Quand on vous dit scouts, vous pensez surement aux valeurs, à la religion, aux traditions militaires ou à la culture patriarcale ? Et si nous vous disions que loin de ces clichés, le scoutisme a eu un rôle important dans le développement de l’entrepreneuriat féminin. Dans le Grand Est, les scoutes sont plus que jamais engagées à montrer que ce mouvement de jeunesse pousse les femmes à affirmer leur leadership.
Quand on lui demande de nous décrire sa vision de l’entrepreneuriat, c’est cette citation de Jeff Bezos que Bérengère de Buchy nous donne :
« L’entrepreneuriat c’est quelqu’un qui se jette d’une falaise et qui construit son avion au retour »
Bérengère a un parcours classique de serial-entrepreneure. Elle fonde une première entreprise de jeux de société en 2001, qu’elle fermera 13 ans plus tard. Un échec qui ne lui a pas empêché de retenter sa chance en 2019, dans la confection textile.
Bérengère n’a jamais eu peur d’oser. Une aventurière qui dit avoir développé cette volonté grâce à ses années au sein des Guides d’Europe : « J’ai eu des moments de panique, mais dans ces moments-là, il faut apprendre à faire confiance. L’amour aussi est important. J’adore la solidarité scout. Chaque individu doit s’épanouir pour faire épanouir le groupe. Chacun amène ses valeurs pour grandir collectivement. On ne s’efface pas avec le groupe, on cultive le groupe« .
Bérengère représente cette devise “Dream, Dare, Do”. Comprenez “Tu rêves, tu oses, tu le fais” en français. Cette devise, tous les entrepreneurs la connaissent. Un leitmotiv qui fait le gagne pain des coach et autres consultants à succès depuis une dizaine d’années. Et si l’on vous disait que cette phrase magique était aussi le slogan des premiers séminaires dédiés au leadership féminin, organisés par l’Association Mondiale des Guides et Eclaireuses ?
L’entrepreneuriat féminin à la sauce scoutisme
Permettre aux jeunes filles d’affirmer leur leadership et leurs envies. Telle était la volonté de Olave Baden-Powell, épouse de Robert Baden-Powell, fondateur du mouvement scout. C’est elle qui a permis aux filles d’accéder au scoutisme dès 1912. Déjà à l’époque, elle enseigne aux filles à s’affirmer, à être autonomes et à participer à la société. Mais le mouvement ne s’arrête pas là.
En 2005, presque 10 ans avant l’explosion des accompagnements dédiés aux femmes entrepreneures, le mouvement scout décide alors de former davantage de jeunes filles au “leadership”. Il commence à mettre en place des séminaires au titre évocateur “Dream, Dare, Do”. Pendant plusieurs jours, des filles travaillent leur capacité à passer de l’idée à la concrétisation d’un projet, tout en réfléchissant à la posture d’un “leader” dans un groupe. L’objectif ? Permettre de prendre des responsabilités au sein de leur organisation et plus généralement au sein de la société.
Valeurs scouts et entrepreneuriat, combo gagnant ?
Autonomie, esprit d’équipe, curiosité… En plus des traditionnels softskills dont les recruteurs sont friands, le scoutisme permet de développer des compétences indispensables à tout entrepreneur. « Au niveau de l’encadrement, ça permet de se positionner. Au niveau de la diplomatie, c’est une bonne école de la vie« , affirme Carole Lefebvre, ancienne Guide de France.
Un point de vue partagé par Gael Audras, Responsable de formation pour les territoires d’Outre-mer pour l’association des scouts et guide de France. « C’est une pédagogie de projet qu’on applique dès 16-17 ans. Tu dois faire fonctionner ton camp. On apprend à analyser des situations difficiles, à prendre les bonnes décisions, à donner des ordres, à déployer des ressources pour atteindre les bons objectifs, à former et mobiliser les équipes. C’est un apprentissage du leadership à ciel ouvert« . Si tous les scouts ne deviennent pas entrepreneurs pour autant, ceux qui le deviennent se tournent en majorité vers des projets solidaires.
De scoute à entrepreneure engagée
Que ce soit au sein de leurs structures ou dans le fondement de leurs projets, une chose est sûr, les anciens scouts aiment s’engager. S’il n’est pas rare de croiser d’anciens scouts désireux de faire changer le monde, les anciennes Guides, elles, s’engagent plus discrètement.
Carole Lefebvre a toujours eu la fibre entrepreneuriale. Après avoir monté un restaurant avec son mari, elle vient de se former à une méthode de massage « Tager ». Pour elle, pas de projet sans valeur humaine « Avec les scouts, on faisait ce qu’on appelle des B.A et des missions humanitaires. Ça nous apporte un autre regard sur le monde, toujours dans le respect de l’autre. Aujourd’hui, je l’applique dans mon entreprise. Ce n’est pas parce qu’on est patron, qu’on ne doit pas respecter ses salariés. On est une équipe. On travaille tous sur un pied d’égalité. Le scoutisme a été formateur là-dessus« . Si le scoutisme enseigne le leadership aux femmes, elles sont encore peu à l’exprimer haut et fort.
Humbles, mais leadeuses dans l’âme, les anciennes scoutes sont plus que jamais engagées à apporter une vision citoyenne à l’entrepreneuriat. A l’heure où le monde du travail tend vers une quête de sens, elles pourraient bien tirer leur épingle du jeu. Ne reste plus qu’à crier haut et fort que le scoutisme et l’entrepreneuriat féminin ont un rôle à jouer.
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