Se faire accompagner, c’est la clé ! Répètent en boucle les entrepreneurs. Utile dans la majorité des cas, il n’est pourtant pas toujours nécessaire. En cas de reconversion, il peut s’avérer indispensable. Mais face à l’accompagnement, les femmes ne sont pas égales dans le Grand Est.
Marie-Gaëlle Aubry a fondé Aemarielle en février 2020. Elle y propose ses services comme artiste et illustratrice. “J’ai cette passion depuis assez jeune. En 2018, j’ai commencé à vendre quelques dessins à côté de mon travail. Finalement après mon burn-out, je me suis dit que c’était le moment de me lancer” . Entrepreneure dans l’âme, Marie-Gaëlle ne l’était pas vraiment sur le terrain. Ainsi avant de se mettre à son compte, cette ancienne salariée d’un institut de caisse de retraite complémentaire a cherché à se faire accompagner pour sa reconversion.
“Je sentais que j’avais besoin de me faire accompagner pour devenir entrepreneure. Certains diront qu’on l’est ou qu’on ne l’est pas. Moi je pense que ce n’est pas dans les gènes, ça s’apprend”.
Marie-Gaëlle Aubry, illustratrice entrepreneure.
Faire de sa passion une activité professionnelle, c’est le changement qu’opèrent de plus en plus de français. 5 à 10% des demandeurs d’emploi choisissent aujourd’hui la reconversion, pour devenir entrepreneurs. Et dans le Grand Est, ce sont les femmes qui choisissent le plus souvent cette voie : 2 832 femmes contre 2 400 hommes. Voilà le visage de la reconversion, entre juin 2021 et mai 2022.
Une bonne nouvelle pour l’entrepreneuriat féminin ? Pas si sûr. Face à la réalité de l’entrepreneuriat, elles sont nombreuses à stopper leur élan avant d’arriver à passer le cap. “Elles n’ont pas forcément conscience de ce que ça va impliquer pour elles. Notamment, l’impact sur leur vie familiale. Au final, ce sont davantage les hommes qui créent leur entreprise”, précise Florence Stoesser, Conseillère Pôle Emploi à Nancy. Et si l’accompagnement avait un rôle à jouer dans tout ça ?
Un accompagnement spécifique, clé de la reconversion des femmes ?
Face à la reconversion, les entrepreneurs ne sont pas tous égaux. Surtout les femmes. “On voit que les femmes ont plus de mal à se lancer. Parce qu’en général, elles engagent leur famille dans leur projet. Elles ont davantage besoin du soutien de leur conjoint, alors que les hommes y vont sans se poser de question”, explique Florence Stoesser, Conseillère Pôle Emploi à Nancy.
Car accompagner les femmes vers l’entrepreneuriat demande de prendre en compte des problématiques spécifiques, selon Sandrine De Angeli, Chargée de Mission au sein de la Maison des entrepreneurs du Grand Est. « La charge mentale est plus importante chez les femmes. Quand elles deviennent entrepreneures, elles incarnent leur entreprise. C’est une charge mentale supplémentaire”.
Pourtant, l’auto-censure des femmes jouent en leur faveur. Surtout quand elles choisissent la reconversion pour devenir entrepreneure.
Femmes Vs hommes, deux visions de l’accompagnement
Dans le Grand Est, la reconversion se déroule souvent comme ça : une inscription comme demandeur d’emploi et une idée. Pôle emploi valide la viabilité de l’idée avec le ou la porteuse de projet. Viennent ensuite l’orientation vers les aides et les organismes dédiés – associations, incubateurs, pépinières d’entreprise… . Cependant, les hommes et les femmes appréhendent-t’ils la reconversion de la même manière ?
Si sur le fond les entrepreneurs ont des raisons similaires de la demander, c’est dans la forme que les choses changent. “En général, les femmes posent beaucoup plus de questions. Elles demandent cet accompagnement. Alors que les hommes ont besoin d’explications tangibles sur l’intérêt de se faire accompagner”, affirme Florence Stoesser, Conseillère à pôle Emploi à Nancy.
Un excès de confiance pas toujours bénéfique, selon Sandrine de Angeli, Chargée de mission pour la Maison des Entrepreneurs du Grand Est. “Les hommes ont davantage confiance en leur expertise. Ils foncent davantage tête baissée, sans se poser la question des problématiques liées au fait de devenir entrepreneur. Alors que les femmes prennent davantage le projet entrepreneurial dans son ensemble”. Une prudence salutaire, puisqu’il est constaté aujourd’hui que seules 3,1% des TPE avec une femme à leur tête sont entrées en défaillance. Contre 5%, côté masculin (selon le 6e baromètre de la parité des entreprises françaises).
Devenir entrepreneure est un métier à part entière. Par passion ou mésaventure, il est bon de se rappeler une chose : une reconversion réussit, c’est une évolution de carrière où l’accompagnement peut faire la différence entre la vie ou la mort d’une entreprise.
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