Les Start-ups sont les premières à l’avoir utilisé. Les Grandes entreprises s’en méfient. Loin des clichés, le management horizontal fait de plus en plus d’adeptes dans le Grand Est. Elles le pratiquent et vous en parle.
Nathalie Grimaud n’a pas hésité une seconde quand elle a lancé Maman Digitale. “Pour moi, il n’y a pas d’autre moyen de gérer une équipe”. Ce qu’elle voulait ? Se couper du management hiérarchique “à la Papa, où le manager à des infos et dit quoi faire”. C’est avec ce type de gestion qu’elle a grandi puis, évolué dans sa carrière.
Une chose est sûre, elles sont nombreuses à ne plus en vouloir. Comme Julie Denis qui l’applique depuis des années, sans pour autant mettre un mot dessus. “J’ai été longue manager dans de grosses entreprises industrielles. Je l’ai toujours appliqué. Maintenant que je suis entrepreneure, il n’y a pas de raison que je ne l’applique plus avec mes alternants”.
Certains le nommeront management horizontal, holacratique ou même, collaboratif. Son but ? Briser la traditionnelle structure pyramidale chère au système français. Si les Startups l’adoptent de manière naturelle, plus les équipes sont grandes, plus ce type de management parait comme un appel au chaos. Pas si évident, n’est-ce pas ?
Le management horizontal est-il si chaotique ?
Une structure pyramidale serait le seul moyen d’avoir de l’ordre dans une entreprise. C’est en tout cas, l’une des croyances les plus repandues en France. Pourtant pour Anne Gaëlle Orban, fondatrice de KorpMedia à Thionville, “C’est avant tout un moyen de responsabiliser les salariés”.
Pour autant, est-il uniquement utilisable dans une petite structure ? Pour Julie Denis, pas forcément. «Quand je travaillais dans un grand groupe, j’ai été amenée à manager jusqu’à 200 personnes dans le cadre de projets internationaux et transversaux. Ce sont souvent des équipes qui viennent de différentes entreprises. Mon but était donc de les amener à travailler pour moi, tout en ayant plaisir à le faire avec moi. »
S’il est facile à mettre en place par les entrepreneurs, il devrait l’être tout autant à plus grande échelle ? Un type de management qui va dans le sens de l’évolution sociétale en matière de travail. Car ne l’oublions pas, les salariés veulent de plus en plus se sentir impliqués et trouver du sens dans leur travail. Un bon manager est alors vu comme quelqu’un d’empathique et à l’écoute. Un shéma qui favorise la productivité. Et ça, les entrepreneures du Grand Est l’ont bien compris.
Le management des entrepreneures pour gagner en productivité
Quel est le rapport entre management horizontale et la productivité ? Un salarié épanoui au travail aura une productivité de 30% supérieure. Il sera aussi, moins absent. C’est en tout cas ce que révèlent plusieurs études. Sauf qu’en cette période post-Covid, avoir un travail qui a du sens et avoir un avis qui compte sont les bases de l’épanouissement des salariés.
Pour Julie Denis, fondatrice de Librimmo Académie, le management horizontal est aujourd’hui la clé du bien-être des salariés. “J’ai eu des équipes qui se sont dépassées grâce à ça. Je leur demande souvent leur avis. Ils proposent davantage d’idées, ils se sentent impliqués. C’est important pour moi, pour co-construire ensemble”.
Nathalie Grimaud assure que “dans un système pyramidal, le manager a souvent, voire forcément, raison. Ce qui est complètement faux. Avec le management horizontal, on implique les salariés dans une décision collective”. Et de rajouter : “Je fais en sorte que tout le monde ait le même niveau d’information. Après, chacun sait ce qu’il ou elle a à faire”.
Diminuer le nombre d’intermédiaires hiérarchiques aurait donc pour avantage de fluidifier l’information. Et par extension, de gagner du temps. Attention tout de même, la mise en place d’un tel dispositif demande du temps, estime Julie Denis. « Il faut environ 2 ans pour que ça soit vraiment bien mis en place et que ça fonctionne à son maximum« .
Un management pour soulager les entrepreneures ?
Pour Julie Denis, ce type de management n’est pas seulement bénéfique pour les salariés. “Ça enlève de la charge mentale, tout en gardant de la responsabilité s’il y a un problème. Personnellement quand il y a des réussites, je félicite mes équipes. Je valorise leur travail. Au final, j’ai rarement des problèmes parce que je sais que la personne, dans son périmètre de responsabilité, va être autonome”.
Pour Anne Gaelle Orban, c’est avant tout “de traiter mes collaborateurs comme des personnes et non comme des employés. Ils nous le rendent bien”. Un moyen aussi, de donner davantage envie de devenir manager. Bien utile en cette période où l’envie de monter en grade séduit de moins en moins.
Un management horizontal qui n’a pas tardé à séduire, même les plus hautes sphères de la Région. En 2020 Sylvie Siffermann, fraichement élue sous-préfète de la région Grand Est, établissait un plan pour “réinventer le management”. A Strasbourg un cursus unique en France a vu le jour pour former les étudiants et étudiantes au “Wellness management”, ou management du bien-être.
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