiennent moins souvent des prêts bancaires. Pour autant, et avant de crier à la discrimination, penchons nous sur la question des critères. Quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que les domaines d’activité les plus susceptibles d’obtenir des financements sont le commerce, l’artisanat et l’industrie. Des domaines dans lesquels les femmes sont bien souvent sous-représentées.
Quant au secteur des services prisé par ces dernières, il se retrouve être le moins financé. De même, lorsque l’on regarde du côté du statut d’entreprise, on constate que les femmes sont davantage à la tête de petites entreprises. Des petites structures susceptibles, là encore, d’être moins financées. Et quand on regarde le Grand Est et son lourd passé industriel, force est de constater que les secteurs où les femmes sont présentent ne sont pas les plus prisés par les banquiers.
Quand les femmes s’auto-censurent…
Si les banques peuvent rendre l’accès aux crédits plus difficiles pour ces dames, il n’est pas rare que ces dernières s’auto-censurent. Si elles sont nombreuses à utiliser leurs fonds propres à égalité avec leurs homologues masculins, elles sont cependant moins enclinent à faire appel à un prêt bancaire.
Elles sont en moyenne 6% de moins à y avoir recours, à l’instar des hommes. De même, elles sont 5% de moins que les hommes à recourir à leurs amis et 3% de moins, à envisager un capital-risque. Moins de 10% d’entre elles demanderaient un soutien financier à leur conjoint : « Je n’ai pas voulu faire appel à un prêt bancaire mais j’ai quand même eu des aides de la CCI » explique Malika El Ouardani, entrepreneure dans le revêtement à Forbach.
Et quand elles décident finalement d’avoir recours aux banques, elles demandent des sommes souvent moins importantes. « Les femmes sont plus prudentes en moyenne. Elles réfléchissent davantage avant de se lancer » souligne Michèle Kunegel, Presidente du reseau Femmes Cheffes d’Entreprise.
Le sous-financement est encore aujourd’hui, la principale cause d’inégalité entre les femmes et les hommes dans la création d’entreprise. Plus de la moitié d’entre elles réussissent à réunir moins de 8 000 euros pour le financement de leur activité. Soit 2,5 fois moins de fonds que les créateurs.
Aides aux prêts bancaires, des coups de pouce dédiés aux femmes
Face à l’inégalité d’accès aux prêts bancaires, des actions se mettent en place depuis 2013. Le groupe France Active a ouvert le bal, avec sa Garantie ÉGALITÉ femmes. Une caution qui permet de rassurer les banques, tout en sécurisant les entrepreneures. Elle couvre jusqu’à 80% d’un emprunt bancaire, dans la limite d’un montant de 50 000 €. Ce dispositif national est unique et permet d’aider chaque année, plus de 7 000 entrepreneures.
Malheureusement, ce dispositif n’est pas encore suffisant : « Il faudrait davantage de dispositifs de ce type à l’échelle des régions » explique Fanny Gérôme, Directrice générale adjointe de France Active.
En effet pour réduire les discriminations, des chartes de bonnes pratiques ont également commencé à voir le jour un peu partout en France. Signées entre des collectifs, des collectivités et des banques, elles visent à déconstruire les clichés et guider les bonnes pratiques.
Si l’accès au prêt bancaire des femmes entrepreneurs est encore un chemin semé d’embûches, l’écart avec leurs homologues masculins tend à se résorber petit à petit. Et si certaines banques vous ferment leurs portes, mesdames, il est toujours possible de vous tourner vers les Prêts d’honneurs publics ou privés.
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