Le 18 juin 2025, une date hautement symbolique, les sénateurs de la délégation aux entreprises ont lancé un appel solennel pour sauver le label « Fabriqué en France ». Face à une concurrence étrangère accrue, à la prolifération des faux labels et à l’affaiblissement de l’industrie nationale, ils réclament un sursaut collectif. Leur objectif : redonner de la force à ce label tricolore en l’encadrant mieux, en renforçant les contrôles et en mobilisant l’État ,comme les consommateurs. Un appel à la reconquête économique dans l’esprit d’un nouveau patriotisme industriel.
Ce n’est pas un hasard si les sénateurs ont choisi le 18 juin. En écho à l’appel historique du général de Gaulle, ils veulent frapper fort. Le « Fabriqué en France« , martèlent-ils, est en danger.
Un appel symbolique pour réveiller les consciences
Dilution du sens, détournement marketing, contrefaçons, concurrence déloyale : autant de menaces qui fragilisent un outil pourtant essentiel à l’économie nationale.
À travers cet appel, les élus de la délégation aux entreprises entendent mobiliser le gouvernement et l’opinion publique. Ils veulent faire du made in France un combat collectif, au-delà des discours. Pour eux, il est temps de sortir de l’incantation et d’entrer dans l’action.
Ce geste fort s’accompagne de la publication d’un rapport d’alerte sur la compétitivité patriotique, contenant 25 propositions concrètes. Le message est clair : si rien ne change, la France risque de perdre non seulement des parts de marché, mais aussi son identité industrielle et la confiance des consommateurs.
Trois priorités pour un sursaut industriel
1. Repenser le sens du label « Fabriqué en France »
Les sénateurs dénoncent la confusion générée par la jungle des labels. Aujourd’hui, un produit peut porter la mention « Fabriqué en France » même si l’essentiel de sa valeur ajoutée a été créée à l’étranger. Ils réclament un label unique, fiable, encadré par l’État, reposant sur des critères stricts (origine des composants, transformation majeure, impact environnemental et social).
L’objectif : offrir une garantie transparente et redonner confiance aux consommateurs. Car un label flou affaiblit tout l’écosystème industriel français. Selon les sénateurs, ce manque de clarté et de volontarisme ferait perdre à la France près de 15 milliards d’euros de valeur ajoutée chaque année, faute de relocalisation et de préférence nationale dans les achats.
2. Renforcer les moyens de contrôle
Le made in France est aussi miné par les abus. Francolavage, faux labels, contrefaçons, marketplaces peu scrupuleuses… les sénateurs exigent un arsenal renforcé pour contrôler et sanctionner.
Ils préconisent des effectifs supplémentaires pour les douanes, une meilleure coopération entre services et des sanctions rapides et dissuasives. Une autorité administrative indépendante pourrait avoir le pouvoir de bloquer ou déréférencer les sites ou vendeurs fautifs, notamment sur les grandes plateformes.
L’enjeu : ne plus laisser l’économie numérique être une zone de non-droit.
3. Mobiliser l’État et la commande publique
L’État a un rôle exemplaire à jouer. Or, sur les 200 milliards d’euros de commandes publiques annuelles, seule une infime partie profite à la production française. Les sénateurs demandent une réforme en profondeur. Ils proposent de simplifier les circuits d’achat, d’inclure systématiquement des critères de production locale, et de créer une plateforme de mise en relation entre acheteurs publics et entreprises françaises.
Autre levier : la sensibilisation. Une grande campagne d’information doit permettre aux citoyens de mieux comprendre les enjeux du made in France, de reconnaître les produits vraiment locaux, et d’éviter les pièges des faux labels.
Un appel à la mobilisation générale
Cet appel du 18 juin n’est pas qu’un geste symbolique. C’est une feuille de route politique. Les sénateurs appellent le gouvernement à traduire rapidement ces propositions en lois et décrets.
Mais ils s’adressent aussi aux entreprises : celles qui produisent en France doivent être valorisées, accompagnées, défendues. Quant aux consommateurs, ils ont un rôle majeur à jouer. En achetant local, ils soutiennent l’emploi, les savoir-faire, l’environnement et l’indépendance économique.
Le made in France n’est plus une simple étiquette. C’est un projet de société. En le renforçant, la France fait le choix d’une économie plus résiliente, plus éthique, plus souveraine.
L’appel du 18 juin n’est pas qu’un symbole. C’est un tournant. Pour que le « Fabriqué en France » ne soit plus un slogan mais un engagement réel, il faut repenser tout l’écosystème : règles d’origine, fiscalité, contrôle, commande publique et pédagogie. Les sénateurs ont tracé un cap. Il appartient maintenant au gouvernement, aux entreprises et aux citoyens de le suivre. Refaire de l’industrie française un moteur économique passe par un pacte de clarté, de cohérence et de confiance.