Peur, doute, remise en question ? Ces sentiments vous sont peut-être familiers. Ils font partie de ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Dans le milieu entrepreneurial, les femmes sont plus touchées par ce dernier. D’où vient-il ? Pourquoi ce sentiment est-il davantage féminin ? L’entrepreneuriat est-il toujours confronté aux inégalités de sexes ? De nombreuses questions se posent. Un sujet qu’on aborde de plus en plus mais qui reste encore très vaste.
Ce sont deux femmes qui ont effectué la première étude de ce sentiment. Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, toutes deux psychologues américaines, ont travaillé sur ce qu’elles appelleront « le syndrome de l’imposteur », en 1978. Des recherches effectuées sur 150 femmes qui, malgré leur excellence professionnelle reconnue et une validation externe, ne ressentaient pas de reconnaissance interne. Dès les prémisses de cette étude, les femmes en étaient au centre. 46 ans après, les femmes sont toujours au centre de ce phénomène.
Le syndrome de l’imposteur plus présent chez les femmes
Avoir l’impression de ne pas mériter, de réussir par chance et douter de ses capacités, ce sont des impressions qui dans certains cas peuvent avoir un sévère impact sur la vie de celles et ceux qui en souffre. Dans le milieu entrepreneurial, ce syndrome de l’imposteur touchent plus les femmes. Selon une étude britannique réalisée par OnePoll, il concerne plus de la moitié d’entre-elles. Sur 4 000 adultes britanniques, 62% des femmes disent n’avoir presque jamais eu confiance en elles. 53% doutent de leurs compétences. Pour 72% des femmes, cette sensation s’est montrée au travail.
Les répercussions du syndrome de l’imposteur
Un grand nombre de femmes victimes de ce syndrome ressentent l’incidence de ce dernier dans leur vie. 24% d’entre elles révèlent qu’il a une influence sur leur vie sentimentale et amicale. Ce sentiment affecterait même leur rôle de mère pour 18%. Pour une forte majorité, 63%, le manque de confiance en soi en est la cause majeure. Un manque de confiance qui découle de préjugés et de critiques que peuvent subir les femmes dans le milieu entrepreneurial. Bien que ce dernier se féminise au fil des années, il reste majoritairement dominé par les hommes.
Le secteur de l’entrepreneuriat encore dominé
Une femme cheffe d’entreprise ? Aujourd’hui, cette phrase semble totalement normale. Mais les lacunes, en termes d’égalité des sexes dans le milieu de l’entrepreneuriat et des entreprises, sont encore présentes. Les entreprises créées par des femmes sont moins souvent des sociétés que celles créées par des hommes, selon l’INSEE. Les femmes osent moins se lancer que les hommes, confrontées à plus de préjugés.
Les chiffres sont tout de même rassurants ; le nombre de femmes créatrices d’entreprise est en augmentation. Sur l’année 2022, elles représentaient 43,7 % des créateurs d’entreprise, contre 40,6 % en 2021. Près de 378 300 entreprises ont ainsi été créées par des femmes en 2022, dont près de 309 000 en auto-entreprise. Les auto-entrepreneures représentent 44,0 % des créateurs en 2022, selon un recueil statistique de l’URSSAF.
Les inégalités ne sont pas sans lien avec le syndrome de l’imposteur. Les femmes confrontées aux a priori extérieures sont déjà moins nombreuses à entreprendre et diriger une société. Elles sont en plus, davantage victimes du syndrome de l’imposteur et du manque de confiance. Malgré les inégalités, le phénomène reste universel. Selon OnePoll, le syndrome de l’imposteur touche 70% des personnes dans le monde au cours de leur vie.