La sexualité, c’est naturel. C’est bon pour la santé et le moral. C’est aussi, une formidable source d’empowerment, notamment pour les femmes. Un puissant levier de libération, de développement personnel et professionnel, encore peu promu par notre société patriarcale. Et pour cause… !
Nous sommes des êtres désirants. La sexualité fait partie de nous et de notre équilibre. Pourtant, notre société – non, en fait la société des hommes ! – en a fait un sujet tabou. Un sujet politique. Un sujet d’oppression et de domination dont nous, les femmes, subissons toujours les conséquences.
« La seule sphère sociale en France qui a résisté à l’idéal égalitaire, c’est la sphère de la sexualité » Nathalie Bajos
La femme, la sexualité et le pouvoir
Sans refaire toute l’histoire, souvenons-nous que tant que les hommes – et l’église – pensaient que le plaisir féminin favorisait la procréation, il était plutôt encouragé. Au 18e siècle, la médecine s’empare du corps des femmes. Et donc de sa sexualité. Les hommes comprennent qu’orgasme et fertilité ne sont pas liés. La femme est assignée à la reproduction. Son plaisir devient un non-sujet. Le clitoris devient un organe inutile, voire dangereux, qui disparaît des planches d’anatomie et du dictionnaire.
Au 19e, la situation se complique encore. Le clitoris, source « d’hystérie et de nymphomanie », devient l’organe à abattre ! Les institutions organisent une véritable répression symbolique, psychique et physique. La psychanalyse, à travers les théories freudiennes, explique aux femmes qu’elles n’ont rien entre les jambes (vous savez le sexe faible !). Elle explique que la masturbation est une perversion (jouir sans homme, oh my god·e !), que le seul orgasme « mature » est l’orgasme vaginal. Donc celui procuré par un sexe masculin… Vous voyez l’arnaque ! Cette psychanalyse explique aussi, qu’une relation sexuelle « saine » est un acte en 3 temps : les préliminaires (pour préparer Madame à), la pénétration, le coït. Voilà.
Aujourd’hui, même si nous savons que tous les orgasmes féminins sont clitoridiens et que la pénétration n’est pas ce qui donne le plus de plaisir aux femmes, notre sexualité reste encore très ancrée dans ce schéma hétéronormatif. Une intimité à l’image de notre société patriarcale, basée sur un système de domination masculine qui limite nos libertés, régit nos corps, ampute notre confiance et notre légitimité. Une problématique de la sphère personnelle aux conséquences professionnelles.
La sexe au service de l’empowerment ?
Ne pas s’autoriser à découvrir sa sexualité, à exprimer son désir, ne pas savoir se prioriser ou savoir dire non, se traduit dans la sphère professionnelle de multiples façons : ne pas se sentir à la hauteur, ne pas oser demander une augmentation ou ne pas prendre la parole au sein d’un groupe d’hommes…
« La sexualité incarne d’un point de vue personnel, relationnel mais aussi sociétal, le lieu même de toutes les révolutions et évolutions possibles » Magali Croset-Calisto
Aujourd’hui, une nouvelle révolution sexuelle (et politique !) est en cours. Celle de l’intime. Nous avons la possibilité de nous reconnecter à cette source de puissance qui nous a été confisquée. C’est là, tout l’enjeu du Sexpowerment (sexualité & empowerment). Il invite les femmes à développer leur confiance et leur légitimité, à travers une réappropriation de leur corps et de leur plaisir. Pour les hommes, à imaginer et vivre une nouvelle masculinité loin des diktats machistes.
Attention ! L’idée n’est pas de dire ici qu’il faille devenir une déesse du sexe pour être heureuse et réussir. Ni que sans orgasme, rien n’est possible dans la vie. Non ! L’idée est donc de prendre conscience de l’importance de la sexualité dans notre construction. Dans notre équilibre. De reprendre la main sur ce qui nous a trop longtemps été caché, interdit, refusé.
Connaître son corps, la façon dont il fonctionne, c’est apprendre à mieux s’aimer. C’est apprendre à renforcer l’estime de soi. Explorer son plaisir, c’est apprendre à s’écouter et à se donner de l’importance. C’est intégrer que notre jouissance ne dépend pas de l’autre. De gagner alors, en autonomie. Etre capable d’exprimer ses désirs, ses limites, c’est apprendre à se respecter. Apprendre à s’affirmer. Bref !
(Ré)investir sa sexualité, c’est (re)gagner en confiance dans tous les domaines de la vie tout en posant les bases d’une société plus égalitaire, plus libre et inclusive.
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