Qui ne connait pas le mythe de l’entrepreneur à succès ? Chouchou des médias et des investisseurs, sa réussite fait sa renommée. Un parcours sans faute ? Plutôt des centaines d’échecs. Telle est la réalité qui se cache derrière la fiction. Comment réagir alors face à un échec ? Les entrepreneures du Grand Est donnent leurs astuces.
Et si l’échec était en réalité une réussite ? “A été viré de sa propre entreprise”, c’est Steve Jobs avant de devenir patron d’Apple. “A vécu le chômage de longue durée”, c’est le fondateur de Honda. “A été virée pour manque de talent”, c’est Oprah Winfrey avant de devenir l’une des entrepreneures et présentatrice de talkshow les plus influentes de sa génération. “En Amérique, si vous ne marquez pas d’échecs sur votre CV, c’est que vous avez raté votre expérience entrepreneuriale” s’amuse Alexandra Renaud Bernis. Alsacienne expatriée au Québec depuis 2018, elle a fondé la Slasheuse Académie.
Qu’en est-il en France ? “Mon plus gros échec m’a couté 400 000 euros”, confit Angélique, entrepreneure à Strasbourg. Discrète sur cet échec, elle préfère garder l’anonymat. La raison ? Depuis petite Angélique a apprit, comme le reste des français, à avoir honte de ses échecs. Parce qu’au delà du naufrage d’un projet, on y voit la faillite de l’individu. En France, l’échec est avant tout perçu comme quelque chose de culpabilisant, de grave ou même d’insurmontable. Pour autant, comme le cite Laura Lehmann, ancienne entrepreneure aujourd’hui Présidente de l’incubateur SEMIA : “Il n’y a pas de réussite sans échec”. Et à défaut de le crier haut et fort, les entrepreneures du Grand Est sont nombreuses à le revendiquer.
Entrepreneure, de l’échec un apprentissage tu feras !
Laura Lehmann est une ancienne entrepreneure devenue Présidente de l’incubateur Semia. Son plus gros échec ? Avoir misé tête baissée sur un partenariat professionnel. “Après plusieurs mois à travailler dessus, finalement, le partenaire s’est rétracté”. Ce que cette expérience lui a appris ? “Quand on choisi un partenaire, il faut savoir où l’on va et les moyens qu’on veut mettre en place pour y aller. Nous, on avait davantage pensé à ce que l’on voulait gagner. Ça a été mon plus gros échec mais aussi, mon plus gros apprentissage”.
Il faut dire que “l’échec, c’est un diplôme”, selon les mots de Bill Gates. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que l’échec fait partie du voyage entrepreneurial. Ce qui compte, c’est de remonter en scelle une fois tombé.
Pour réussir, les échecs tu multiplieras
“J’ai monté plusieurs entreprises qui se sont avérées être des échecs. Soit parce que, finalement, ça ne me plaisait pas ; soit parce que je n’arrivais pas à vendre. J’ai fais X tentatives et plusieurs gros échecs. Mais je savais une chose : c’était l’entrepreneuriat ou rien”. Alexandra Renaud-Bernis, fondatrice de la Slasheuse Académie, a mis en pratique l’un des slogans de la Silicon Valley : “échoue rapidement, échoue souvent”.
Un message qui fait davantage peur aux femmes entrepreneures, notamment dans les secteurs à haut risque. Selon la BPI : « 4 femmes sur 10 n’entreprendraient pas pour 3 hommes sur 10 avec comme raison principale, la peur de l’échec financier« . Pour Sandrine de Angélie, Chargée de missions au sein de la Pépinière La Maison des entrepreneurs du Grand Est : « Les femmes ont moins confiance en elles. L’échec leur fait peur aussi parce qu’elles ont davantage la responsabilité du bien être de leur foyer« . Et c’est bien dommage ! Face à l’échec, les entrepreneures sont pourtant de vraies rebondisseuses.
De persévérance, tu useras
Ne dit-on pas que les échecs forgent le caractère ? Les embuches, les femmes entrepreneures y sont habituées : dans leurs études, dans leur vie professionnelle, dans leur vie personnelle… Le parcours des femmes est donc semé d’obstacles (sexisme, auto-censure, plafonds de verre…).
Alors quand vient le temps pour elles d’entreprendre, elles se révèlent pleines de ressources. “Les femmes ont une grande capacité à rebondir, surement parce qu’elles sont davantage confrontées aux difficultés. Elles hésites moins à retenter leur chance”, explique Gérard Desmaison, Représentant de l’association 60 000 Rebonds dans le Grand Est. Ce qui expliquerait pourquoi les femmes cheffes d’entreprises ne représentent que 21,9% des redressements et liquidations judicaires, contre 78,1% pour les hommes.
Vous l’aurez compris mesdames, la nouvelle réussite se définit par l’échec. Surtout la leçon qu’on en tire. Alors, n’hésitez plus ! Mesdames, soyez fières de vos échecs.
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