Bien gérer son entreprise en période de Covid, ce n’est pas toujours simple. Parfois, il suffit d’un rien et de quelques astuces pour réussir même en période de disette. Et niveau astuces, les entrepreneuses du Grand Est regorgent d’idées.
S’adapter ou ne pas s’adapter? Tel a été le combat des entreprises pendant le Covid. Santé, nouveaux modes de travail, digitalisation, autant de contraintes qui ont demandés un fort engagement collectif et individuel.
Avec les différents confinements et la baisse de la consommation, il a été nécessaire de se réinventer, quitte à faire évoluer son modèle économique. Pour Anne-Gaëlle Philibert Orban, entrepreneuse dans la communication, le Covid a eu un effet d’aubaine : « On fait de la captation vidéo pour les commissions territoriales et dans l’événementiel. Pendant le premier confinement, on a monté une régie mobile pour être beaucoup plus flexible. Ça a cartonné donc on a décidé de le mettre en place de façon pérenne ».
Un sentiment que partage Malika El Ouardani, 2e femme cheffe d’entreprise du bâtiment dans le Grand Est “Quand le Covid est arrivé, j’ai tout de suite décidé de mettre en place des protocoles qui n’existaient pas encore mais qui sont aujourd’hui utilisés. Ça nous a permi d’obtenir facilement des contrats face à des entreprises qui n’avaient pas prévus”.
La réactivité, un mot-clé pour faire face aux crises et bien gérer son entreprise
Le Covid a profondément modifié notre rapport à l’imprévu. Du jour au lendemain, il a fallu changer complètement un modèle établi depuis longtemps pour certain ou modifier un projet longuement réfléchi depuis plusieurs mois pour d’autres.
Malika El Ouardani venait tout juste de co-créer son entreprise au moment des annonces du 1er confinement. Un projet mûri depuis 2019 : “On venait d’entamer notre procédure de recrutement. On a choisi de compresser la masse salariale en ne recrutant qu’une personne au lieu de trois, pour pouvoir quand même assurer les chantiers. Puis on est parti à la conquête du marché. Finalement, ça nous a permi de nous développer plus que ça nous a contraint”.
La pandémie, la conjoncture économique ou encore les fluctuations des marchés, nous vivons dans un monde où tout change vite et se développe à vitesse exponentielle. Mais quand on est lancé à grande vitesse, il est parfois difficile d’anticiper les obstacles.
Pour tendre vers l’entreprise de demain, il faut désormais étudier toutes les perspectives, envisager des solutions aux problématiques inexistantes, avant de se retrouver dans l’impasse. Alors on parle de la digitalisation. Communiquer plus facilement serait la clé de la rapidité. Pourtant à parler des problématiques, on en a oublié de se concentrer sur les atouts et l’importance de l’engagement collectif.
L’inclusion source de bien-être et de croissance
Le management dit traditionnel n’a désormais plus sa place dans les start-up. Au placard les décisions verticales et bonjour l’implication collective « Les entreprises ont encore du mal à comprendre l’importance de leurs forces vives, surtout les grandes entreprises. Mais ils ont tout à gagner à inclure davantage les équipes dans la gouvernance » explique Christine Morin, conseil en gestion d’entreprises dans le développement durable à Vélaine-en-Haye. Se sentir impliqué pour donner du sens à son travail, c’est le fer de lance de la génération Z : “ Les jeunes aujourd’hui ont besoin de savoir qu’on les reconnaît dans leur travail, qu’on les prends en compte. Ils veulent sentir qu’on les implique » a-t’elle constaté.
Un besoin qui touche désormais plus de 49% des français, depuis le premier confinement. L’inclusion comme la diversité sont des critères de plus en plus déterminants pour les salariés. Un besoin donc, qui a forcé les entreprises à faire évoluer leurs pratiques. De nouvelles pratiques managériales dites « holacratiques » ont commencé à voir le jour.
L’entreprise est désormais perçue comme auto-gouvernée. Le leadership ne se fait plus via un chef autocratique mais devient dynamique et évolue en fonction du contexte, pour donner la parole à l’ensemble. Au delà du bien être au travail, ça peut être un vrai atout pour les entreprises.
Aujourd’hui, devant le chiffre d’affaires et les bénéfices, se sont désormais des critères de performance des entreprises : « Sur les ressources humaines, les entreprises qui font attention à ses critères peuvent gagner jusqu’à 10% de bénéfices financiers ». Un avis partagé par 80% des DRH interrogés dans le cadre de l’étude de la Fondation Deloitte.
Les chartes éthiques pour favoriser l’attractivité
Avec le Covid et les problèmes liés au réchauffement climatique, de plus en plus d’entreprises questionnent leurs pratiques « Depuis le confinement, on a davantage d’entreprises qui nous ont contactées pour changer leur business model » constate Christine Morin.
Une évolution des mentalités qui va de pair avec l’évolution des règlementations. Et pour les entreprises qui ont anticipé, le bénéfice est clair « Dès la création de mon entreprise en mars 2020, je tenais à avoir une dimension éthique. J’ai mis en place des mesures Covid et en parallèle une charte éthique pour le recyclage de nos déchets industriel. Ça nous a permi d’obtenir de gros contrats” explique Malika El Ouardani, entrepreuneuse dans le revêtement des sols à Forbach.
Si certains le fond de manière volontaire, d’autres souhaitent s’y contraindre. On appelle cela des entreprises à mission. Développées dans les pays scandinaves, il en existe actuellement moins de 200 en France. L’objectif est de faire évoluer son business model à l’aide d’un cahier des charges respectueux du social et de l’environnement.
La pandémie a mis l’accent sur les fragilités de notre système mais, il a également permi de créer une dynamique. Les entreprises qui ont réussi à s’adapter ont commencé à dessiner les lignes d’un nouveau modèle de gestion, plus réactif, où le collectif est devenu force de développement.